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© AFP/BERTRAND LANGLOIS
Manifestation de membres du Virage Auteuil, le 15 mai 2010 à Paris
L'éventualité d'un retour des Ultras au Parc des Princes prend peu à peu de l'épaisseur: après une réunion avec des représentants de supporters la semaine dernière, le président du Paris SG a rencontré la Préfecture de police jeudi, celle-ci prenant ensuite "acte" de la volonté du club d'accueillir ses "supporters Ultras".
. Besoin de "plus d'ambiance"
C'est la Préfecture qui le dit, jeudi soir, dans un communiqué: le Paris SG veut "accueillir en tribune les supporters Ultras du club", par le "biais de ventes individuelles de billets". Après cette rencontre avec Nasser Al-Khelaïfi, l'autorité publique "prend acte" de cette volonté, mais prévient aussi qu'elle "s'opposera à la poursuite de cette présence" en cas d'"incidents constatés".
L'homme fort du club, arrivé à la tête du Paris SG en 2011 à la suite du rachat par le Qatar, ne fait pas mystère de sa volonté de retrouver un Parc des Princes plus bruyant, jouant pleinement son rôle de 12e homme. Le PSG a "besoin de plus d'ambiance dans le stade", martèle-t-il depuis plusieurs mois.
Or le Parc sonne parfois creux, comme l'a chanté le rappeur Jazzy Bazz dans un morceau, "Ultra parisien", visionné plus d'un million de fois sur YouTube depuis sa mise en ligne fin février: "bien avant les Zlatan, bien avant que préside Nasser", il y avait "plus d'ambiance à l'époque de Francis Llacer".
Cet ancien défenseur portait le maillot du Paris SG lors de la décennie 90, bien avant la mise en place, en 2010, du plan Leproux (du nom d'un ancien président du club) qui avait réorganisé les tribunes du Parc des Princes et vu la dissolution des groupes de supporters pour mettre un terme aux violences émaillant les matches du club de la capitale.
. "Strictes conditions de sécurité"
C'est avec cet héritage que le PSG prend aujourd'hui un peu de distance, en renouant le dialogue avec certains collectifs de supporters. Parmi ceux-ci, le Collectif Ultras Paris (CUP) fait figure de principal interlocuteur. Jeudi soir, il a réagi sur Twitter en déclarant qu'"une nouvelle page est en train de s'écrire pour le mouvement supporter à Paris".
"Nous prenons acte de l'avis favorable de la préfecture de Police de Paris suite à la réunion qui a eu lieu ce jour", a encore écrit le collectif. "Une étape est franchie dans le rapprochement entre le club et ses ultras, qui initie de façon sereine la mise en place d'un cadre élaboré conjointement."
Contacté jeudi soir par l'AFP, le porte-parole de l'Adajis, un autre interlocuteur du PSG dans ce dossier, James, qui ne souhaite pas donner son nom pour des raisons professionnelles, a expliqué, qu'il y a "un travail qui s'enclenche pour que les gens qui veulent être des supporters actifs puissent se rassembler".
"Rien ne se fera sans de strictes conditions de sécurité, on est tous d'accord là-dessus et il va falloir laisser un peu de temps pour que tout ça se mette en place", a-t-il encore exposé. Le 22 septembre, des représentants du CUP et d'Adajis avaient rencontré le directeur général délégué du PSG, Jean-Claude Blanc.
Le club de la capitale n'a pas souhaité réagir jeudi soir.
. Le Paris SG décisionnaire
La déclaration de la Préfecture de police constitue-t-elle un feu vert au retour des Ultras? Selon Me Pierre Barthélemy, conseil de plusieurs associations de supporters dont l'ADAJIS et bon connaisseur du dossier, la préfecture n'avait pas légalement possibilité de s'opposer à la décision du Paris SG, quelle qu'elle soit.
"Dès lors qu'une personne n'est pas interdite de stade et respecte les conditions générales de vente et le règlement intérieur du stade établis par le club, les pouvoirs publics ne peuvent pas juridiquement interdire le club de lui vendre une place ou un abonnement", décrypte-t-il auprès de l'AFP. "En droit, la Préfecture ne peut pas interférer dans la relation commerciale liant le PSG à ses supporters."
Elle peut en revanche prononcer une interdiction administrative de stade "si elle estime qu'un supporter a commis un acte grave ou adopte un comportement d'ensemble de nature à troubler l'ordre public". Mais quant à savoir si des Ultras, organisés ou non en parcage, reviendront au Parc des Princes, quand et sous quelles conditions, c'est au Paris SG que revient la décision. Sans doute sous forme de test, au moins dans un premier temps.