Happy Birthday : |
Encore une épreuve du feu pour le nouveau patron de l'athlétisme, le Britannique Sebastian Coe : la commission d'enquête de l'Agence mondiale antidopage (AMA) publie jeudi la deuxième partie très attendue de son rapport, deux mois après un premier volet explosif sur le dopage et la corruption autour des athlètes russes.
Qui sera cette fois-ci sur le banc des accusés ? Le Kenya semble au centre des soupçons: "Il est clair qu'il y un problème au Kenya", a lâché récemment le président de la commission d'enquête indépendante, le Canadien Dick Pound. Lequel a également fait monter la pression sur les responsables de l'IAAF, dans des termes particulièrement violents: "Il faut voir comment certaines de ces ordures ont agi, (...) rarement j'ai vu des présidents de fédération sportive aussi impliqués dans la corruption", a-t-il accusé le 8 janvier en parlant d'un scandale "pire" que celui du football et la Fifa.
Pound donnera une conférence de presse à Munich (Allemagne) à partir de 14h00 GMT pour présenter les conclusions de son rapport. Dans la foulée, Eliane Houlette, patronne du parquet national financier français, fera le point sur l'enquête française qui a mis en cause le prédécesseur de Coe à la tête de l'IAAF, le Sénégalais Lamine Diack.
Le patriarche de 82 ans, auquel Coe a succédé en août après 15 ans de règne, est doublement mis en examen: pour corruption passive et blanchiment aggravé, et pour corruption.
Il est soupçonné d'avoir reçu un million d'euros dans le cadre d'un système de chantage organisé où des athlètes, notamment russes, étaient rançonnés en échange de la dissimulation de leurs contrôles antidopage positifs.
Selon une source proche de l'IAAF, la commission indépendante de l'AMA pourrait préconiser la radiation à vie du cacique sénégalais jeudi.
- Diack père et fils -
Son fils, Papa Massata Diack, est lui aussi accusé d'avoir trempé dans ce système de chantage et de corruption. Le 7 janvier, il a été radié à vie par l'IAAF en compagnie de Valentin Balakhnichev, ancien trésorier de l'IAAF et ex-président de la Fédération russe d'athlétisme, et Alexei Melnikov, ex-entraîneur de l'équipe de marche de Russie.
Tous sont soupçonnés d'avoir "conspiré pour extorquer ce qu'on peut qualifier de pots-de-vin au moyen d'actes de chantage" à des athlètes dopés, selon la commission d'éthique de l'IAAF. En clair, d'avoir reçu de l'argent en contrepartie de la couverture de faits de dopage, principalement en Russie.
En parlant des "ordures" de l'IAAF, Dick Pound visait-il aussi Sebastian Coe et son adversaire malheureux à la présidence de l'IAAF, Serguei Bubka ?
Dans un réquisitoire au Times, le 8 janvier, le Canadien n'épargnait pas le double champion olympique du 1500 m (1980 et 1984) et la légende de la perche ukrainienne, ex-vice présidents de l'IAAF: "Coe et Bubka étaient là. (...) Et ils ont eu l'occasion il y a bien longtemps de s'emparer des problèmes", avait accusé l'ancien avocat.
"Le problème est simple", a rétorqué Coe mercredi, auprès de CNN et Sky, à Londres: "Tous les résultats (sanguins) anormaux ont-ils été étudiés ? Oui ! Des sanctions ont-elles été prises et rendues publiques ? Oui ! Y-a-t-il eu dissimulation ? Non", a-t-il martelé.
Concrètement, la commission de l'AMA va présenter ses conclusions sur une base de données de 12.000 échantillons sanguins prélevés par l'IAAF entre 2001 et 2012 sur 5000 athlètes. Ces mêmes tests sanguins à partir desquels la chaîne allemande ARD et le Sunday Times britannique avaient affirmé en août, juste avant les Mondiaux de Pékin, qu'un tiers des 146 médaillés aux jeux Olympiques et aux championnats du monde sur cette période 2001-2012 présentaient des "résultats suspicieux". Parmi eux, 18 Kényans.