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Après les appels à la démission lancés par les partenaires historiques de la Fifa, comment Sepp Blatter, au coeur d'une tempête judiciaire et médiatique sans précédent et sous le coup d'une procédure pénale, peut-il se maintenir jusqu'en février prochain, date de l'élection de son successeur ?
Coca-Cola, présent au côté de la Fifa depuis 1974, mais aussi McDonald's, Visa et Budweiser: quatre des plus gros partenaires de la Fédération internationale de football sont passés à l'offensive vendredi, demandant le départ immédiat du Valaisan, âgé de 79 ans, afin que puisse être engagé l'indispensable processus de réforme.
"Pour le bien du football, la compagnie Coca-Cola demande au président de la Fifa, Joseph Blatter, de démissionner immédiatement, afin qu'une procédure de réforme crédible et viable puisse sérieusement commencer", a lancé vendredi la firme d'Atlanta.
Cet appel du plus ancien partenaire de la Fifa est d'autant plus significatif que la marque américaine et la Fédération internationale sont intimement liées depuis la signature en 1974 de l'un des premiers grands contrats de l'histoire du sponsoring sportif, à l'origine du recrutement de Blatter comme responsable du développement.
Visa et Coca-Cola font partie des partenaires dits "globaux" de la Fifa: entre 2010 et 2014, ils ont déboursé chacun 30 millions de dollars (26,8 M d'euros) chaque année pour bénéficier de ce statut et pouvoir l'utiliser dans leurs publicités et stratégies marketing.
- 'Il ne démissionnera pas' -
Le groupe Anheuser Busch InBev, maison-mère du brasseur Budweiser, sponsor de la Fifa depuis 1986 et qui avait obtenu du Brésil un amendement de la loi pour pouvoir vendre sa bière dans les stades lors du Mondial-2014, a indiqué de son côté qu'il "serait bienvenu que M. Blatter quitte son poste".
Seul partenaire à ne pas se joindre à cette position, l'équipementier sportif allemand Adidas a certes réitéré samedi ses appels à une réforme de l'organisation, sans pour autant demander le départ du Suisse. "Comme nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises par le passé, des changements de taille doivent intervenir à la Fifa, dans l'intérêt du football. Le processus enclenché de réforme doit se poursuivre de manière transparente et rapidement", écrit l'équipementier dans une déclaration transmise à l'AFP.
Adidas, partenaire depuis les années 1970 et qui a renouvelé son engagement jusqu'en 2030, est l'un des plus gros sponsors de la Fifa. L'équipementier bavarois fournit aussi ballons et tenues des arbitres des compétitions internationales.
Dans le même temps, le ministre allemand de la Justice, le social-démocrate Heiko Maas, a exprimé sur Twitter son souhait de voir au plus vite partir le Suisse. "Chaque jour de plus de présidence de Blatter est un mauvais jour pour le football", a-t-il écrit.
Face à cette levée de boucliers, et après l'ouverture le 24 septembre par la justice suisse d'une procédure pénale à son encontre pour "soupçon de gestion déloyale" et "abus de confiance", il n'est pas aisé d'évaluer la marge de manoeuvre du président Blatter.
Par la voix de son avocat, le Suisse a répliqué dès vendredi et assuré qu'il resterait à son poste jusqu'en février prochain. "Si Coca-Cola est un sponsor apprécié de la Fifa, M. Blatter est, malgré tout son respect, en désaccord avec sa position et pense que quitter son poste maintenant ne serait pas dans le meilleur intérêt de la Fifa ni ne servirait le processus de réforme. C'est pourquoi il ne démissionnera pas", a expliqué son avocat, Richard Cullen.
- Visibilité incomparable -
Mais, pour le responsable du marketing d'une grande marque européenne, non partenaire de la Fifa, interrogé par l'AFP, "la position de M. Blatter deviendra difficile à tenir si tous les partenaires de la Fifa font front commun".
"Face à un scandale planétaire, on voit le patron de Volkswagen démissionner, comment Blatter, pour le bien de la Fifa, n'en tire-t-il pas les conséquences ?", s'interroge-t-il sous couvert d'anonymat.
A l'inverse, un bon connaisseur du dossier, sollicité par l'AFP, rappelle que "ce ne sont pas les partenaires commerciaux qui pèsent le plus lourd dans les ressources de la Fifa, mais les détenteurs des droits de télévision".
De plus, ajoute cette source, "la visibilité mondiale offerte par la Coupe du monde de foot est incomparable, donc un sponsor réfléchira à deux fois avant de se retirer".
Dans l'entourage de la Fifa, il se murmure qu'un départ prématuré de Blatter ne serait pas considéré comme la solution idéale pour redorer l'image de l'instance. Car c'est Issa Hayatou, vice-président du Comité exécutif, qui statutairement assurerait l'intérim jusqu'au congrès du 26 février prochain.
Or le parcours du Camerounais n'est pas totalement exempt de faux-pas. Il a ainsi été sanctionné en décembre 2011 par le Comité international olympique, dont il est membre, pour avoir reçu une commission de la part d'ISL, qui gérait les droits marketing de la Fifa.