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© AFP/Ian Macnicol
Le Français Bob Tahri (c) à son arrivée victorieuse du 3000 m aux Chammionnats d'Europe par équipes le 23 juin 2013 à Gateshead (Angleterre)
Bouabdellah Tahri , médaille de bronze du 3000 steeple aux Mondiaux 2009 à Berlin, a entamé à 34 ans la seconde partie de sa carrière, désormais sans la contrainte traumatisante des barrières, pour aller au bout de son éclectisme sur piste.
Après avoir failli par manque de train sur 1500 m samedi à Birmingham (4e), le Mosellan d'origine algérienne sera au départ jeudi du 5000 m de la réunion de Lausanne (Suisse), en quête des minima (13:13.50) pour les Mondiaux de Moscou (10-18 août).
Il était sur le point de décrocher ceux du 10.000 m, le 30 mai à Eugene (Etats-Unis), quand il s'était tordu la cheville gauche et donné une lésion au mollet en heurtant la lice peu avant le 6e kilomètre.
En dépit de ce nouvel accroc, +Bob+ a pourtant été dans les temps du Championnat d'Europe par équipes, les 22 et 23 juin à Gateshead (Angleterre). "Trois jours seulement après avoir remis les pointes", il a terminé 2e du 3000 m, derrière le double champion olympique britannique Mo Farah , et remporté le 5000 m.
Opéré au tibia gauche en septembre 2011, Tahri avait regardé les JO de Londres à la télévision. Ce coup dur avait hâté le changement de cap. Foin du steeple. Le Messin court dorénavant en plat, pour explorer ses limites sur 5.000 et 10.000 m.
"Psychologiquement, ça m'a remobilisé. J'ai traversé des moments très difficiles et pris conscience que tout dépend de moi. Je veux être acteur et ne plus subir. Il y a eu des épreuves que j'ai mal gérées (...) J'ai fait le deuil de (mon) passé", explique l'athlète, souvent au pied du podium aux Mondiaux et aux JO. "Tout dépend de ce que j'ai dans le coeur et dans le corps. Là j'ai la +caisse+".
Registre
"Longtemps il s'est préparé pour le 3000 m steeple. C'était une forme de frustration tant il a un registre étendu, du 1500 au 10.000 m. Il adore la course et voir d'autres horizons l'a probablement remotivé. Ce qui est remarquable, c'est sa motivation après tant d'années au haut-niveau. C'est pourtant un sport usant pour les tendons, les muscles", rappelle Jean-Michel Dirringer, son entraîneur de toujours, qui le suit désormais à distance.
Ces dernières années, Tahri a multiplié les stages en altitude, de Font-Romeu (Pyrénées-Orientales) à l'Afrique du Sud, précurseur pour aller se frotter aux Kényans et Ethiopiens sur leurs hauts plateaux. "Nomade, ascète? Ce qui caractérise Bob, c'est de se mettre dans le dur", remarque Philippe Dupont, manager du demi-fond tricolore. remarque
Si les dizaines de milliers de km de préparation ont asséché son grand corps (1,91 m), ils ont aussi abrasé une sensibilité à fleur de peau.
© AFP/Ian Macnicol
Le Français Bob Tahri (c) à son arrivée victorieuse du 3000 m aux Chammionnats d'Europe par équipes le 23 juin 2013 à Gateshead (Angleterre)
Alors, pour donner le change, le Lorrain aime à afficher les maximes, du nietzschéen "Tout ce qui ne tue pas rend plus fort" au plus courant "qui peut le plus peut le moins". Il s'est forgé la sienne -"entraîne-toi dur sinon reste à la maison"-.
"Aller à l'usine aussi, c'est dur", relativise-t-il, alors que les hauts-fourneaux mosellans se sont éteints. Et de conclure: "La souffrance, c'est mon amie. C'est mon quotidien".