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© AFP/DENIS CHARLET
Le stade Pierre-Mauroy en format salle de tennis, lors de la finale de Coupe Davis entre la France et la Suisse, le 23 novembre 2014
La Chambre régionale des comptes (CRC) des Hauts-de-France a critiqué la sous-exploitation du stade Pierre-Mauroy, près de Lille, un équipement multi-fonctions trop peu utilisé pour les événements non sportifs, dans un rapport parvenu à l'AFP.
Inauguré en 2012, le grand stade de la métropole lilloise a la particularité d'être une enceinte de 50.000 places avec un toit rétractable, où joue le Losc (L1), et qui peut se muer en "boîte à spectacle" pouvant accueillir 25.000 personnes. Pour sa construction, la Métropole européenne de Lille (MEL) a eu recours à un partenariat public-privé (PPP) avec le groupe de BTP Eiffage.
Dans ce rapport d'une quarantaine de pages daté du 1er mars, qui doit être présenté jeudi soir au conseil de la MEL, la CRC estime que "tant pendant sa phase de construction, que pendant l'exploitation depuis 2012, la Métropole a géré son projet grand stade avec rigueur". D'après Damien Castelain, président de la MEL (sans étiquette), "la procédure de PPP et la rigueur avec laquelle la MEL a fait appliquer le contrat ont été très protecteurs des finances publiques et par là-même des impôts des métropolitains".
En revanche, l'organe de contrôle pointe des premières années d'exploitations déficitaires. En cause notamment "l'insuffisance d'activité et le manque de rentabilité pour la partie événementielle, liés à l'absence d'expertise initiale dans ce domaine de la société de projet Elisa", filiale à 100% de Eiffage et créée spécifiquement pour répondre à ce contrat.
Celle-ci "ne présentait pas de compétence particulière dans la gestion d'un équipement multifonctionnel (....) et s'est ainsi confrontée à une difficulté forte pour la programmation des spectacles et des compétitions sportives."
Face à cette critique, la société Elisa, installée dans l'enceinte du stade, juge que "les difficultés rencontrées au démarrage de l'exploitation du stade correspondent à une phase de montée en charge habituelle (...)".
La programmation de plusieurs artistes en 2017 (Depeche Mode, Justin Bieber, Céline Dion...) doit montrer "la pertinence des choix techniques initiaux pour installer le stade sur le marché événementiel", d'après Elisa.
La maire de Lille Martine Aubry avait déclaré en octobre 2016 qu'il pourrait y avoir plus de spectacles "si Eiffage se bougeait un peu".
Selon la CRC, une persistance des déficits "pourrait ne pas être supportable" pour Elisa, même si la société-mère "dispose de capacités financières élevées". La construction du stade avait entraîné des surcoûts estimés à 132 millions d'euros à la charge du partenaire privé qui font l'objet "d'un contentieux toujours pendant devant le juge administratif" avec la MEL, note le rapport.
Ce rapport survient alors que Damien Castelain a été mis en examen pour "trafic d'influence passif" et "complicité de favoritisme" dans l'enquête sur l'attribution du marché à Eiffage en 2008.