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Alors que 2016 marque son grand rendez-vous avec les Kényans et les jeux Olympiques sur 3000 m steeple, Mahiédine Mekhissi prépare aussi l'après-athlétisme, calme et serein, avec un diplôme en management sportif à l'université de Reims.
"Blessé, je me suis rendu compte que je ne savourais pas assez mes victoires, mes médailles, les bons moments. Je me suis dit: +Merde: si ça s'arrête demain à cause d'une blessure, il faut des bagages, il faut des diplômes. Se construire pour assurer l'avenir.+ Avant, je ne me posais pas cette question".
En stage début janvier avec l'équipe de France en Afrique du Sud à Potchestroom, l'homme Mekhissi, comme souvent, est à mille lieux du "guerrier" qui dévore les tartans au plus haut niveau depuis 2008.
"Les gens ont une fausse image de moi. Dans un stade, on va au combat, je ne suis pas le Mahiédine de tous les jours. Les gens n'arrivent pas à l'assimiler. Je trouve ça triste parce qu'après ils viennent vers moi mais ils ont parfois peur de m'aborder. Mon caractère et mon tempérament c'est ma force: sans ça je n'aurais pas le même palmarès", analyse-t-il.
- Loin des pistes -
Le double vice-champion olympique du 3000 m steeple a vécu une année 2015 charnière, dans sa vie d'athlète comme dans sa vie d'homme, alors qu'il fêtera ses 31 ans le 15 mars.
Un recul forcé de l'athlétisme, qui est "tout pour lui", avec une opération au talon puis une blessure au tendon d'Achille qui l'ont tenu éloigné des stades.
"Après l'opération début avril, je suis resté soixante jours tout seul à Doha. J'ai serré les dents. Ce n'était pas facile", relate Mekhissi, les yeux embués par ce souvenir douloureux.
Une douleur décuplée par sa glissade, en mai, et une mauvaise réception sur son pied droit qui recommençait à fonctionner.
"C'est comme si on m'avait mis un coup de massue. Moralement c'était dur, ce n'était pas la même blessure".
Alors, Mekhissi a pris le temps de réfléchir à sa vie.
"Quand on est au sommet, il y a des choses qu'on ne voit pas. Moi, là, j'étais un homme blessé, au garage, mis de côté. On apprend qui compte vraiment, qui sont nos proches et nos amis, on se pose beaucoup de questions", relate-t-il.
"Depuis que je peux recourir, j'ai retrouvé une saveur perdue. Je vois l'athlé autrement, je relativise. Cette coupure c'est un mal pour un bien. Je me suis enrichi humainement".
- Friand d'histoire -
Mekhissi en a profité pour prendre en mains sa vie hors des pistes. "Je me suis fiancé l'été dernier, ça faisait cinq ans que j'étais avec ma compagne mais on n'avait jamais le temps. L'athlé prend tout. Et je pense à fonder une famille".
L'athlète a aussi décidé de reprendre le chemin des études.
"Depuis septembre, je suis inscrit à l'université de Reims, pour un diplôme de manageur des clubs. Ce n'est pas que pour l'athlétisme mais pour tous les sports. Ce que je veux quand j'arrêterai, c'est être dans le sport".
Et le si discret Mekhissi, hors tartan, de dévoiler un autre visage: "Je veux faire profiter les gens de mon expérience, j'aime bien échanger, partager. Je prends la parole. Parfois le prof me dit +Mahiédine on aimerait bien t'entendre+. Ça me fait plaisir", sourit-il.
Il envisage ensuite de passer ses diplômes d'entraîneur: "manager, entraîneur, quand tu as ces deux diplômes avec mon palmarès, ça suffit".
Le fondeur a déjà mis la théorie en pratique: "j'entraîne des jeunes amateurs en ce moment dans un club à Reims. Et c'est un plaisir".
L'élève Mekhissi avoue lire beaucoup, plutôt des livres d'histoire dont il est friand.
"J'essaie de comprendre le présent. Je me demande comment c'était avant, comment on a fait pour en arriver là. Si on veut avoir son opinion, il faut apprendre par soi-moi-même. Lire des livres, avoir plusieurs avis".
Le recordman d'Europe du 3000 m steeple (8:00.09) espère effectuer sa rentrée sportive en mai à Doha ou à Eugene (Etats-Unis).
"Je ne serai pas à 100% mais il me faut enchaîner les courses pour retrouver confiance. Pour Rio, il faut positiver".