Happy Birthday : |
© AFP/CHRISTOF STACHE
L'ancien président du Bayern de Munich, Uli Hoeness
, le 14 mai 2016 avant un match de Bundesliga à Munich
Uli Hoeness , l'homme qui a fait du Bayern Munich l'un des clubs les plus puissants du monde, va retrouver vendredi son fauteuil de président, après un passage par la case prison pendant près de deux ans pour fraude fiscale.
Il faudrait un séisme majuscule pour qu' Uli Hoeness , 64 ans, ne remporte pas ce scrutin, lors de l'assemblée générale du Bayern vendredi.
D'abord parce qu'il est seul candidat. Et ensuite parce qu'il est adoubé, attendu et désiré par tout l'encadrement d'un club qu'il a façonné par ses talents d'homme d'affaires, son charisme, ses colères légendaires et ses coups de génie sur le marché des transferts.
"C'est magnifique pour le FC Bayern et pour tous ses supporteurs que Uli soit de retour. Ce n'est pas un saint, il a commis des fautes, mais il a payé pour ses erreurs", plaide Matthias Sammer, ancien joueur et ancien directeur sportif du club.
La fonction de "président", au Bayern, implique une activité de coordination et de surveillance. Mais la gestion au quotidien de ce géant du foot devenu une entreprise florissante restera l'apanage de Karl-Heinz Rummenigge , qui occupe le poste de "président du directoire", l'organe exécutif du club.
"Je crois", a récemment déclaré Hoeness, "que Karl-Heinz et moi-même allons rendre le Bayern encore plus fort. J'imagine que Karl-Heinz sera plus responsable pour l'argent, et moi pour le c?ur"...
Belle formule pour ce club aussi fier de ses valeurs familiales - il est dirigé par ses anciens joueurs, et la solidarité n'y est pas un vain mot - que de sa réussite financière et commerciale.
Munich voue de fait un respect et une reconnaissance sans borne à "Uli", ancien cadre de la grande équipe des années 70, avec Franz Beckenbauer et Gerd Müller, pour avoir mené le Bayern au sommet du foot mondial, grâce à une gestion saine et rationnelle, sans recourir ni à l'endettement ni à un mécénat à fonds perdus, comme l'ont fait d'autres en Europe.
- Coups de gueule -
La liste des louanges qui lui sont adressées pourrait remplir des pages. Il est en revanche bien difficile de trouver des voix discordantes: "Le retour de Hoeness n'est possible que parce que le football n'est pas très regardant sur la morale", hasarde pourtant le journaliste Thilo Komma-Poellath, auteur d'un livre sur "l'affaire Hoeness".
" Uli Hoeness , ajoute-t-il, sera le seul candidat vendredi, le Bayern lui déroule le tapis rouge pour son retour, ce qui laisse quelques doutes sur le sens de la démocratie au Bayern".
Peut-être. Mais les 280.000 socios du Bayern ne semblent pas traumatisés par cette élection-plébiscite, pour un homme dont la seule place naturelle semble être à la direction de "son" club.
Hors Bayern, Hoeness est aussi le patron d'une florissante entreprise de charcuterie industrielle. Et l'entrepreneur privé a momentanément oublié la rigueur du gestionnaire de club, lorsqu'il a tenté de dissimuler au fisc de son pays 28 millions d'euros de revenu boursier en Suisse.
Condamné à la prison ferme en 2014, il a démissionné de la présidence du club, et finalement purgé 21 mois derrière les barreaux, dont environ la moitié sous un régime de semi-liberté, qui lui permettait de ne passer que ses nuits en prison.
Il revient en grâce au moment où le club, au sommet de sa gloire depuis quelques années, connaît quelques ratés. L'équipe du nouvel entraîneur Carlo Ancelotti est nettement moins dominatrice que la formation emmenée par Pep Guardiola les saisons précédentes: elle vient de perdre la première place du classement en championnat, et les connaisseurs du club pensent déjà que Hoeness, connu pour ses coups de gueule homériques, pourrait secouer les joueurs ou l'entraîneur dès son élection acquise.