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© AFP/Jenny Vaughan
L'ancien athlète éthiopien Haile Gebreselassie, le 20 octobre 2013 à Hawassa
Pour rester en forme à 40 ans, la recette est simple selon Haile Gebreselassie, ex-empereur de l'athlétisme éthiopien: l'important ce ne sont pas les jambes mais l'esprit, et la capacité à "accepter la douleur".
"Il faut trois choses: de la discipline, de la détermination et du travail", a expliqué "Gebre" dans un entretien à l'AFP, chez lui, à Addis Abeba. C'est cette discipline qui le pousse à s'entraîner encore deux fois par jour, avec 35 km en moyenne à son compteur.
Mais avec l'âge, ces charges de travail sont de plus en plus difficiles, et la douleur s'impose. D'où la nécessité de se battre malgré les problèmes physiques et la lassitude mentale.
Pour le double champion olympique du 10.000 m, quatre fois champion du monde sur cette distance et 27 fois détenteur d'un record du monde dont deux fois sur marathon, "un des secrets, c'est d'accepter la douleur".
"Sans douleur, il n'y a pas de progrès", insiste-t-il.
Pas de régime alimentaire pesé au milligramme. Malgré sa richesse relative, amassée au gré de ses victoires sur la piste et sur le macadam, il mange toujours "ce que les gens normaux mangent", dans son pays. Et il fuit les plats préparés, version occidentale.
"Le régime Haile", c'est une espèce de crèpe fermentée bourrée de fer et de minéraux, et beaucoup de viande crue, très maigre.
Courir à l'école
Son pays, l'Ethiopie, fournit aussi le lieu d'entraînement idéal, avec son climat tempéré et son altitude élevée. "Le meilleur endroit pour s'entraîner c'est bien sûr l'Ethiopie", insiste Gebre, qui entame presque chaque journée en partant courir dans les vertes collines qui entourent la capitale éthiopienne.
Universellement considéré comme l'un des plus grands athlètes de tous les temps, Gebreselassie n'est concurrencé dans son pays que par Abebe Bikila , "le coureur aux pieds nus", vainqueur du marathon olympique de Rome en 1960.
Comme lui, et comme beaucoup d'autres coureurs éthiopiens, il a commencé à courir enfant, pieds nus, pour faire les 20 km aller-retour entre son village et son école. D'où sa préférence pour la distance du 10.000 m, qui lui rappelle ces voyages quotidiens pour aller en classe.
Même s'il approche de l'âge de la retraite sportive, il continue à courir en compétition, avec des plus jeunes. En septembre il a terminé 3e, juste derrière son compatriote Kenenisa Bekele et le Britannique d'origine somalienne Mo Farah , du semi-marathon de Newcastle, dans le nord de l'Angleterre.
"L'âge, c'est juste un chiffre"
Et Gebre ne montre aucune volonté de raccrocher les pointes: il va courir les 15 km de la course des sept collines, aux Pays-Bas, en novembre, puis ce sera encore un semi-marathon.
"C'est très dur de battre un record du monde maintenant, (...) mais je veux encore montrer aux jeunes ce que ça signifie de courir. L'âge, ce n'est qu'un chiffre. Si tu penses que tu es vieux, si tu te dis que tu es vieux, si tu es vieux mentalement, alors tu es vieux physiquement", insiste-t-il avec un large sourire.
Pour les années à venir, Gebreselassie envisage une autre course, pour gagner sa place de député au parlement éthiopien, en 2015, en tant qu'indépendant. Afin de rendre au pays ce que celui-ci lui a donné.
Si l'Ethiopie se développe rapidement, cette croissance n'est pas encore suffisante et il aimerait voir des progrès "à la vitesse d' Usain Bolt ", le recordman du monde du 100 m.
Quel que soit son avenir, Gebre n'entend pas se laisser aller et se retrouver avec un petit ventre de quinquagénaire: "Je ne pourrai pas m'arrêter de courir, courir fait juste partie de ma vie".