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Des supporteurs de Besiktas lancent des chaises sur la police anti-émeutes turque lors du match Besiktas-Galatasaray, le 22 septembre 2013 à Istanbul
La police turque a arrêté vendredi à Istanbul quelque 70 supporteurs de football soupçonnés de liens avec des "organisations illégales", un coup de filet controversé contre des groupes très engagés dans la contestation antigouvernementale.
La police est intervenue à l'aube dans les quartiers stambouliotes de Besiktas, Üsküdar et Kadiköy pour interpeller à leur domicile de supporteurs des trois grands clubs de la métropole turque --Besiktas, Fenerbahçe et Galatasaray--, a rapporté la chaîne d'information NTV.
Alen Markarian, un des dirigeants du principal groupe de supporteurs de Besiktas, le "Carsi", fait partie des interpellés, selon la chaîne.
Le ministre de l'Intérieur Muammer Güler a indiqué à la presse que 96 personnes étaient visées par un mandat d'arrêt et que 72 avaient été arrêtées vendredi.
M. Güler a souligné que cette opération n'était pas directement liée aux heurts survenus dimanche la fin du match entre Besiktas et Galatasaray mais relevait du crime organisé.
"L'opération d'aujourd'hui concerne des gens parmi les groupes de supporteurs qui sont mêlés aux activités d'organisations illégales et agissent de manière organisée", a-t-il affirmé.
"Ils sont soupçonnés de vol, d'agressions contre les forces de sécurité, de mise en danger de la sécurité des biens et des personnes, de menaces par armes à feu, coups et blessures", a précisé le ministre, mentionnant également des tentatives de chantage à l'encontre des clubs eux-mêmes.
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Des manifestants turcs se dirigent vers la place Taksim, symbole de la contestation contre le gouvernement, le 10 septembre 2013
Ces arrestations visent des groupes de supporteurs qui ont joué un rôle de premier plan dans la vague de manifestations antigouvernementales sans précédent qui a secoué la Turquie en juin.
Des dizaines de milliers de partisans des trois clubs d'Istanbul ont apporté leur soutien aux manifestants hostiles au Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, accusé d'autoritarisme et de vouloir "islamiser" la Turquie".
La contestation avait été violemment réprimée par la police, faisant 6 morts et quelque 8.000 blessés, selon l'Union des médecins de Turquie. Des centaines de personnes ont été poursuivies à la suite de ces incidents.
Pour certains observateurs, les supporteurs paient à présent le prix de leur engagement.
Règlement de comptes
"Le gouvernement devrait calmer le jeu. Mais il a montré par le passé qu'il était rancunier, qu'il aimait régler ses comptes", a commenté Daghan Irak, sociologue du sport et chroniqueur sportif, interrogé par l'AFP.
Revenant sur les incidents survenus dimanche, M. Güler a par ailleurs annoncé le renforcement prochain de la sécurité dans les stades par de nouvelles unités d'auxiliaires de police chargés de la protection des lieux publics.
"En attendant que cette institution soit créée, ce sont nos policiers qui assureront cette mission lors des matchs de derby", a-t-il ajouté.
Des centaines de supporteurs de Besiktas ont investi dimanche soir le terrain peu avant la fin du match opposant leur équipe à Galatasaray et affronté des agents de sécurité et des policiers appelés en renfort.
Soixante-sept personnes ont été arrêtées à la suite de ces incidents, avant d'être relâchées. Certaines d'entre elles ont écopé d'une interdiction de fréquenter les stades pendant un an, selon M. Güler.
Le conseil de discipline de la Fédération turque de football (TFF) a sanctionné jeudi Besiktas de quatre matches à domicile à huis-clos et d'une amende de 25.000 euros pour la faiblesse de son dispositif de sécurité.
Depuis le match, les responsables gouvernementaux se sont relayés pour promettre des sanctions sévères à l'encontre des fautifs ainsi qu'un renforcement des mesures de sécurité.
"Il est impensable qu'ils restent impunis", a tonné jeudi de ministre de la Jeunesse et des Sports, Suat Kiliç, martelant aussi que "les slogans politiques ne doivent pas entrer dans les tribunes".
La vindicte du gouvernement était commentée avec suspicion jusque dans les rangs de la Fédération.
"On peut constater que 99% des personnes impliquées dans cet incident ne sont pas des supporteurs de Besiktas (...)Je partage l'opinion commune qu'il y a eu une provocation", a affirmé mercredi le président de la TFF, Yildirim Demirören.