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© AFP/FRANCK FIFE
Le Rennais Joris Gnagnon au duel avec Edinson Cavani
, l'attaquant du PSG, au Parc des Princes, le 6 novembre 2016
"Même à 30 millions d'euros il ne part pas". Le rejet catégorique adressé par Christian Gourcuff aux appétits sévillans pour Joris Gnagnon cet hiver montre l'importance prise en quelques semaines par le défenseur de Rennes (20 ans), qui va frotter aux attaquants du PSG mercredi en Coupe de France.
Les Espagnols, qui ont toujours un ?il sur les jeunes joueurs français, avaient transmis une offre de 10 M EUR au président René Ruello. Il se murmurait aussi que des clubs anglais étaient prêts à mettre davantage. Tout cela pour un joueur qui ne compte qu'une vingtaine d'apparitions en équipe première.
On mesure ainsi l'accélération prise par la carrière de ce garçon de la banlieue nord parisienne qui a toujours tout fait très vite, depuis les catégories de jeune des clubs de Clichy-sous-Bois et Montfermeil où il était constamment surclassé.
Les recruteurs ont pourtant mis du temps à croire en lui. Ce n'est qu'à 17 ans que Saint-Étienne, Reims et Rennes lui offrent un contrat d'aspirant.
Il opte pour le club breton en avril 2014 et en un an et demi, il va passer des moins de 19 ans à l'équipe première, Philippe Montanier puis Rolland Courbis lui offrant ses premières apparitions professionnelles: 7 matches de Ligue 1, dont deux comme titulaire et un de Coupe de la Ligue.
Cette saison, il a dû patienter jusqu'à fin octobre, et les blessures de Mexer et de Ramy Bensebaini pour avoir sa chance, mais depuis, il n'a plus quitté le onze titulaire, dégageant déjà une assurance et une sécurité de vieux briscard.
Sur le terrain, Joris Gnagnon, c'est avant tout une morphologie massive: 88 kg pour 1,82 m.
Des proportions inhabituelles pour un stoppeur même si elles rappellent Bruno N'Gotty ou Martin Djetou, avec qui il partage des cuisses très développées.
Un physique pas toujours très affûté dans sa jeunesse, avec lequel il doit aujourd'hui continuer à lutter.
- Pas qu'un physique -
Mais sur le terrain, cette masse musculaire lui confère une puissance impressionnante. Ses adversaires directs peuvent en témoigner.
"Joris, quand je l'ai au duel à l'entraînement, on sent qu'il est présent dans l'impact physique... Il a aussi un bon jeu de tête. On sent qu'il va mûrir en enchaînant les matches", a dit de lui l'avant-centre Giovanni Sio.
Les un contre un, "c'est ce que j'aime le plus", a confié le défenseur dans un sourire samedi après le match contre Nantes, au cours duquel il a sauvé un point en égalisant d'une déviation de la tête - l'un de ses points forts - dans les derniers instants de la partie.
Un premier but dans le derby breton qui ne fera qu'asseoir davantage sa popularité auprès des supporters rouge et noir qui l'ont déjà élu meilleur joueur rennais pour novembre et décembre.
Mais limiter Gnagnon à son physique serait une erreur.
Parfois aligné milieu offensif en jeunes - ce n'est qu'à Rennes qu'il se fixera en défense -, il dispose d'une aisance technique et d'une agilité que son gabarit ne laisse pas forcément deviner.
© AFP/FRED TANNEAU
Le défenseur rennais Joris Gnagnon s'interpose devant Yannis Salibur (Guingamp), en Ligue 1, le 21 janvier 2017 au Roudourou
"Il s'appuie sur un gros potentiel athlétique, mais pas seulement et au niveau de la relance, il est intéressant" a souligné Christian Gourcuff. Des mots qui pèsent lourd dans la bouche d'un esthète du jeu, réputé pour son intransigeance dans ce domaine.
Ce diamant brut reste à polir, il en est le premier conscient.
"A chaque fois que je suis sur le terrain, j'essaye de me donner à 200%. Après, je ne suis pas parfait, il y a des matches où je vais passer à côté, mais j'essaye de travailler à l'entraînement pour être bon chaque week-end", a-t-il expliqué samedi.
Conscient du joyau qu'il possède, Rennes a d'ailleurs verrouillé un peu plus son avenir en prolongeant, la semaine dernière, son contrat de deux ans, jusqu'en 2021, en même temps qu'Adama Diakhaby, autre grand espoir du club. Avec eux, Rennes peut espérer voir loin.