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Les deux favoris des épreuves de haies hautes de l'Euro-2014 d'athlétisme de Zurich, les Français Cindy Billaud et Pascal Martinot-Lagarde , partagent depuis quelques mois le même entraîneur, Giscard Samba, qui essaie de les "imprégner de la rythmique" de leur discipline.
Porté au plus haut niveau par Patricia Girard jusqu'à l'hiver dernier, Pascal Martinot-Lagarde a choisi l'+écurie+ Samba juste après sa médaille d'argent aux Mondiaux en salle de Sopot (Pologne), en mars dernier. L'idée était de rejoindre le groupe d'entraînement de son frère Thomas, également sélectionné pour Zurich et l'un des meilleurs français de la discipline.
Mais +PML+ s'est aussi rapproché au passage de Cindy Billaud , la meilleure hurdleuse française depuis l'année dernière.
Depuis, les deux font la paire sur la piste: Pascal Martinot-Lagarde a établi un nouveau record de France du 110 m haies en 12 sec 95/100e, et Billaud a égalé en 12.56 celui de Monique Ewanjé-Epée, qui date de 24 ans, sur 100 m haies!
"On essaie de créer une musique", explique Giscard Samba. "J'essaie de les imprégner d'une certaine rythmique, afin qu'ils puissent la reproduire seuls ou en compétition", détaille le technicien établi à Créteil.
- 'Mode shadow' -
L'entraîneur a notamment invité Billaud à courir en "mode shadow", comme dans un jeu vidéo transposé au monde réel.
"L'idée est de courir contre son double, un adversaire fictif qui serait soi-même au meilleur niveau. C'est une confrontation imaginaire qui permet de travailler tous les paramètres".
Le cadet des Martinot-Lagarde et Billaud s'avancent donc nourris de cette ritournelle qui leur permet jusqu'à présent de faire abstraction de la pression grandissante.
"Ce n'est pas tous les jours facile d'avoir le statut de favori. Connaître sa partition permet d'éviter d'être dans l'émotion", complète Samba.
Sa méthode n'est toutefois pas aussi intransigeante que pourrait l'être celle appliquée dans un conservatoire de musique. Les athlètes doivent aussi s'émanciper.
"Il s'agit de donner un cadre à leur nature profonde. Le but est de les orienter, pas de les canaliser", image-t-il.
Billaud s'avance donc à Zurich, "en pleine confiance", forte de sa régularité et de sa justesse technique.
"Etre favorite ne change rien car tant que je n'ai pas gagné...", sourit la Française.
Ces dernières semaines, Billaud s'est entraînée sur des distances plus longues afin de réduire ses fautes techniques en fin de course.
"J'étais pressée de finir, alors que je dois garder le cap tant qu'on n'a pas passé la dernière haie", relate-t-elle.
Alors que sa finale est programmée mercredi soir, Billaud aura une journée d'avance sur Pascal Martinot-Lagarde , dont le grand rendez-vous est programmé le lendemain, jeudi soir.
De quoi susciter une certaine émulation entre les deux spécialistes.
"C'était la même chose à Sopot", se souvient +PML+. Billaud avait pris la quatrième place de la finale mondiale la veille de sa médaille d'argent.
"Elle m'avait donné son adrénaline et c'est important. Parce que si ton partenaire d'entraînement est en forme, ça veut dire que toi aussi tu l'es, puisque tu as grosso modo suivi le même protocole d'entraînement", explique +PML+.
A l'inverse, Martinot-Lagarde devra bien vite plonger dans sa bulle si une fausse note venait troubler le récital de Billaud. La mélodie du bonheur est à ce prix.