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© AFP/FRANCK FIFE
L'entraîneur du PSG Unai Emery lors du match contre l'OM, le 19 octobre 2016 au Parc des Princes
Entre choix tactiques controversés, joueurs qui râlent et résultats mitigés, les tensions se cristallisent autour de l'entraîneur du Paris SG, Unai Emery, après le terne 0-0 concédé face à Marseille dimanche dans le clasico de la Ligue 1.
On peut considérer le technicien espagnol courageux, incompris, malchanceux, mais un constat s'impose: il ne suscite manifestement pas l'adhésion de ses joueurs, et notamment des cadres.
L'explication de gravure du 26 septembre après le revers cuisant à Toulouse (2-0 en L1) et avant la victoire laborieuse en Bulgarie (3-1 contre Ludogorets en C1) avait posé un premier jalon dans la relation compliquée entre le successeur de Laurent Blanc et ses troupes.
Dimanche, nouvelle crispation dès la sortie spectaculaire de Marco Verratti . Le milieu italien, lors de son remplacement à l'heure de jeu par Blaise Matuidi , a d'abord parlé à son entraîneur, la main devant la bouche pour masquer ses propos.
Puis il s'est ostensiblement adressé aux autres membres du staff sur le banc, gestes des bras à l'appui: "Mais c'est quoi ça ? Il dit que je suis mal; je suis mal?", sans rien masquer cette fois de son désaccord, capté par les caméras de Canal+. Comme une forme de défiance.
Cette réaction épidermique contestant ouvertement le choix de l'entraîneur et prenant les observateurs à témoin en dit long sur le malaise autour de l'entraîneur dans sa gestion du groupe et des ego.
- Matuidi et Ben Arfa -
La sortie d'Angel Di Maria s'est faite sur un mode plus sobre mais pas moins dépité: le visage fermé, l'Argentin a ignoré le technicien basque en quittant le terrain, où il avait rendu une copie proche de zéro, à déchet maximal. Enervé contre lui-même, ou énervé par la tactique du coach?
"C'est normal que les joueurs soient énervés, ils veulent jouer, et sont frustrés par le résultat, a tenté de relativiser l'entraîneur. Mais c'est ma décision, je fais ce que je pense être le mieux pour l?équipe".
"Je préfère un joueur qui s'énerve parce qu'il veut jouer, qu'un joueur qui ne veut pas rentrer. Mais c'est normal, c'est du caractère et c'est bon", a-t-il ajouté.
Sa décision de ne pas titulariser Matuidi interroge concernant un titulaire jusqu'alors indiscutable au PSG comme en équipe de France, et qui figure toujours parmi les meilleurs joueurs dans les clasicos.
Le milieu a fait une excellente rentrée, et si Edinson Cavani n'avait raté l'immanquable sur son centre de la dernière chance, Emery aurait peut-être été gratifié d'un coaching gagnant, ou bercé de regrets de ne pas l'avoir titularisé.
Le cas Hatem Ben Arfa continue d'interpeller. Depuis qu'il a été réintégré dans le groupe début octobre, il ne dispute invariablement que les toutes fins de matches, une grosse dizaine de minutes seulement lors de chacune des quatre dernières rencontres.
- Manière et résultat -
Toutes ces questions surgissent car un club du standing du PSG, quadruple champion en titre et auteur de deux quadruplés nationaux d'affilée, ne peut se permettre d'abandonner dans la durée le jeu et les résultats.
Les résultats sont mitigés, avec deux défaites déjà en dix matches de L1 (soit autant qu'en 38 la saison dernière) et six points de retard sur le leader niçois.
Et quand dans le passé récent les victoires s'enchaînaient (Ludogorets, Bordeaux, Nancy, Bâle), une seule s'est avérée probante, celle clinique face aux Girondins, et les trois autres poussives voire très heureuses.
Dimanche contre l'OM nouvelle manière de Rudi Garcia, il y avait certes un bloc défensif en face, qui a crânement parié sur le nul vierge au point d'abandonner toute ambition offensive, avec cette statistique éloquente de zéro tir, une première en L1 depuis au moins dix ans.
Mais une équipe venue au Parc des Princes pour y décrocher un point synonyme de victoire, c'est courant. De la friture sur la ligne au PSG entre l'entraîneur et ses joueurs, depuis quelques années, ça l'est moins.