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"Trou du cul" d'un "pays de merde" ( Zlatan Ibrahimovic ), "sale fils de pute" (Serge Aurier) et maintenant "enculés" (Dimitri Payet): ces derniers jours, un torrent d'insultes s'est abattu sur les arbitres, indignés de cet irrespect de la part des joueurs.
Après le séisme provoqué dimanche par la star suédoise du PSG, une réplique a secoué mardi le monde du foot avec une nouvelle affaire révélée par Canal+Sport: Payet a crié "on s'est fait niquer! Enculé(s)!" aux abords du vestiaire des arbitres à l'issue de Marseille-Lyon (0-0).
Il était furieux que l'arbitre central, Benoît Bastien, n'ait pas validé un but alors que le ballon avait franchi la ligne quand l'attaquant Lucas Ocampos avait percuté le gardien lyonnais Anthony Lopes (83).
Pour les arbitres, la coupe est pleine. "Nous avons déjà alerté nos instances du climat qui se dégrade et nous inquiète toujours plus, a clamé le Syndicat des arbitres de football d'élite (SAFE) après l'affaire Zlatan. Qu'importe le fait de jeu, il y a des limites à ne pas et ne plus franchir".
- 'Mode' -
Les arbitres ont reçu le soutien du syndicat des joueurs: "L'UNFP appelle les footballeurs professionnels au calme, car rien ? ni les enjeux, ni la passion, ni l'énervement, ni la défaite... ? ne saurait justifier les dérapages verbaux et les insultes". Le syndicat dénonce la "mode" qui "consiste, ces derniers temps au sein des footballeurs évoluant en France, à prendre les arbitres pour cibles".
Les sanctions encourues sont pourtant lourdes pour des mots envers des officiels en dehors d'un match: 3 matches de suspension ferme pour des propos "blessants", 4 matches ferme lorsqu'ils sont "grossiers ou injurieux".
La commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP), occupée mardi par l'affaire des matches présumés truqués de Ligue 2 la saison dernière, doit se pencher mercredi sur les propos de Payet et décider ou non de s'en saisir jeudi, selon une source proche du dossier.
Cette source juge ce cas "similaire" à celui d'Ibrahimovic, même si le Marseillais ne s'adresse pas directement à un officiel.
La superstar du PSG avait défrayé la chronique, dimanche après-midi, en traitant l'arbitre du match perdu à Bordeaux (3-2) de "putain de trou du cul", et se plaignant d'un "pays de merde".
"Ibra" avait présenté ses excuses peu après dans un communiqué puis lundi dans une vidéo diffusée par son club. Des excuses à l'attention des "Français" en général, non du corps arbitral. La classe politique a condamné ses propos, jusqu'au Premier ministre Manuel Valls.
"Je regrette toutes ces dérives langagières, il y a du laisser-aller", a réagi mardi auprès de l'AFP Eric Borghini, président de la commission fédérale des arbitres au sein de la Fédération (FFF). "Ibrahimovic s'est excusé envers les Français et la France mais pas envers les arbitres, c'est une attitude pas adaptée", a ajouté ce membre du Comité exécutif de la FFF.
Un autre Parisien avait dérapé la semaine dernière: le latéral Serge Aurier avait traité de "sale fils de pute" l'arbitre de Chelsea-PSG (2-2 a.p.) en 8e de finale retour de Ligue des champions, dans une vidéo postée sur Facebook. L'UEFA devait se prononcer jeudi sur d'éventuelles suites disciplinaires.
Mardi, l'Ivoirien a demandé "pardon" à Bjorn Kuipers. "Ma passion pour le football et ma frustration d'être blessé pour un tel match ont entraîné ma réaction, qui n'avait pas lieu d'être. Le travail des arbitres n'est pas facile je regrette sincèrement", a-t-il tweeté.
- Le contraste avec le rugby -
Le contraste est flagrant avec d'autres sports, comme le rugby.
"C'est une question d'éducation dès le plus jeune âge. A l'école de rugby, on insiste sur le plus grand respect dû à l'arbitre", assure à l'AFP Didier Mené, président de la Commission centrale des arbitres à la Fédération française de rugby (FFR).
M. Mené souligne toutefois qu'"avec le passage au professionnalisme (1995, ndlr), les relations se sont dégradées avec les dirigeants et les entraîneurs" et qu'"il y a eu quelques graves dérapages envers l'arbitrage".
"Je ne sais pas comment les arbitres de foot font pour accepter cela depuis aussi longtemps", s'étonne-t-il.
"Surtout, je ne comprends pas pourquoi les instances du football ne protègent pas davantage les arbitres, poursuit M. Mené. A chaque fois que nous avons eu un contact avec nos homologues du football, ils nous enviaient notre arsenal réglementaire mais aussi notre statut, notre bien-être".