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Gianni Infantino après son élection à la présidence de la Fifa, le 26 février 2016 à Zurich
"Une nouvelle Fifa": près d'un an après son élection à la présidence d'une fédération fragilisée par le pire scandale de corruption de son histoire, Gianni Infantino, qui promettait du changement, a écarté de nombreuses têtes et engagé des réformes, sans pour autant toujours convaincre.
Elu presque par défaut après la suspension de Michel Platini , tombé pour un versement suspect reçu de Sepp Blatter, l'ex-bras droit du Français à l'UEFA a bousculé une institution dont les méthodes de management et de gestion avaient atteint leurs limites.
Si la limitation des mandats a été actée tout comme l'élargissement du Conseil ou une place plus importante pour le football féminin, la transparence promise dans les rémunérations ne s'applique pour le moment qu'au président (1,5 million de francs suisses soit 1,4 million d'euros de salaire annuel). "Il y a encore du travail à faire évidemment, ajoutait Infantino récemment à l'AFP, mais je suis assez content et confiant pour le futur".
Pour garantir l'avenir de la Fifa, après un exercice 2015 difficile, l'Italo-Suisse a sorti de son chapeau une autre réforme inattendue: faire passer le format de la Coupe du monde de 32 à 48 équipes. Si la décision est adoptée en janvier par le Conseil, la mesure, encore loin de faire l'unanimité, s'appliquera à partir du Mondial 2026.
"Les seules réformes mises en place sont celles qui ne modifient pas fondamentalement la structure du pouvoir", juge le Britannique Patrick Nally, gourou du marketing sportif, à l'origine du premier contrat entre Coca Cola et la Fifa dans les années 70. "La Fifa continue à ressembler davantage à un petit royaume qu'à une organisation ouverte et transparente".
Pour mener à bien nombre de réformes, la Fifa "qui veut faire table rase du passé", selon un ancien cadre, a continué de faire le ménage parmi les figures d'un passé récent.
- 'Sans ménagement' -
© AFP/MICHAEL BUHOLZER
Joseph Blatter (g), alors président de la Fifa et Jérôme Valcke, alors sécrétaire général de l'instance, lors du 65e congrès de la Fifa, le 29 mai 2015
L'ex-président Sepp Blatter et son ancien secrétaire général, le Français Jérôme Valcke ont été suspendus et mis hors-jeu. L'ex-secrétaire général par intérim et ex-directeur financier, l'Allemand Markus Kattner, a lui aussi été débarqué.
La Fifa, qui a ouvert une enquête à leur encontre, accuse les trois hommes de s'être partagé 80 M dollars (75 M euros) "en augmentation de salaire annuel, bonus liés aux Coupes du monde et autres avantages".
Débarrassé de ces ombres encombrantes, Infantino a également écarté de nombreux directeurs de l'ère Blatter, "parfois sans ménagement", selon une source proche de la Fifa.
Ainsi le directeur du marketing Thierry Weil a-t-il quitté son poste. Fin octobre, le directeur médical Jiri Dvorak, en charge de l'antidopage, a dû vider son bureau. "Il n'était pas dans mon intention de quitter la Fifa de façon aussi abrupte", a réagi le Tchèque.
Parmi les autres évictions, celles de plusieurs responsables du développement ou des relations avec les fédérations et de l'Allemand Ralf Mutschke, responsable de la sécurité et ancien d'Interpol ou encore du directeur du musée de la Fifa, Stefan Jost.
Voulu par Blatter et inauguré par Infantino, le musée dans lequel 140 millions de francs suisses (130 M euros) ont été investis, est d'ores et déjà promis à la fermeture, selon une source proche.
Pour expliquer ces départs, la Fifa évoque "des restructurations".
- Pouvoir ou transparence? -
Egalement congédiés, deux chefs de service, qui selon des sources concordantes, avaient informé la Commission d'éthique de présumées violations du code d'éthique par Infantino à travers notamment l'utilisation de jets privés. Des informations à l'origine de l'ouverture d'une enquête finalement classée sans suite.
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Fatma Samoura, secrétaire générale de la Fifa, à Lima le 14 septembre 2016
Dans le même temps, Infantino a parfois surpris dans son recrutement, en nommant par exemple au poste de secrétaire général, la Sénégalaise Fatma Samoura, issue de l'ONU, sans expérience du monde du football. "Une femme à ce poste, c'est un pas important", assure Infantino.
Illustration de son manque d'expérience: en déplacement récemment en Sierra Leone, Mme Samoura a conseillé au pays de se porter candidat à l'organisation du Mondial féminin des moins de 17 ans. Le hic: ce Mondial a déjà été attribué à l'Uruguay.
Pour un bon connaisseur de l'institution, "par cette nomination, et alors même que les réformes adoptées prévoyaient de renforcer le rôle du secrétaire général, Infantino a voulu conserver le plus de pouvoir possible".
Autre nomination sujette à critiques, celle du Slovène Tomaz Vesel à la tête de la Commission d'audit, dont Domenico Scala avait démissionné avec fracas. "Il faut noter que Vesel est de la même nationalité que le nouveau patron de l'UEFA, Aleksander Ceferin", relève une autre source.
"Il était sain d'apporter du sang neuf à la direction, concède M. Nally. En se concentrant sur le renouvellement de son administration, (Infantino) s'est assuré de disposer de collaborateurs loyaux et donne l'image dans le grand public de changements significatifs. Mais là encore la transparence n'est pas plus grande qu'avant".