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Renaud Lavillenie
(g) réconforté par son entraîneur après avoir échoué pour le titre de la perche aux Mondiaux d'athlétisme le 12 août 2013 à Moscou
La passion a guidé Renaud Lavillenie jusqu'aux sommets, mais elle n'a pas suffi pour permettre à ce perchiste de poche, allergique à la défaite, de conquérir le seul titre qui lui manque aux Mondiaux de plein air lundi à Moscou.
A la surprise générale, l'Allemand Raphael Holzdeppe a privé l'immense favori d'un formidable Grand Chelem.
Médaillé d'argent, après avoir conquis le bronze lors des deux éditions précédentes (2009, 2011), Lavillenie devra donc encore attendre pour ajouter le titre mondial en plein air à son incroyable palmarès: champion olympique en titre, champion du monde en salle en titre et champion d'Europe en titre (plein air et salle).
"C'est encore une médaille, je suis sur tous les podiums depuis 2009, le travail paie", a-t-il déclaré après la finale, mais cette 2e place risque d'avoir un arrière-goût amer pour cette homme ambitieux et sûr de sa force, au point d'apparaître parfois très fier de lui-même.
"Je suis animé par la perche purement par passion, pas par la destinée d'être champion et de vouloir gagner", assure cependant Lavillenie, né en Charentes il y a bientôt 27 ans mais qui a pris son envol en Auvergne, à Clermont-Ferrand.
La perche, cette passion dévorante et marque de fabrique de la famille Lavillenie, où l'on pratique la discipline de génération en génération. Il y avait le grand-père qui entraînait le père; il y a de nos jours Renaud bien sûr, mais aussi Valentin, le petit frère, dernier de la finale à Moscou avec trois échecs à 5,50 m.
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La déception de Renaud Lavillenie
après son 3e essai manqué à 5,96 m aux Mondiaux d'athlétisme le 12 août 2013 à Moscou
Pudique
Et quand d'autres font un simple barbecue en famille le dimanche après-midi, les Lavillenie, eux, l'agrémentent d'un dessert relevé, avec un concours de perche sur le sautoir installé dans le jardin de Renaud.
La passion de son sport est d'ailleurs si prégnante qu'il a du mal à se dévoiler plus intimement.
"L'homme dans la vraie vie, c'est compliqué à décrire, je ne vais pas dire que je suis bordélique quand même", sourit-il en pensant à ce que dirait sur le sujet sa compagne Anaïs Poumarat, perchiste également. "Alors on va dire que je suis plutôt joyeux, plutôt optimiste dans tous les domaines".
Lui, si bavard sur le sujet +perche+, se montre très discret, et même pudique, sur sa vie hors des tartans.
"Je suis une pile qui ne se décharge jamais. Dans la vie, je vais toujours avoir l'envie de gagner. Pour la moto, le tennis, le basket, la piscine, le ping-pong. Dès que je fais quelque chose je me mets à fond", explique simplement le champion olympique, qui a disputé les essais qualificatifs du Bol d'Or en avril.
L'envie de gagner, encore et toujours.
C'est l'autre caractéristique de Lavillenie, dont le gabarit (1,77 m, 69 kg) nécessite un engagement sans faille, que sa vitesse de course, supérieure aux autres, permet de sublimer.
"Au moins jusqu'en 2020"
Il n'y a qu'à voir son visage se fermer les soirs de défaite, pour comprendre que l'homme souffre terriblement dans ces - rares - moments.
En clair, Lavillenie, qui ne manque jamais de rappeler sa fierté de représenter le pays, est à l'opposé de ce qui a longtemps constitué le mal français en sport: la peur de gagner.
Mais il n'est pas imperméable à la pression. Sa victoire aux JO l'an passé l'a d'ailleurs libéré.
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Renaud Lavillenie
lors du concours du saut à la perche des Mondiaux d'athlétisme le 12 août 2013 à Moscou
"Je suis plus détendu depuis. Avant les Jeux, il y avait la pression parce que je n'avais pas le droit de perdre. J'ai toujours eu confiance en moi, mais ça m'a permis de prendre plus d'assurance dans ce que je fait, de libérer les choses. Derrière on n'a plus cette pression de se dire: je n'ai pas de titre majeur. Ca libère en tout", reconnaît-il.
Prêt à sauter "au moins jusqu'en 2020", voire jusqu'aux JO-2024 s'ils ont lieu en France, Lavillenie a encore quelques années devant lui pour enfin arracher ce titre mondial en plein air qui se refuse à lui.