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La dépouille du légendaire Eusébio, "roi" des footballeurs portugais, a fait son entrée solennelle vendredi au Panthéon national après avoir traversé la ville de Lisbonne lors d'un ultime hommage rendu par ses compatriotes.
Le décès le 5 janvier 2014 d'Eusébio da Silva Ferreira à l'âge de 71 ans, premier joueur noir à être élu Ballon d'or en 1965, avait suscité une vive émotion au Portugal et à travers le monde du football.
Le jour de son enterrement, des dizaines de milliers de personnes étaient sorties dans les rues de Lisbonne pour pleurer l'ancienne gloire de l'équipe nationale, qu'il avait portée jusqu'à la troisième place de la Coupe du monde 1966, et du Benfica, son club de toujours.
Ils étaient nettement moins nombreux vendredi au long du parcours d'une vingtaine de kilomètres qui s'est terminé sur le parvis du Panthéon pour une cérémonie officielle en présence des plus hautes personnalités de l'Etat et du football portugais, à l'exception de Cristiano Ronaldo et de José Mourinho.
"Je rends ici mon hommage à un compagnon inégalable, un homme admirable, au plus grand sportif que le Portugal a jamais connu", a déclaré dans son éloge funèbre l'ancien coéquipier d'Eusébio, Antonio Simoes.
"C'est une des personnalités les plus captivantes que j'ai rencontrées, qui faisait preuve d'une humilité aussi grande que son génie", a souligné le président de la République Anibal Cavaco Silva.
Un peu plus loin, plusieurs centaines de Lisboètes agitaient des mouchoirs blancs en criant "au revoir Eusébio", "merci!"
- Premier sportif -
En février dernier, les députés avaient décidé à l'unanimité d'accorder les honneurs du Panthéon national à Eusébio, premier sportif à y faire son entrée. Il y a rejoint la diva du fado, Amalia Rodrigues, ainsi que plusieurs écrivains et diverses personnalités politiques.
Vendredi en milieu d'après-midi, le corbillard contenant son cercueil, recouvert du drapeau portugais, a donc quitté le cimetière de Lumiar, dans le nord de Lisbonne.
Le convoi, escorté par une vingtaine de motos de la gendarmerie nationale, s'est d'abord arrêté pour une messe en présence des proches du footballeur.
Le cortège a ensuite fait le tour de l'extérieur du stade de la Luz, où le Benfica avait érigé une statue d'Eusébio de son vivant, avant de s'engager dans les grands boulevards en direction de la Fédération portugaise de football puis du Parlement national, où il s'est arrêté brièvement.
Le cercueil, posé alors sur une charrette et tiré par un attelage de chevaux, a longé le cours du Tage à travers le vieux Lisbonne jusqu'à la colline où s'élève la coupole du Panthéon, une bâtisse de style baroque datant de la fin du 17e siècle.
- Icône du Portugal des 'trois F' -
"Avec Amalia, Eusébio reste le plus grand représentant du Portugal dans le monde. C'est comme Pelé au Brésil", a témoigné José Manuel Campos, un retraité de 63 ans vêtu du maillot rouge du Benfica, qui attendait le passage du cortège aux abords du Panthéon.
Né le 25 janvier 1942 à Maputo, capitale du Mozambique, alors une des colonies africaines du Portugal, Eusébio a été recruté à 19 ans par le Benfica pour ses exceptionnelles qualités techniques et physiques.
Surnommé la "panthère noire", ou simplement le "roi", il a remporté en 1962 l'ancêtre de la Ligue des champions, la Coupe d'Europe des clubs champions, en signant deux des buts d'une finale d'anthologie remportée par le Benfica face au Real Madrid de Puskas et Di Stefano (5-3).
Les 733 buts inscrits en 745 matches sur l'ensemble de sa carrière en disent long sur ce redoutable attaquant, véloce et puissant.
Empêché par le dictateur Antonio Salazar de signer pour un club étranger, Eusébio était resté 15 ans au Benfica, devenant malgré lui une des icônes du Portugal des "trois F" - fado, football et Fatima - à l'instar d'Amalia Rodrigues.