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Souffrance teintée de mortification, ascèse de l'extrême, quête de spiritualité par le dépassement physique et mental: le 29e Marathon des Sables, épreuve initiatique de la course à pied en pleine nature (trail), se disputera du 4 au 14 avril.
Plus d'un millier de concurrents - 1079 hommes et femmes de 45 nationalités, âgés de 16 à 77 ans - affronteront l'univers minéral aride et torride du Sahara marocain.
Cette épreuve hors normes a été créée en 1986 par Patrick Bauer qui en eut l'idée en crapahutant seul entre ksars et oasis, ergs et regs, dans le grand sud du royaume chérifien.
La première édition ne compta que 23 concurrents-pionniers. Mais la courbe exponentielle du nombre de participants épouse celle des pratiquants, depuis la fin des années 80, du sport-nature hors-stade, toutes disciplines confondues.
"Certains coureurs viennent se confronter à l'extrême pour écrire leur histoire, relève Patrick Bauer. Il y a une dimension spirituelle".
"Au bivouac, a-t-il expliqué jeudi lors de la conférence de presse à Paris du lancement de l'édition 2014, on retrouve l'homme originel qui assure sa propre subsistance... fait son feu de bois...".
Car ils courent éperdument, ces concurrents du Marathon saharien. Mais ils marchent aussi, souvent même, quand la fatigue, les douleurs et la chaleur (50°C sous le soleil) les y contraignent. La course se transforme alors en une immense procession dans le désert, une chenille bigarrée de coureurs devenus pèlerins sur un chemin de Compostelle sportif et laïc.
- Les fennecs et les autres -
Au delà du sport, leur quête intérieure et mystérieuse à travers tant de souffrance force le respect.
Le tracé de l'épreuve en six étapes est long de 250 km et traverse les provinces marocaines de Errachidia et Tingrhir (Sud-Est). Les concurrents, individuels ou en équipes, évoluent en autonomie. Ils transportent chaque jour sur leur dos leur nourriture lyophilisée et leur matériel de couchage. Seul le gîte, sous la forme d'un campement de tentes bédouines spartiates, leur est offert le soir.
En dépit des performances, entraînements intensifs des uns et des autres sous toutes les latitudes et tous les drapeaux, ce sont des renards du désert locaux, des fennecs du Sahara marocain nés dans le sable qui restent, depuis des années, indéboulonnables des plus hautes marches du podium.
Mohamad Ahansal et Rachid El Morabity, natifs de Zagora, en sont les plus beaux fleurons qui, au cours des ans, ont surpassé de "hauts pieds" leurs collègues internationaux.
Mais au-delà de la performance sportive, endurante et résiliente à la douleur, le Marathon des Sables reste "hors du commun" d'un point de vue sportif et médical, comme le souligne à l'AFP le Dr Jean-Claude Verdier, cardiologue du sport à Paris.
"On ne peut pas recommander ce genre d'épreuve", explique-t-il. "Les moins de 40-45 ans bien entraînés risquent des petits problèmes de locomotion (tendinite) ou cutanés. Au-delà de cet âge, le corps change et les vaisseaux avec lui. Les chocs thermiques, l'effort intense à répétition avec un poids sur le dos peut engendrer une inflammation des vaisseaux et des troubles plus ou moins graves du rythme cardiaque".
Une soixantaine de personnes - médecins, infirmiers, masseurs - constituent l'équipe médicale. Au bivouac, la grande tente-clinique avec ses dizaines de patients allongés prend des allures, le soir, de poste de secours d'urgence installé sur le site d'une catastrophe.
Lors de l'édition 2013, les hommes et femmes en blanc avaient dû prodiguer 2.261 soins, du traitement des ampoules éclatées à la réanimation avec défibrillateur.