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Le parquet a demandé lundi le renvoi devant un tribunal du FC Barcelone et de l'ex-président Sandro Rosell, pour des délits fiscaux lors du transfert de Neymar, une affaire qui pourrait peser sur les élections à la présidence du club, cet été.
Décidément, les conditions de l'arrivée du Brésilien en 2013 continuent d'empoisonner le quotidien du club catalan, après avoir contraint Rosell à la démission: le risque de procès pourrait devenir très dommageable pour l'actuel président Josep Maria Bartomeu, lui-même menacé de mise en examen dans ce dossier.
Dans ses réquisitions rendues lundi, José Perals Calleja, l'un des procureurs de l'Audience nationale, juridiction spécialisée dans les dossiers complexes, demande au juge Pablo Ruz de renvoyer le club devant un tribunal, en tant que personne morale, et Sandro Rosell.
Le magistrat estime que Rosell pourrait s'être rendu coupable de deux délits fiscaux, comme le club, et aussi d'un délit "social". D'après le parquet, il existe des indices selon lesquels le transfert de Neymar a coûté davantage que les 57 millions d'euros notifiés au fisc et inscrits dans les comptes du club en 2012-2013.
"Au total, sans prendre en compte deux versements conditionnels (dépendants d'objectifs sportifs, NDLR), le coût de l'acquisition du joueur est estimé, au minimum, à 82.743.485 euros", écrit le procureur, qui établit une liste des différents contrats ayant, selon lui, servi au montage financier.
- 'Bartomeu dans le viseur' -
En conséquence, le Barça n'aurait pas versé quelque 12 M EUR d'impôts, ce qui établirait le coût réel de l'arrivée de Neymar à 94,9 M EUR, selon un tableau récapitulatif joint à l'avis du parquet.
Lors de sa comparution devant le juge en juillet 2014, Sandro Rosell, qui a démissionné de la présidence du club il y a un an, a réaffirmé que l'opération avait coûté 57 millions d'euros, dont 17 millions avaient été payés au Santos, le club d'origine du joueur au Brésil, et 40 millions à la société N&N appartenant au père de Neymar.
Par ailleurs, le parquet a aussi demandé lundi la poursuite de l'enquête concernant Josep Maria Bartomeu, ex-bras droit de Rosell et son successeur à la présidence, en demandant la mise en examen du club et de l'actuel président pour un délit fiscal concernant l'exercice 2014, qui pourrait atteindre 2,8 M EUR.
A sa prise de fonctions en janvier 2014, Bartomeu avait tenté de calmer le jeu en dévoilant que le Barça avait payé des contrats annexes en plus des 57 millions initialement évoqués, pour un total de 86,2 millions d'euros.
Quelques semaines plus tard, le Barça avait annoncé avoir versé 13,5 millions d'euros au Trésor public au titre d'une "régularisation volontaire" de sa situation fiscale.
- 'Epée de Damoclès' -
La perspective d'un possible procès impliquant le club ressemble à une épée de Damoclès pour Bartomeu, ébranlé début janvier par une crise interne et contraint de convoquer pour la fin de cette saison des élections anticipées.
Président non passé par les urnes, Josep Maria Bartomeu a été fortement fragilisé par la sanction d'interdiction de recrutement infligée au club jusqu'en janvier 2016, pour des infractions dans les transferts de joueurs mineurs.
Le dirigeant a certes réagi en limogeant plusieurs responsables issus de l'ère Rosell, comme le directeur sportif Andoni Zubizarreta . Mais cette période de turbulences, accentuée par des relations refroidies entre la star Lionel Messi et l'entraîneur Luis Enrique, l'a néanmoins contraint au final à appeler aux urnes les 150.000 "socios" (supporteurs-actionnaires) du club et à annoncer sa candidature à sa propre succession.
Malgré la récente embellie que connaît le Barça sur le terrain, le risque pour Bartomeu est que les "socios" choisissent de sanctionner l'actuelle direction. Ce qui pourrait profiter, par exemple, à l'ancien président Joan Laporta (2003-2010), qui a dit envisager de revenir aux affaires.