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© AFP/Johannes Eisele
Usain Bolt
sur le podium du 4x100 m avec la Jamaïque lors des JO de Londres, le 11 août 2012
Concurrencé par son partenaire d'entraînement Yohan Blake , malmené par un corps en délicatesse, Usain Bolt a, comme dans la légende, réussi à renaître de ses cendres pour conserver sa triple couronne olympique à Londres, pour écrire finalement sa propre histoire.
En ce 25 mai 2012, que la République tchèque semble bien loin de l'Angleterre! Bolt est aux abois, à Ostrava. Là où l'industrie lourde de tout le pays semble s'être donné rendez-vous, le Jamaïcain a des semelles de plomb. En 10 sec 04/100e, il vient de réaliser son plus mauvais 100 m depuis trois ans, alors qu'il voulait lancer un avertissement à destination de ses adversaires effrayés.
Sous sa casquette un peu trop grande, Bolt a le regard perdu. "Je suis aussi surpris que vous, les gars", glisse-t-il alors que la veille, il promettait 9 sec 70.
Six semaines plus tard, Yohan Blake , qui avait profité de son faux départ aux Mondiaux-2011 pour remporter le 100 m, lui inflige une double défaite lors des sélections jamaïcaines à Kingston, sur 100 m (9.75 contre 9.86) et surtout sur 200 m, son jardin (19.80 contre 19.83)!
A un mois des Jeux, +la Foudre+ manque de jus et tout le monde est au courant, aiguisant les appétits dans les Caraïbes comme aux Etats-Unis (Gatlin, Gay).
On connaît la suite... Trois coups de semonce, comme en 2008 à Pékin, et trois nouvelles médailles d'or à Londres, où il marche sur la concurrence. Un peu comme en 2009, où le champion avait claqué les records du monde des 100 et 200 m (9.58 et 19.19) aux Mondiaux de Berlin, deux mois après une course à Toronto (10.00) indigne de son rang.
© AFP/Adrian Dennis
Le Jamaïcain Usain Bolt
lors de la finale du 200 m des JO de Londres, le 9 août 2012
C'est que le prodige de Trelawny n'est justement pas que "l'athlète le plus doué que le monde ait jamais vu", comme il se présente lui-même sur les réseaux sociaux. Derrière les sourires, les mimiques et les nuggets, se cache aussi un professionnel que l'échec sait remettre à temps dans le droit chemin.
Ostrava, Kingston, autant de claques salvatrices qui le ramènent à l'entraînement. Car la Foudre en a besoin, lui aussi. Le travail lui permet de gommer chaque jour le centimètre de différence - 1,4 exactement - entre sa jambe droite trop courte et sa gauche. Cette scoliose, ce déséquilibre du bassin dont le champion souffre depuis toujours devrait être un frein à sa longévité. Mais une légende est éternelle, non?
Alors, quatre ans après Pékin, au soir de son succès sur 200 m à Londres, quatre jours après celui sur 100 m, le roi livre à l'assistance un show mémorable.
"J'insiste bien. Si vous ne dites pas à tous les gens de vos pays, à la télé, à la radio et dans les journaux, que je suis une légende vivante, je ne donnerai plus jamais d'interview", conclura-t-il. Avec le sourire bien sûr.
© AFP/Josep Lago
Usain Bolt
lors du gala de la Fédération internationale d'athlétisme à Barcelone, le 24 novembre 2012
Son statut autoproclamé pose une nouvelle question: quels objectifs peut désormais se fixer une légende afin de garder l'appétit? Passer à la longueur, pour définitivement écraser Carl Lewis (quadruple champion du monde de la discipline) qui a laissé planer le doute du dopage sur ses performances? Ou bien souffrir comme jamais en passant sur 400 m? Professionnel certes, Usain Bolt , mais pas maso...
"Pour 2013, l'objectif est d'aller le plus vite possible et de récupérer le titre du 100 m aux Mondiaux de Moscou", a-t-il récemment indiqué.
En 2014, il participera aux Jeux du Commonwealth à Glasgow pour combler la seule lacune de son prestigieux palmarès. Avec peut-être de la longueur au programme. Et en 2016, il visera le +triple triplé+ sur 100 m, 200 m et 4x100 m aux JO de Rio...
Car Bolt va tellement vite qu'on en oublierait presque que le dernier soir des JO-2016, il n'aura que 30 ans. Au pays du foot, il sera temps pour lui de raccrocher les pointes, pour chausser, peut-être, les crampons.
"Je crois qu'après Rio je prendrai ma retraite simplement et je verrai si je suis bon au foot", a-t-il expliqué. Une légende peut aussi avoir envie de réaliser un rêve de gosse.