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Les "piranhas" rodent: amitiés intéressées ou carrières mises en péril, l'affaire de chantage à la sex-tape et la mise en examen de Karim Benzema mettent en évidence la difficulté pour les joueurs de football de faire le tri dans leur entourage.
De la chair de footballeur. "Les piranhas, ils vont le manger frérot": voilà comment Karim Benzema -- dans une conversation téléphonique écoutée par la police -- parle des maîtres-chanteurs qui ont cherché à monnayer auprès de Mathieu Valbuena une vidéo intime.
Des paroles qui braquent le projecteur, plus largement, sur tout un biotope peu reluisant où grenouillent trop souvent de faux amis intéressés, des agents véreux, voire d'authentiques malfrats, qui prennent le pas sur les collaborateurs honnêtes.
"Il y a des gens envieux qui ont envie de vivre une autre vie par procuration, de ramasser des miettes, de gratter le plus possible, explique à l'AFP l'ancien coéquipier de Valbuena à Marseille, Djibril Cissé. Je connais des basketteurs et il y a des personnes, comme les deux qui ont fait chanter Mathieu, qui leur proposent leurs services."
Valbuena, aujourd'hui à Lyon, a en effet raconté, dans une interview au Monde, comment ses maîtres chanteurs avaient pu se procurer sa vidéo. Evoquant un homme que lui a présenté Djibril Cissé, Valbuena explique: "Les footballeurs, ils sont un peu assistés, ils aiment avoir les dernières séries, qu'on leur achète les derniers MacBook... Lui, rendait ce genre de services."
- 'Il a joué avec mes enfants...' -
"Un jour, poursuit-il, j'ai eu un nouveau téléphone portable et j'ai voulu changer tous mes contacts, poursuit Valbuena. Je lui ai demandé qu'il me transvase tout ça de mon ordinateur à mon nouveau téléphone car il est très bon en informatique."
C'est à cette occasion, pense-t-il, que cet "ami" aurait pu mettre de côté ce qu'il avait pu trouver sur son ordinateur.
© AFP/LOIC VENANCE
Djibril Cissé, lors de la finale de la Coupe de la Ligue Bastia-PSG, le 11 avril 2015 au Stade de France
"Je connaissais bien les personnes qui ont fait chanter Mathieu", détaille aujourd'hui Djibril Cissé, brièvement placé en garde à vue dans cette affaire, avant d'être lavé de tout soupçon. L'un d'eux "est venu chez moi, il a joué avec mes enfants, c'est quelqu'un que j'appréciais. Et quand on m'a prouvé par A+B que c'était lui... J'étais choqué, franchement."
Comment faire le tri entre "vrais" amis, nécessaires pour encourager, réconforter, accompagner les joueurs professionnels, et ceux qui ont envie de "gratter"?
Certains des joueurs en centre de formation "ne sont pas prêts à entrer dans ce monde où gravitent de nombreuses personnes qui n'ont pas forcément que de bonnes intentions, déplore un cadre du centre de formation de Lens, parmi les meilleurs du genre en France. C'est pourquoi l'entourage familial est extrêmement important."
De la Gaillette sont en effet sortis des joueurs apparemment équilibrés, sans souci d'intégration sportive et qui se tiennent loin de la rubrique fait divers des tabloïds: Raphaël Varane ou Geoffrey Kondogbia, par exemple.
- Tonton Adil -
Exemple, à son corps défendant, du joueur mal entouré: le jeune Florian Thauvin avait fait scandale en 2013 au moment de rejoindre l'OM, via l'intermédiaire d'un vrai-faux agent, ancien boucher, surnommé "Tonton Adil".
"Son +Tonton Adil+ était censé payer l'assurance qui couvre tous les joueurs", raconte aujourd'hui à l'AFP un bon connaisseur du club marseillais. "Mais on s'est aperçu qu'il gardait l'argent: il n'avait rien versé." Et sans agent attitré, l'ancienne belle promesse n'a pas fait le plus judicieux des choix de carrière en s'exilant l'été dernier à Newcastle, "un club qui marche mal", poursuit cette source.
Si certains 'footeux' se font berner par de faux hommes de confiance, d'autres, comme Karim Benzema , se retrouvent aussi piégés par des amis d'enfance. Karim Zenati, écroué dans l'affaire de la sex-tape, explique en effet Benzema, c'est "comme un frère".
C'est pourtant par lui que les ennuis ont commencé pour l'attaquant du Real Madrid. Benzema a dit à la juge qui l'a mis en examen que c'est au cours d'un déjeuner avec Zenati qu'il apprend l'existence de la "vidéo chaude" de son coéquipier en Bleu, via quelqu'un qui "connaît Karim (Zenati)" et qui s'invite à leur table dans la capitale espagnole.
"Les gens sont souvent pleins de bonnes intentions, philosophe auprès de l'AFP l'expérimenté sélectionneur Claude Le Roy . Mais quand on est dans l'affectif, on n'est pas dans l'effectif". Karim Benzema l'apprend aujourd'hui à ses dépens.