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Faire oublier Carlo Ancelotti : voici le défi de l'Espagnol Rafael Benitez , nommé mercredi entraîneur du Real Madrid avec la tâche de ramener le club au sommet et d'éclipser son prédécesseur italien, artisan très apprécié du sacre en Ligue des champions l'an dernier.
C'est un retour aux origines pour "Rafa" Benitez, qui signe pour trois saisons. Le technicien, né à Madrid il y a 55 ans, a joué avec la réserve du club merengue (1974-1981), le Real Madrid Castilla, dont il a également été l'entraîneur (1993-1995).
"C'est un jour très émouvant, de revenir ici, dans ma maison", a déclaré Benitez, la voix étranglée par l'émotion, lors de sa présentation au stade Santiago-Bernabeu.
Le technicien avait aussi été brièvement l'adjoint de Vicente Del Bosque sur le banc de l'équipe première lors de la saison 1993-1994, avant de connaître le succès à Valence (2001-2004) puis à Liverpool (2004-2010), avec notamment une Ligue des champions conquise en 2005.
Mais celui qui vient d'achever sur une note négative son expérience de deux ans à Naples (5e place en Serie A) va devoir démontrer qu'il peut répondre aux exigences de ce club ultra-exposé médiatiquement.
"Je promets du travail, de l'implication, j'ai une bonne équipe de travail avec moi", a affirmé Benitez. "J'espère que les choses se passeront bien, que nous gagnerons des titres et que l'équipe jouera bien."
- Vaincre, mais surtout convaincre -
Assumer la succession de Carlo Ancelotti s'annonce difficile. En deux saisons à Madrid, l'Italien a gagné l'affection du public en remportant dès sa première année la tant attendue "Decima", la dixième C1 de l'histoire du club.
Et sa gestion tout en rondeur lui a valu le soutien affiché du vestiaire et de la star Cristiano Ronaldo . Ce qui n'a pas empêché le président Florentino Perez de limoger l'Italien au terme d'une seconde saison décevante.
"Nous commençons une nouvelle étape, convaincus que ce nouvel entraîneur nous rendra plus fort", a déclaré Perez lors de la présentation de Benitez, qu'il a qualifié d'"homme de la maison". "Ton c?ur est madrilène et les rêves des supporteurs dépendent de toi", a-t-il ajouté.
Rafael Benitez sait donc à quoi s'attendre: il va devoir vaincre mais surtout convaincre.
Certes, le technicien a pour lui une culture tactique reconnue, un palmarès solide et il a remporté des titres dans tous les clubs où il est passé depuis quinze ans.
Mais le grand fait de gloire de "Rafa" reste son sacre renversant avec Liverpool en finale de la Ligue des champions 2005 face à l'AC Milan d'Ancelotti (3-3, 3 t.a.b. à 2), alors que les Milanais menaient 3-0 à la pause.
C'était il y a dix ans déjà et depuis, malgré ses séjours dans trois autres clubs majeurs (Inter Milan en 2010, Chelsea en 2012-2013, Naples entre 2013 et 2015), Benitez n'a remporté qu'un seul titre vraiment marquant: une Europa League avec les Blues en 2013.
- Entraîneur frileux? -
En outre, sa capacité à prendre en douceur la suite d'Ancelotti reste à démontrer: à l'Inter, par exemple, il était toujours resté dans l'ombre de son flamboyant prédécesseur José Mourinho et s'était ensuite brouillé avec le propriétaire du club.
A Madrid, il faudra composer avec Florentino Perez, président que l'on prétend très interventionniste et dont Benitez est le dixième entraîneur en douze années de mandats (2000-2006 et depuis 2009).
Reste à savoir aussi si les joueurs du Real, qui appréciaient la proximité bonhomme d'Ancelotti, vont s'entendre aussi bien avec Benitez.
"Il fera de Ronaldo un grand défenseur", a ironisé sur Twitter l'attaquant néerlandais Ryan Babel, ancien de Liverpool.
Cette image d'entraîneur frileux domine en Espagne et Benitez devra s'attacher à la faire voler en éclats. Contrairement aux idées reçues, son Napoli disposait d'ailleurs d'une attaque de feu et d'une défense très friable.
Mais au Real, il faudra avoir tout bon pour durer.