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L'attaquant français de Sassuolo Grégoire Defrel, le 16 novembre 2016 au centre d'entraînement du club
Il y a sept ans, il quittait Châtillon et le championnat d'Excellence (10e division) pour cracher ses poumons après dix minutes d'entraînement en Italie. Au bout de son itinéraire bis, Grégoire Defrel empile aujourd'hui les buts en Serie A avec Sassuolo et rêve des Bleus.
A quoi tient une carrière? Pour Defrel, 25 ans aujourd'hui, tout s'est probablement joué sur un dribble réussi, un seul, lors d'un match amical disputé à bout de souffle avec Parme, où il avait débarqué presque par hasard quelques jours plus tôt.
"J'avais un copain dans mon quartier à Châtillon (Hauts-de-Seine) qui avait un contact en Italie, un Sénégalais qui faisait un peu l'agent. Il est venu me voir et m'a proposé un petit test à Parme", a raconté Defrel à l'AFP.
"Comme je ne m'entraînais pas beaucoup, j'étais un peu en surpoids. Et direct ils me font faire un amical. Il faisait 40 degrés, j'ai joué cinq minutes et j'ai demandé à sortir. Je n'en pouvais plus. Mais le directeur sportif a dit qu'il avait vu quelque chose en moi, sur un geste technique où j'avais éliminé deux joueurs."
L'histoire de Defrel est rare dans le football d'aujourd'hui. Le natif de Meudon n'a pas fréquenté de centre de formation et a échappé à tous les radars des recruteurs français, sauf ceux de Montrouge et de l'ACBB, deux clubs de sa région.
"J'aurais peut-être pu commencer une petite carrière comme ça. Mais je voulais rester dans mon quartier avec mes copains, ma famille", explique celui qui joue désormais l'Europa League avec Sassuolo et serait convoité par l'AS Rome.
- 'Aller loin' -
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L'attaquant français de Sassuolo Grégoire Defrel, le 16 novembre 2016 au centre d'entraînement du club
En acceptant ces trois jours d'essai en Italie à l'été 2009, Defrel est finalement passé du foot de quartier - un entraînement par semaine, un match le dimanche - aux séances avec Crespo, Candreva ou Giovinco et à l'exigence d'un monde professionnel dont il ignorait tout.
"C'était très difficile. J'étais seul dans un centre avec les autres jeunes, je ne parlais pas un mot d'italien. Tout était nouveau pour moi. Surtout la tactique", se souvient-il.
"On voyait bien que je n'avais rien fait avant. Je ne faisais que des choses très basiques pour un attaquant. Mais j'avais la technique et la vitesse. J'ai bossé, l'entraîneur me gardait après les séances pour me montrer des déplacements. Pour les autres ça avait l'air tellement simple, mais pour moi c'était un truc nouveau."
En dehors du terrain aussi, le Martiniquais d'origine apprend le métier. "Au début, je me disais que c'étaient des conneries, le repos, l'alimentation, tout ça. Et puis j'ai pris exemple sur les +pro+ et franchement ça change tout."
Mais on ne passe pas comme ça du district à San Siro ou à l'Olimpico et après un premier match en Serie A dès 2011, l'apprentissage s'est poursuivi à la dure, via Foggia et la Serie C, puis Cesena (Serie B).
"Les premières années j'ai toujours gardé un petit doute. Chaque fin de saison je voulais rentrer. J'avais une toute petite paye, j'étais loin de la famille, des amis. Ce qui m'a fait rester ce sont les joueurs et les entraîneurs qui me disaient +Tu as quelque chose, tu peux aller loin+", raconte-t-il.
- Et les Bleus ? -
Pour sa troisième saison complète de Serie A, le Français a aujourd'hui digéré les exigences du haut niveau et trouvé de la continuité dans ses performances. Ses statistiques aussi sont en hausse, avec déjà neuf buts entre championnat et Europa League. Et l'ambition vient avec.
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L'attaquant français Grégoire Defrel après un but contre l'AS Rome, le 20 septembre 2015 au Stade Olympique
"Je ne pensais pas en arriver là mais je vois que je continue à grimper. Donc j'ai envie d'aller le plus haut possible, les plus grandes compétitions, les meilleurs clubs", dit-il.
Et encore un peu plus haut, il y a les Bleus. "Il y a des gros attaquants, c'est du lourd devant et ça ne sera pas facile", relativise-t-il. "Je suis encore un peu loin mais avec quelques buts, peut-être, je dis bien peut-être, qu'on pourra rêver de ça aussi".
Il aurait alors un nouveau maillot à offrir lorsqu'il retourne à Châtillon, dans son ancien club. "Les éducateurs appellent les petits, ils me posent des questions, demandent des conseils. Je leur dis de ne rien lâcher, qu'avec le travail, la passion et un peu de chance, on peut y arriver". Il en est la meilleure preuve.