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© AFP/Alexander Joe
Oscar Pistorius
, accusé du meurtre de son amie Reeva Steenkamp, au tribunal de Pretoria, le 21 février 2013
L'accusation contre Oscar Pistorius , fragilisée par les failles de l'enquête, a subi un revers supplémentaire jeudi avec l'éviction du chef enquêteur, poursuivi pour tentatives de meurtre, sans impressionner toutefois le juge qui a continué de questionner le comportement du sportif sud-africain.
Pistorius, le champion handisport de 26 ans, est accusé d'avoir tué sa petite amie, le mannequin Reeva Steenkamp, le jour de la Saint-Valentin, faisant feu quatre fois avec son pistolet sur la porte des WC de la salle de bains attenante à sa chambre où, dit-il, il croyait qu'un cambrioleur s'était enfermé.
Alors que le juge doit décider vendredi de sa remise en liberté sous caution, il "a conclu les débats du jours sans donner d'indication sur le point de savoir si Oscar Pistorius obtiendrait sa remise en liberté sous caution ou non", a souligné sa famille dans un communiqué, disant "attendre patiemment l'issue" et "son total respect de la procédure".
Les faiblesses de l'enquête ont plus que jamais été mises en lumière jeudi. La police a confirmé que son enquêteur Hilton Botha était sous le coup d'une inculpation pour tentatives de meurtre, après une fusillade en service en 2011.
Le dossier a été rouvert tout récemment et un nouveau chef enquêteur Vineshkumar Moonoo a dû être désigné en urgence dans l'affaire Pistorius. "C'est dans l'intérêt de la crédibilité de la justice", s'est félicité le parquet qui, en droit sud-africain, mène l'accusation et représente aussi la victime.
Déjà totalement déstabilisé par la défense de Pistorius mercredi, le policier incriminé avait traîné les pieds pour venir jeudi matin à l'audience, provoquant une longue suspension de séance.
© AFP/Stephane de Sakutin
Le policier Hilton Botha lors de l'audience d' Oscar Pistorius
le 19 février 2013 au tribunal de Pretoria
Pris de front par l'avocat de Pistorius, le redoutable pénaliste Barry Roux, Hilton Botha a publiquement admis les failles de son enquête.
"Je suis sûr que ça aurait pu être mieux mené", a-t-il dit, alors que les enquêteurs ont visiblement travaillé en dépit du bon sens, du pain bénit pour la défense qui a remarqué qu'ils avaient oublié de mettre des patins au pied pour ne pas souiller le lieu du crime, de vérifier les appels de l'accusé ou de récupérer une douille tombée dans la cuvette des WC.
Pure spéculation
Quant à la thèse d'une dispute entre Oscar et Reeva, "c'est de la pure spéculation", a défendu Barry Roux, critiquant des incohérences horaires dans le témoignage des voisins, et ajoutant que si son client avait voulu tuer Reeva, "il aurait pu le faire n'importe où".
"Il n'y a aucune preuve qu'il savait que c'était Reeva qui était aux toilettes", a-t-il soutenu.
© AFP/
L'athlète sud-africain Oscar Pistorius
accusé du meurtre de sa fiancée
Pistorius affirme que son amie s'est levée au moment où il était sorti chercher un ventilateur sur le balcon. En rentrant, il dit avoir entendu du bruit aux toilettes et cru à un cambrioleur. Il assure avoir réalisé que Reeva était dedans seulement après avoir fait feu à travers la porte des WC.
L'autopsie a montré qu'"il n'y avait aucune trace de la moindre goutte d'urine" dans les vessies de la jeune femme, selon son avocat. Un détail cohérent avec la séquence décrite dans la déposition de Pistorius: elle venait de se soulager quand il l'a tuée par accident.
Le juge Desmond Nair ne laissait cependant pas de s'interroger. Il a demandé pourquoi Pistorius n'a pas été troublé par le silence de Reeva quand il lui a demandé de téléphoner à la police pour signaler le cambriolage.
Il a aussi évoqué un récent incident dans un restaurant de Johannesburg en janvier, lorsque Pistorius a tiré un coup de feu en public: "Il y a des preuves que l'accusé a intrigué après le coup de feu en demandant à quelqu'un de porter le chapeau".
Le parquet a repris son instruction à charge, soulignant qu'"aucun tribunal ne pourrait croire que Pistorius a agi en état de légitime défense" et que l'accusé était "prêt à tirer et voulait tuer".
Il a aussi trouvé suspect que Pistorius ait pu se précipiter pour prendre son arme sous le lit, passant deux fois devant le côté où son amie était censée dormir sans la voir. "Vous voulez la protéger mais vous ne la regardez même pas?", a-t-il ironisé.
Le procès sur le fond n'est pas attendu avant plusieurs mois. Pour l'instant, seule la décision de remise en liberté sous caution est attendue.
Plusieurs sponsors ont déjà lâché l'athlète, dont Nike. Mais Pistorius est entouré de professionnels de la communication, qui alimentent son site internet en communiqués quotidiens et en messages de soutien.
Le juge doit mettre en balance les risques de troubles à l'ordre public mais aussi les risques de fuite, tandis que des voix s'élèvent pour dénoncer un éventuel traitement de faveur à l'égard de l'athlète qui pourrait vouloir échapper aux dures conditions carcérales sud-africaines.
L'accusation a insisté sur le fait que Pistorius avait une "maison" à Gemona en Italie. Mais son entraîneur Ampie Louw a indiqué à l'AFP que cette propriété était une piste d'entraînement dotée d'un gymnase mis à la disposition par cette mairie italienne, couplée à un hôtel.