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Haut fonctionnaire méconnu d'une région de la Volga, Dmitri Chliakhtine a pris les rênes de la Fédération russe d'athlétisme (Araf) avec une mission difficile: faire en sorte que les athlètes russes, dans la tourmente du scandale du dopage, puissent participer aux JO de Rio.
Elu président de l'Araf à la surprise générale en janvier, cet homme de 48 ans estimait alors que la Russie avait "50% de chances d'aller aux JO" de Rio et qu'il fallait faire "augmenter ces chances jour après jour".
Aujourd'hui, cet ancien coureur de demi-fond de bon niveau assure être plus optimiste mais refuse de donner des détails sur les progrès réalisés depuis son arrivée et sur le travail restant à effectuer.
"Le processus a commencé, peut-être pas aussi vite qu'on aurait voulu. Bien sûr, nous avons beaucoup à faire mais beaucoup a déjà été réalisé", explique Dmitri Chliakhtine à l'AFP.
"Dire à quelle étape nous sommes désormais serait biaisé et faux", poursuit l'ancien responsable des Sports de la région de Samara (centre) durant les trois dernières années.
En mars, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a reconnu que la Russie avait fait de "considérables progrès" depuis la publication en novembre d'un rapport par une commission indépendante de l'Agence mondiale antidopage (AMA) dévoilant un "système généralisé" de dopage en Russie.
- Encore du travail -
A la suite à cette publication, l'AMA avait déclaré l'Agence russe antidopage (Rusada) et le laboratoire moscovite antidopage non conformes au Code mondial antidopage et l'IAAF avait suspendu la Russie de toute compétition d'athlétisme.
Rune Andersen, chef de l'unité chargée d'instruire le dossier pour l'IAAF, a néanmoins assuré à l'AFP "qu'un travail considérable devait encore être fait pour (atteindre) les conditions de réintégration" de l'Araf dans l'athlétisme mondial.
L'IAAF doit effectuer prochainement une nouvelle visite à Moscou, avant un conseil extraordinaire en mai où la décision sur une éventuelle participation de la Russie aux JO-2016 sera prise.
Pour Dmitri Chliakhtine, la levée de la suspension de l'Araf ne pourra avoir lieu sans un changement complet de mentalité dans l'athlétisme russe.
"Nous avons besoin d'une approche complètement nouvelle", affirme-t-il, ajoutant que "50 spécialistes étrangers" allaient être recrutés pour renforcer les pratiques antidopage.
"Il faut éduquer des gens complètement nouveaux, qui ne penseront plus que tout résultat nécessite dopage", précise le président de l'Araf.
Mais Dick Pound, ancien président de l'AMA et auteur du rapport indépendant sur la Russie, a comparé le mois dernier les efforts de la Russie à une "réorganisation de chaises longues sur le pont du Titanic", se disant sceptique sur une participation de l'athlétisme russe à Rio.
- Déclarations contradictoires -
"Si l'IAAF ne souhaite pas lever l'interdiction avant les jeux de Rio, aucun athlète de l'Araf ne sera autorisé à y prendre part", prévient Dick Pound dans un email à l'AFP, ajoutant que le ministre russe des Sports Vitali Moutko a tendance à "aller dans tous les sens" et multiplier les déclarations contradictoires sur les réformes en cours.
En novembre, en plein coeur du scandale, le ministre russe avait d'abord dénoncé le rapport de l'AMA et ses "faits non confirmés", avant de revenir sur ses propos et d'affirmer que la Russie "suivrait évidemment" les recommandations de l'AMA et de l'IAAF.
Mais alors que la Russie a entamé sa course contre la montre pour convaincre l'IAAF, le scandale du meldonium met de nouveau en lumière les relations troubles des sportifs russes avec les produits dopants.
Une trentaine de sportifs russes, dont au moins quatre athlètes, ont été contrôlés positifs au meldonium, un médicament réputé améliorer la résistance à l'effort et interdit depuis le 1er janvier 2016.
L'Araf a confirmé ces cas sans dévoiler les noms des athlètes concernés mais pour Dmitri Chliakhtine, ces affaires n'auront pas d'influence sur les chances russes de réintégration dans l'athlétisme mondial.
L'Araf a déclaré dans un communiqué mener une "enquête minutieuse" sur ces cas, répétant qu'elle avait averti les athlètes et les entraîneurs de l'interdiction du meldonium avant l'entrée en vigueur de cette interdiction.