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Le Sénégalais Lamine Diack, président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) pendant plus de 15 ans, passe mercredi à Pékin le témoin à 82 ans, après avoir joué avec succès sur plusieurs terrains durant sa longue carrière.
Avec la retraite du premier dirigeant africain de l'histoire de l'IAAF, c'est un des derniers caciques du monde sportif qui quitte la scène, en attendant le départ effectif de Joseph Blatter de la Fédération internationale de football l'an prochain.
Sauteur en longueur sous le maillot de l'équipe de France, puis joueur de football -sa passion- et DTN de l'équipe du Sénégal, le pays ayant accédé à l'indépendance en 1960, M. Diack a ensuite mené en parallèle des activités de politicien et de dirigeant sportif national puis international.
On le retrouve ainsi président du Comité national olympique, maire de Dakar, parlementaire et...vice-président de l'IAAF.
A la mort subite de l'Italien Primo Nebiolo, il est propulsé à la tête de la Fédération internationale par acclamations en décembre 1999.
"Devenir président de l'IAAF n'a jamais été un objectif ou une ambition. J'ai toujours désiré servir le sport au mieux de mes possibilités", confie M. Diack à l'AFP.
- Premier africain -
Il aura été le premier président non-européen, et surtout précurseur africain, de l'institution gérant le premier sport olympique, dont le continent noir est la force émergente.
"Il a une analyse politique et pas une vision purement sportive. Cette vision stratégique lui a permis de revitaliser l'athlétisme, qu'il a réussi à sauver sur le plan financier, notamment en trouvant des partenaires qu'il est allé chercher en Asie. Il a su élargir le champ de l'athlétisme. Il y a une dimension universelle propre à l'athlétisme, encore faut-il aller au-delà de la pratique", explique Bernard Amsalem, membre du conseil de l'IAAF, le gouvernement de l'instance.
Ainsi, depuis les Championnats du monde d'Osaka (Japon), en 2007, la compétition bisannuelle se déroule alternativement en Europe (Berlin/2009, Moscou/2013, Londres/2017) et en Asie (Daegu/2011, Pékin/2015, Doha/2019).
"Quand je suis devenu vice-président de l'IAAF, en 1976, le gros challenge était de démocratiser l'institution et développer l'athlétisme dans le monde à partir de son noyau historique d'Europe et d'Amérique du Nord", souligne le président partant.
- Universel -
Et de rappeler: "En 2015, avec 214 fédérations nationales, chacune ayant un vote au congrès, je pense que nous avons réalisé cet objectif. Aux jeux Olympiques et aux Mondiaux, aucun autre sport ne produit autant de pays finalistes et de médaillés. J'ai toujours été fier de ce que l'athlétisme est le plus universel des sports."
Sur le plan comptable, les recettes de télévision et de sponsoring se sont élevées en 15 ans à plus d'un milliard d'euros et les réserves financières de l'IAAF, basée à Monaco, sont d'environ quelque 60 millions d'euros.
Inévitablement, alors que son règne se termine, un certains nombres d'affaires sont apparues, éclaboussant ses proches et ternissant son bilan.
Son fils, Pape Massata Diack, chargé de mission marketing au sein de l'IAAF, a été contraint de quitter l'instance, accusé d'être impliqué dans une affaire de corruption visant à couvrir des cas de dopage en Russie.
Le trésorier de l'IAAF, et président de la fédération russe Valentin Balakhnichev, n'a pas non plus résisté au scandale.
Le dopage, justement, étend toujours son ombre sur l'athlétisme, malgré de réelles avancées dans la lutte sous sa présidence.
"Le dopage est un fléau et, je n'ai cessé de le rappeler. Dès lors que les gens ne croient plus à ce qu'ils voient, le sport est mort", rappelle M. Diack à l'AFP.
Mais le vieux lion n'est pas homme à regretter. Il quitte la scène sans avoir vu un Mondial organisé en Afrique -une chimère encore-, mais surtout aux États-Unis, pourtant la première puissance athlétique de la planète. Il aura néanmoins réussi à faire attribuer les Mondiaux-2021 à Eugene (Oregon).