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Ancien roi du demi-fond, parfaite synthèse entre résistance et vitesse, autrefois homme politique, patron des Jeux de Londres, Sebastian Coe a continué d'enchaîner les succès en devenant mercredi à Pékin le sixième président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).
Comme sur la piste, le Britannique, âgé de 58 ans, est resté le maître, face à une autre légende de l'athlétisme, l'ex-perchiste ukrainien Sergueï Bubka et ses 35 records du monde.
Portant l'étendard de Londres, le médaillé d'or du 1500 m aux Jeux de 1980 et 1984 avait déjà soufflé à Paris, grande favorite, l'organisation des JO-2012.
Député conservateur de 1992 à 1997 de Falmouth (Cornouailles), puis à la tête du comité d'organisation des derniers Jeux, le successeur de Lamine Diack s'est aussi montré redoutable en coulisses et homme d'affaires avisé.
- Quasiment parfait -
Jusqu'à présent, ce fils d'une famille de la classe moyenne, dont le père ingénieur fut aussi son entraîneur, a donc réussi le parcours quasi parfait.
Mais c'est évidemment dans les labours des cross et sur le tartan que le jeune Sebastian s'est révélé et construit. Petit gabarit doté de cuisses puissantes, une morphologie qui rappelle le grand danseur et chorégraphe Vaslav Nijinsky, Coe a symbolisé la domination britannique sur le demi-fond mondial à cheval sur les années 1970 et 1980.
Avec Steve Ovett , son aîné d'un an et ennemi juré, et le plus jeune Steve Cram , Coe a porté haut l'Union Jack et mis à l'honneur le mile (1.609 m).
Deux fois en argent sur 800 m lors des JO 1980 et 1984, Coe était devenu en 1979 le premier athlète à détenir à la fois les records du monde des 800, 1500 m et du mile (1609 m), exploit inégalé.
Vice-président de l'IAAF depuis 2007, il n'avait pas fait mystère ces deux dernières années de son ambition de recouvrir la plus haute fonction au sein de l'institution basée à Monaco.
- Haute idée -
Car Coe se fait une haute idée du premier sport olympique, qu'il a superbement servi comme athlète. Et quand, fin juillet, la chaîne publique allemande ARD et le journal britannique The Sunday Times ont avancé qu'un tiers des médaillés mondiaux ou olympiques, entre 2001 et 2012, présenteraient des valeurs sanguines suspectes, il a vu rouge.
S'érigeant en défenseur de l'athlétisme, Coe a évoqué une "déclaration de guerre". Et de rappeler: "C'est nous qui avons montré la voie de l'antidopage. En tant que sport, c'est nous qui avons tracé le chemin des tests hors-compétition, des laboratoires accrédités. Suggérer que d'une certaine façon nous avons au mieux laissé faire et au pire été complices en couvrant le phénomène, n'est confirmé en rien par notre action lors des 15 dernières années", a-t-il déclaré à la BBC.
Pour gagner l'épreuve de fond contre Bubka, Coe a accompli, depuis décembre et l'officialisation de sa candidature, un périple de quelque 700.000 km au-dessus des continents.
"Je n'ai pas honte de le dire: l'athlétisme est le premier sport", a lancé le nouveau président.
Il aura quelques jours pour souffler à Pékin: il ne prendra officiellement ses fonctions que le 31 août, au lendemain de la fin des Mondiaux dans la capitale chinoise.
Une seule fois avant lui, l'IAAF avait été dirigée par un champion olympique: David Cecil, sacré sur 400 m haies en 1928 à Amsterdam.
Mercredi, Coe s'est justement référé à son compatriote, plus connu sous le patronyme de Lord Burghley, et par ailleurs sixième marquis d'Exeter, qui fut aux commandes de l'IAAF de 1946 à 1976.
"Lord Burghley a été avant moi, président du comité d'organisation des JO de Londres, ceux de 1948", a rappelé à propos Lord Coe. Comme si le marquis avait inspiré son parcours.