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© AFP/Franck Fife
Franck Ribéry et Karim Benzema
le 19 novembre 2013 au Stade de France à Saint-Denis
Sans Ribéry ni Benzema, ni Zahia, le tribunal correctionnel de Paris a commencé lundi à juger l'affaire qui porte le nom de l'ancienne escort-girl, et s'est plongé dans le milieu d'une certaine nuit parisienne, où gravitent "star fuckeuses" et "michetonneuses".
Dans cette affaire qui avait éclaté avant la Coupe du monde 2010, les deux footballeurs français sont accusés d'avoir eu recours aux charmes tarifés de la jeune femme alors qu'elle était encore mineure, respectivement en 2009 à Munich et en 2008 à Paris.
Pendant l'enquête, Ribéry a affirmé qu'il ignorait que Zahia n'avait pas 18 ans et Benzema a contesté avoir eu une relation sexuelle avec la jeune fille, qui de son côté avait expliqué avoir menti sur son âge en affirmant être majeure.
Pour l'expliquer l'absence de son client, l'avocat de Franck Ribéry, Me Carlo Alberto Brusa, a souligné que la jeune femme n'était plus partie civile et que le parquet avait requis un non-lieu en faveur des deux joueurs.
Celui de Benzema, Me Sylvain Cormier, a dit lundi à la barre que son client était retenu en raison d'un match de qualification pour la Coupe du Roi, en Espagne, qu'il joue avec son club du Real Madrid mercredi à Barcelone.
© AFP/Bertrand Guay
Zahia Dehar lors de l'inauguration de sa boutique le 3 juillet 2013 à Paris
Une absence visiblement peu appréciée par le président qui n'a pas manqué d'ironiser sur l'absence du beau-frère de Ribéry, poursuivi pour avoir recouru aux services de la jeune femme à Munich.
Mais hormis les faits reprochés au milieu offensif du Bayern Munich, à son beau-frère et l'attaquant du club madrilène, ce dossier concerne cinq autres personnes, poursuivies pour proxénétisme aggravé.
L'enquête avait démarré sur des soupçons d'activité prostitutionnelle autour du Zaman Café, un cabaret oriental proche des Champs-Elysées, qui a depuis fait l'objet d'une fermeture administrative.
"Ca donne pas forcément envie"
Un établissement tenu à l'époque par deux frères, qui ont tenté tant bien que mal de minimiser la portée de leurs déclarations sur la présence massive de "filles" dans leur établissement.
Le tribunal a surtout entendu Abousofiane Mostaïd, 33 ans, ancien candidat du télé-crochet "La nouvelle star", accusé d'avoir joué un rôle d?entremetteur rétribué entre des filles et des clients.
© AFP/Emmanuel Glachant
Vue du Zaman Café à Paris en date du 19 avril 2010
Au fil d'échanges souvent ponctués de rires dans la salle, le président Denis Couhé a expliqué que dans le code pénal, le proxénétisme ne se résume pas à la vision classique du prévenu, mais embrasse l'aide à la prostitution d'autrui.
"Abou", cheveux ras, veste noir et fines lunettes, se présente "sans prétention" comme "un gars sympathique" au carnet d'adresse épais, écumant les soirées en boîte de nuit, qu'il participait parfois à organiser, côtoyant des célébrités.
Dans cette faune nocturne, "la plupart du temps", les filles étaient selon lui des "star fuckeuses", "des filles éblouies par les gens célèbres", se laissant facilement séduire pour pouvoir se vanter auprès de leurs copines d'avoir "couché avec Brad Pitt" ou "Tartempion".
Il y a aussi les "michetonneuses", pour qui "c'est plus matériel", des jeunes filles qui cherchent à se faire offrir des cadeaux ou de l'argent "1.000 euros, avec la crise, rares sont celles qui refusent", et qui, a-t-il expliqué en substance, s?improvisent prostituées occasionnellement, mais qui pour lui ne sont pas pour autant des prostituées.
© AFP/Jacques Demarthon
Abousofiane Mostaïd, l'un des prévenus dans l'affaire Zahia, arrive au palais de Justice de Paris, le 20 janvier 2014
Pour comprendre, "il faut vivre dans le milieu de la nuit"; réponse tout de go du président: "ça donne pas forcément envie".
"Si moi je suis un proxénète, il faudrait condamner tous les patrons de boîte de nuit, tous les organisateurs de soirées", a poursuivi le jeune homme.
Jusqu'à la lecture d'écoutes téléphonique sans équivoque, dans lesquelles il négociait même pour une jeune femme le tarif à la hausse, à laquelle il n'a pu répondre que par un silence.
En tout cas, tout comme une prostituée également sur le banc des prévenus, il a affirmé que l'apparence de Zahia ne laissait pas présager qu'elle était mineure.
Le procès doit durer jusqu'à jeudi.