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Le 12 décembre 2013, un représentant du Qatar pose à côté de la Coupe du Monde présentée dans le cadre d'une tournée mondiale au Qatar, futur hôte de la compétition en 2022
Rien ne contre-indique la pratique du sport de haut-niveau sous de fortes chaleurs, a expliqué à l'AFP Sébastien Racinais, un physiologiste français installé au Qatar, alors que la polémique fait rage sur la Coupe du monde 2022 dans l'émirat.
Des températures jusqu'à 50 degrés sont attendues pendant la compétition. Mais outre que les stades seront ventilés, les équipes peuvent se préparer à cette chaleur, a précisé l'expert d'Aspetar, la clinique du sport de Doha.
Question: Est-il dangereux de jouer au foot par 50 degrés ?
Réponse: Il existe de nombreux exemples qui démontrent qu?il est possible de faire du sport en environnement extrême. On a beaucoup parlé de la chaleur et de l?humidité des JO de Pékin en 2008. On écrivait partout qu?il serait impossible de courir le marathon en moins de trois heures. A l?arrivée, le temps du marathon était de 2h06, record olympique battu de trois minutes. Donc c?est possible. Toutefois, cela demande de la préparation de la part des équipes et des athlètes, pour non seulement entraîner le corps à réagir mais aussi augmenter ses capacités de réaction. On va augmenter la capacité du corps à dissiper de la chaleur. Les glandes sudoripares, qui nous permettent de suer, vont augmenter leur niveau d?activité. On va pouvoir dissiper plus de chaleur. En parallèle, la personne va réduire la concentration en électrolyse dans sa sueur, c?est-à-dire qu?elle va être capable de maintenir son niveau de sels minéraux. Dans tous les essais que nous avons faits, y compris en milieu de journée entre midi et deux heures, on n?a jamais constaté de pathologies liées à la chaleur. Le problème de l?environnement chaud, c?est qu?il va limiter la capacité du sportif à thermo-réguler son corps. Mais les climats tropicaux sont plus délétères à la performance que les climats chauds et secs.
Q: Donc une compétition en été ne serait pas ingérable ?
R: Cela va demander une gestion particulière. Les athlètes vont devoir s?adapter à la chaleur en s?entraînant en environnement chaud. Certains vont s?adapter très vite, d?autres plus lentement. La durée moyenne va être de dix jours à deux semaines. Si on compare un match en environnement tempéré et un match en environnement chaud, on constate que le niveau de fatigue à la fin du match et la récupération à 24 et 48 heures restent la même. Les équipes vont donc devoir adapter leurs stratégies de récupération mais vont être capables de jouer à la même fréquence. Ils vont courir moins de distance mais pouvoir sprinter à la même vitesse, voire plus vite. Par ailleurs, en environnement chaud, le taux de succès des passes est meilleur. Les équipes courent moins, la pression de l'adversaire est moindre.
Q: Que se passerait-il pour un joueur non préparé ?
R: Dans un match de foot, l?activité en elle-même est assez complexe. Un individu non préparé va devoir réduire son activité totale. Un joueur court en moyenne 10 kilomètres pendant un match. En environnement chaud, il va courir probablement autour de 9 ou 9,2 kilomètres. Ce qui est très intéressant, c?est que les joueurs réservent leur énergie pour les phases importantes du match. Les actions décisives resteront les mêmes, mais entre les actions, les joueurs réduiront leur activité.
Q: La compétition en été sera donc compliquée surtout pour les spectateurs?
R: Probablement. Ceux qui ont un niveau physique inférieur et qui n?ont aucune expérience de la chaleur, car ils n?auront pas fait de stages d?entraînement, auront plus de difficultés. Les spectateurs seront ceux qui bénéficieront le plus des adaptations technologiques, telles que le refroidissement des stades ou des zones ventilées.