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Aleksander Ceferin, le 14 septembre 2016 lors du congrès de l'UEFA
Le Slovène Aleksander Ceferin, peu connu et sans grande expérience, sera-t-il un bon président pour la plus puissante des confédérations continentales de foot ? Les questions ne manquent pas en Europe au lendemain de son élection à la tête de l'UEFA, où la crise couve après une réforme contestée de la Ligue des champions.
. Un nouveau regard ?
Elu mercredi à Athènes, cet homme de 48 ans, yeux clairs, visage taillé à la serpe, a déjà ses fans. Pour eux, il incarne le renouveau d'instances éclaboussées par les scandales, car il n'est pas issu du sérail. "L'écrasante élection (42 voix sur 55) de cet avocat slovène vient rompre un système installé pendant des années", s'enthousiasme ainsi le journal El Pais en Espagne.
"Ceferin portait l'espoir d'en finir avec les vieux démons de la corruption qui hantent le football", renchérit Le Temps en Suisse. L'autre candidat à la présidence, Michael van Praag, 68 ans, "était assis sur la scène avec le comité exécutif de l'UEFA (gouvernement du football européen) dont il est vice-président. Une position d'où il est plus aisé de défendre un bilan que de se poser en réformateur", assène encore Le Temps.
La presse slovène pavoise elle logiquement après l'élection d'un des siens à la tête de l'UEFA. "Le roi du football européen" a titré à la une le quotidien Dnevnik alors que le journal Delo estime que "l'UE devrait envier l'UEFA", relevant que l'organisation avait permis l'avènement, sur ses mérites personnels, d'un "candidat inconnu venant d'un pays peu connu et à peu près insignifiant dans le monde du foot".
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Aleksander Ceferin, le 14 septembre 2016 lors du congrès de l'UEFA
Mais pour d'autres, rien ne change vraiment. "Sa rhétorique rappelle Sepp Blatter", président déchu de la Fifa, tacle ainsi en Allemagne Tagesschau.de, site du journal télévisé de la télévision publique ARD, qui le décrit comme "un carriériste froid calculateur".
Et d'interpréter son leitmotiv "le football d'abord" comme "le message: nous ne parlons pas de corruption, de clientélisme ou d'enquêtes du parquet. Le genre de discours que les hauts fonctionnaires du football aiment entendre".
. Un dirigeant indépendant ?
Inconnu sur la planète football quand il s'est déclaré candidat début juin, la trajectoire météorique de ce père de trois enfants "a été ponctuée de rumeurs et de spéculations" comme le souligne le site allemand Sport1.
Aux Pays-Bas, fief du candidat battu Van Praag, le journal généraliste Alegmeen Dagblad n'hésite pas à écrire que "le ministre russe des Sports (Vitali Moutko) a sans doute fait pression sur de nombreux pays pour lui permettre de gagner".
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Les joueurs du Real Madrid Gareth Bale
, Luka Modric
et Cristiano Ronaldo
, le 29 mai 2016 avec le trophée de la Ligue des champions
Ce qui n'a pas empêché le CE de l'UEFA d'attribuer jeudi la finale de la Ligue des champions 2018 à Kiev, capitale de l'Ukraine en proie depuis plus de deux ans à un conflit opposant le gouvernement à des séparatistes prorusses. La rencontre aura lieu le 26 mai 2018 au stade olympique, juste avant le coup d'envoi du Mondial-2018 en Russie (14 juin-15 juillet).
Les détracteurs de Ceferin ont également cherché à le présenter comme le sous-marin du président de la Fifa Gianni Infantino, ou encore comme un candidat qui aurait gagné le soutien de pays nordiques en échange de promesses d'accueil de grands tournois.
Ceferin, lui, martèle qu'il n'est "la marionnette de personne". Sa première grande décision aura en tout cas été de confirmer au poste de secrétaire général le Grec Theodore Theodoridis, qui assurait l'intérim depuis l'élection de l'ex-N.2 Infantino à la tête de la Fifa.
. Armé face aux grands clubs ?
La capacité de Ceferin à diriger sera jugée sur un dossier brûlant. Fin août, l'UEFA, en pleine vacance du pouvoir depuis la suspension de Michel Platini , a adopté une refonte de la Ligue des champions pour 2018-21: l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie auront quatre places garanties en poules au nom de leurs bons résultats passés dans cette épreuve.
L'idée était d'éviter que des gros clubs européens ne fassent sécession pour créer leur propre Superligue fermée. Mais chez les non-bénéficiaires de cette réforme, la colère monte. L'Association des ligues européennes (EPFL) menace ainsi de programmer des matchs en même temps que ceux de l'UEFA pour les concurrencer.
A peine élu, Ceferin a promis de s'assoir à une table avec les 55 fédérations composant l'UEFA pour voir "ce qui peut être fait". Et d'ajouter: "Nous devons maintenant montrer que c'est nous qui gouvernons, la situation peut être résolue si nous parlons aux clubs".
Celui qui n'est président de la Fédération slovène que depuis 2011 est-il assez armé pour le bras de fer qui s'annonce ? En face, il aura deux sérieux clients: Karl-Heinz Rummenigge , homme fort du Bayern Munich et président de l'Union des clubs européens (ECA), et l'influent président de la Juventus Turin Andrea Agnelli.
Ceferin a en tout cas la pression. "Ce sera sa première grosse décision", a résumé Martin Glenn, directeur général de la Fédération anglaise de football.