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L'instance disciplinaire de l'UEFA a ouvert jeudi son audience sur les incidents qui ont mené à l'arrêt définitif du match de qualification pour l'Euro-2016 de football Serbie-Albanie et dégénéré en une crise politique sans précédent en ce domaine.
Des sanctions sont évidemment attendues à Nyon, siège de l'UEFA. Elles devraient être annoncées vendredi.
Les deux pays se rejettent la responsabilité de l'envahissement du terrain et des échanges de coups entre joueurs et supporteurs qui ont stoppé la rencontre le 14 octobre à Belgrade, à la 41e minute, sur le score de 0 à 0.
Les neuf "sages" de l'instance de contrôle, d'éthique et de discipline de l'Union européenne de football sont saisis de plaintes de part et d'autre. La gamme de sanctions possibles va de la simple amende à l'interdiction pour les équipes de participer aux compétitions, en passant par la fermeture de tribunes et l'interdiction d'accès aux supporteurs.
L'instance est présidée par l'Autrichien Thomas Partl, qui a trois vice-présidents, le Suisse Jacques Antenen, le Hongrois Sandor Berzi et le Danois Jim Stjerne Hansen.
La Serbie est visée pour plusieurs chefs d'accusation liés à l'organisation du match et principalement à l'envahissement de la pelouse par des supporteurs serbes qui s'en sont pris à des joueurs de la sélection albanaise.
L'Albanie, de son côté, doit répondre du déploiement d'un drapeau illicite et du refus de continuer à jouer le match, en dépit, comme l'affirme la Fédération serbe de football (FSS), d'une recommandation en ce sens venue de l'UEFA.
La FSS fait en effet valoir que l'incident déclencheur a été le survol du stade par un drone auquel était accroché un drapeau d'une carte de la "Grande Albanie", projet nationaliste visant à regrouper dans un même État les communautés albanaises des Balkans.
Le soir du match, Belgrade avait accusé Olsi Rama, le frère du Premier ministre albanais Edi Rama, d'être responsable de ce vol de drone, et donc de la flambée de tensions nationalistes provoquée par les incidents sur la pelouse.
"Déployer la carte de la Grande Albanie à Belgrade équivaut à exhiber le portait de Hitler devant des juifs", avait commenté à chaud Zeljko Petrovic, un des adjoints du sélectionneur néerlandais de la Serbie Dick Advocaat, justifiant ainsi la fureur du public serbe.
- 'Provocation politique' -
Pour Belgrade, il s'agit d'une "provocation politique préméditée" dans le but d'interrompre ce match, disputé en l'absence de supporteurs albanais.
En conséquence, la FSS réclame que la victoire lui soit accordée avec le score de 3 à 0.
La Fédération albanaise de football (FAF) a, de son côté, demandé une enquête "complète et indépendante sur les incidents qui se sont produits avant, pendant et après le match".
La FAF affirme que le bus de l'équipe avait été la cible de jets de pierres alors qu'il était en route vers le stade. Un morceau de béton, des briquets et autres objets auraient été lancés en direction de la délégation et des joueurs sur la pelouse.
Lorsque l'incident a dégénéré, des joueurs albanais ont été frappés à coups de poing mais aussi avec des chaînes, affirme la FAF. Des supporteurs scandaient "Mort aux Albanais", "tuez les Albanais", insiste-t-elle.
"L?équipe d'Albanie n'a pas refusé de poursuivre le match, c'est la violence extrême (...) des supporteurs serbes qui a rendu impossible de jouer la rencontre", a déclaré à l'AFP l'avocat de la FAF, Artan Hajdari.
Aucun représentant des deux fédérations n'était attendu jeudi au siège de l'UEFA, conformément à l'usage, qui prévoit leur présence en procédure d'appel seulement, et aucune décision ne sera annoncée avant vendredi, a-t-on appris auprès de l'instance dirigeante du football européen.
Serbes et Albanais entretiennent dans la région des relations toujours hostiles en raison de différends historiques et récents comme sur le Kosovo, ex-province serbe peuplée en majorité d'Albanais, qui a proclamé unilatéralement son indépendance en février 2008.