Happy Birthday : |
En signant à Rennes, son club formateur, Yoann Gourcuff tente un retour aux sources qui est sans doute aussi sa dernière chance de retrouver son immense talent et de renouer avec un avenir qui semblait si radieux.
Il y a des gens qui naissent avec tous les atouts, ou presque... Yoann Gourcuff , 29 ans, est de ceux-là.
Fils de Christian Gourcuff, entraîneur apôtre du beau jeu, doué pour le foot mais aussi pour le tennis - il était le meilleur jeune de Bretagne avant d'entrer au centre de formation -, Yoann a croulé très tôt sous les superlatifs.
Présenté dès ses premières apparitions professionnelles comme le successeur de Zinédine Zidane, dont il partage la technique soyeuse, le caractère introverti et la maîtrise des coups de pieds arrêtés, son aura va aussi très vite déborder largement le cadre strictement sportif, en raison de son physique avantageux.
- Manque de confiance en soi -
Mais cette image idyllique se transforme vite en boulet pour un joueur dont la confiance en soi n'a jamais été la qualité première.
Courtisé dès le centre de formation par de grands clubs européens, il signe pro à 17 ans à Rennes où il connaît des débuts progressifs et couronnés de succès, à l'image de la 4e place obtenue en 2004/2005.
En 2006, à un an de la fin de son contrat qu'il ne souhaite pas renouveler, c'est le Milan AC des Kaka, Seedorf ou Pirlo qu'il choisit. Il y passe deux saisons mitigées sur le terrain et déjà compliquées en dehors, à en croire Paolo Maldini , caution morale incontestable des rossoneri.
"Il s'est passé beaucoup de choses. Des choses qu'il n'est pas possible de raconter. Mais, lui, il sait très bien ce qu'il a fait", avait-il déclaré en 2010 dans L'Équipe, de façon assez sibylline.
Incapable de s'imposer, Gourcuff obtient de se faire prêter à Bordeaux pour la saison 2008/2009 où il éclate enfin.
Son but face au PSG, avec deux doubles contacts et une frappe de l'extérieur lors de la 20e journée (4-0), reste emblématique de cette saison parfaite, couronnée par le titre de champion pour Bordeaux et celui de meilleur joueur de L1 pour Gourcuff. Un état de grâce qui ne dure guère.
L'année suivante est décevante. Malgré une première partie de saison prometteuse, Bordeaux s'effondre sur la phase retour, et Gourcuff fréquente déjà avec assiduité l'infirmerie des Girondins.
Le Mondial sud-africain à l'été, au cours duquel il est le souffre-douleur de toute une frange de l'équipe de France, Franck Ribéry en tête, vient couronner une saison pénible, et il décide de changer d'air.
- La folie d'Aulas -
Il opte pour Lyon où le président Jean-Michel Aulas est prêt à toutes les folies pour l'attirer.
Un transfert à 22 millions d'euros, un salaire mirobolant, une présentation de superstar devant 15.000 supporteurs... Et au final un fiasco sportif sans pareil: 600 jours à l'infirmerie sur ses cinq saisons lyonnaises, et une seule saison à plus de 20 matches de Ligue 1, sa première (2010/2011).
Au total, le passage de Gourcuff à l'OL, transfert plus salaires, aura coûté plus de 60 millions d'euros à l'OL.
Pire, Gourcuff a largement écorné son crédit en donnant l'image d'un joueur douillet, plus à l'écoute de son corps qu'aux besoins de l'équipe, à l'image de sa sortie de sa propre initiative, à la 47e minute du match contre Nice la saison dernière, sans un mot pour son entraîneur ou ses coéquipiers.
"Ce besoin d'être à 100% pour jouer est difficile à comprendre pour l'ensemble de l'équipe, du club", avait confié quelques semaines plus tôt, de façon presque prémonitoire, le capitaine Maxime Gonalons.
"Cela restera une déception, mais cette déception existe des deux côtés (...) Sans doute que le club aurait pu agir différemment par moments, en termes de soutien, mais (Yoann) doit aussi faire son autocritique", a commenté Hubert Fournier.
A Lyon, Gourcuff a pourtant su montrer des éclairs de génie par instants. Avec ce retour à Rennes au terme d'un long feuilleton, il a choisi l'environnement le plus confortable. Mais le vrai suspense commence maintenant: rejouera-t-il un jour à son vrai niveau?