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© AFP/Alberto Pizzoli
Thomas Di Beneddetto, homme d'affaires basé à Boston et actionnaire majoritaire dans le club italien de l'AS Rome, le 14 juillet 2011 au camp d'entraînement du club romain à Trigoria
Roma sauce américaine et Inter mode indonésienne au menu de la Serie A: l'AS Rome et l'Inter Milan, deux géants du football italien, sont désormais aux mains de capitaux étrangers, confirmant la valeur marchande du calcio.
Après l'arrivée en 2011 des Bostoniens Thomas DiBenedetto et James Pallotta à la tête du club de la capitale, dont ils possèdent 69%, l'Indonésien Erik Thohir vient de racheter 70% de l'Inter Milan, le dernier club italien champion d'Europe, en 2010.
Comme l'Angleterre (les deux Manchester, Chelsea,...) ou la France (Paris SG, Monaco), la Serie A attire désormais les riches investisseurs d'autres continents. Le changement est encore plus radical en Italie, où les clubs étaient depuis toujours la propriété de grandes familles italiennes.
Mais les Sensi ont lâché la Roma comme les Moratti ont vendu l'Inter.
Certes, la Juventus reste à la Fiat et aux Agnelli, le Milan AC aux Berlusconi, de Silvio à Barbara, et la Fiorentina aux frères Della Valle, les patrons du chausseur Tod's. Mais tous ces grands noms de l'industrie italienne cherchent eux aussi de nouveaux actionnaires à l'étranger.
"Sortir du provincialisme"
Le Milan a noué des contacts avec l'Iran. Un milliardaire russe, Youri Korabline, a racheté le club historique de Venise (4e div.) après sa faillite et le président de Palerme (2e div.), Maurizio Zamparini, travaille avec des Saoudiens.
Un tel changement ne va pas sans déchirements. Vendre les deux tiers de l'Inter "n'a évidemment pas été facile", admet Massimo Moratti. Mais d'un point de vue pragmatique, il était juste d'avoir un associé. Thohir apporte l'enthousiasme des pays en pleine croissance, qui voient l'Inter "comme un bijou exportable."
Les historiques Giallorossi romains avancent les mêmes arguments. "Ça fait 21 ans que je suis pour la mondialisation, le but est de mettre sur pied une grande Roma", explique Filippo Marra, administrateur du club depuis la période des Sensi.
"Moi, je dis que tout partenaire doté de solidité, +know how+ (savoir-faire), prestige et volonté de bien faire doit être pris en considération. La Roma a besoin d'élargir son horizon, de sortir un peu du provincialisme", ajoute-t-il.
Pas de mécène
Les riches et passionnés présidents italiens n'ont plus les moyens de dominer l'Europe, comme ils le faisaient encore au début des années 2000. Ils commencent à partager leurs clubs avec des fortunes venues de l'étranger, mais n'ont pas encore trouvé de mécène prêt à investir sans compter comme les Qataris du Paris SG ou le Russe Roman Abramovitch à Chelsea.
L'objectif est aussi de mieux vendre le foot italien à l'international, démarche entreprise de longue date par les clubs anglais.
Pour développer sa marque, l'+US Roma+ organise ses tournées estivales sur le continent nord-américain et s'active sur les réseaux sociaux (250.000 suiveurs sur le compte Twitter @OfficialASRoma), en anglais et en italien.
"Il faut que les gens aiment venir au stade, consommer au stade, et souvent cela ne se produit pas comme ça en Italie", avait expliqué DiBenedetto lors de sa prise de pouvoir.
C'est aussi l'idée de Thohir, spécialiste du redressement des clubs sportifs avec plus-value (Washington DC United en foot, Philadelphia 76ers en basket). Il compte ainsi s'appuyer sur la base de fans nerazzurri du continent asiatique.
"On peut aimer nos couleurs même en venant de si loin, a reconnu Sandro Mazzola , star de la grande Inter, et il me semble qu'il (Thohir) a déjà compris beaucoup de choses."
Le nouveau président indonésien n'a pas promis d'investissements somptuaires aux tifosi, mais il s'est déjà fait bien voir en entonnant publiquement leur chanson préféré ("Chi non salta rossonero è", "Qui ne saute pas est +rossonero+", donc de l'AC Milan), joignant le geste à la parole.