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Louis Van Gaal
alors manager de Manchester United, lors d'un match de Coupe d'Angleterre face à West Ham, le 13 avril 2016
"Je suis démocrate mais, bien sûr, j'ai une forte personnalité". Avec la retraite de l'entraîneur néerlandais Louis Van Gaal , 65 ans, c'est un sacré personnage du foot qui raccroche, entre riche carrière et management cassant.
"Je ne crois pas que je retournerai travailler", a-t-il déclaré au quotidien néerlandais De Telegraaf après avoir reçu lundi soir à La Haye un prix saluant l'ensemble de sa carrière.
Malgré l'intérêt de la Chine, qui lui offrait des ponts d'or, l'ancien milieu de terrain a préféré tout arrêter, notamment en raison d'un drame familial, le décès d'un gendre.
Cet homme élancé au nez épaté de boxeur, c'est, côté pile, principalement la Ligue des champions 1995 avec l'Ajax Amsterdam, la fibre néerlandaise revivifiée au FC Barcelone avec deux titres de champion d'Espagne, et la 3e place au Mondial-2014 avec les Oranje; bref, une kyrielle de titres, faits d'armes et grands clubs fréquentés.
Côté face, un personnage rude, voire antipathique selon ses détracteurs, parmi lesquels beaucoup de ses joueurs. Car l'ancien prof d'éducation physique était plus professoral que pédagogue, et dans la démocratie des ego, c'est le sien qui primait.
- Intransigeance -
Franck Ribéry l'a croisé au Bayern Munich et a tout lâché dans les médias allemands: "c'est une mauvaise personne, avec lui, même les meilleurs joueurs doivent refaire leurs preuves; dès le premier contact, ça sentait mauvais". Et le Français n'est pas le seul à se plaindre.
L'ex-joueur oranje Mark Van Bommel a révélé début janvier une très vive explication avec l'alors sélectionneur national fin 2010. "J'ai éclaté en sanglots, tellement j'étais affecté", avoue dans la presse néerlandaise celui qui incarnait pourtant le vice dans le jeu.
Van Gaal a une ligne de conduite: la ligne dure. Les joueurs ? Il détruit leurs statuts et les loge tous à la même enseigne, et gare à qui le conteste. Les clubs ? Il cherche un contrôle total et ferraillera souvent avec sa direction. La presse ? Son côté bon client se double d'une morgue qui amène les médias à se liguer contre lui.
Surtout à Manchester United (2014-mai 2016), où son passage est très houleux. Malgré des investissements massifs, il échoue à remettre les Red Devils au sommet, avec des classements hors podium en championnat assortis de parcours avortés en coupes d'Europe.
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Louis Van Gaal
brandit le trophée de la Coupe d'Angleterre remportée avec Manchester United, le 21 mai 2016 à Wembley
Mais, outre sa célèbre chute sur le bord du terrain pour mimer une simulation d'un joueur d'Arsenal en février dernier, il laisse aussi dans la mémoire collective de MU le premier trophée depuis l'ère Alex Ferguson, la Coupe d'Angleterre 2016.
- Suavité brésilienne -
Le climat délétère à sa sortie contraste avec son bel été 2014. Ses Oranje finissent 3e de la Coupe du monde, invaincus en sept matches (15 buts marqués, quatre encaissés dont deux penalties), avec notamment des cartons contre l'Espagne tenante du titre (5-1) et le Brésil hôte (3-0).
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L'entraîneur des Pays-Bas Louis van Gall (c) parle à ses joueurs avant la séance des tirs au but face au Costa Rica au Mondial, le 5 juillet 2014 à Salvador (Brésil)
Et puis il y a son coup de génie, lorsqu'il change de gardien juste avant la séance de tirs au but face au Costa Rica en quart de finale. La doublure Krul, auteur de deux arrêts, n'est pourtant pas un spécialiste des penalties, mais Van Gaal veut perturber les tireurs costariciens. Réussi. Aux Pays-Bas, il devient Louis van "Génial".
Lui qui s'était formé dans la tradition du 4-3-3 néerlandais prend aussi ses libertés tactiques, en jouant en 5-3-2 puis en 3-4-3, en assumant un jeu de contre.
Etait-ce dû à l'émollient climat brésilien? LVG se montre en tout cas sous un autre jour, moins glacial. Pendant le Mondial, il offre ainsi trois jours de congé à ses joueurs, égaillés sur la plage d'Ipanema et autres sites de Rio. Il les autorise aussi à voir leurs familles les lendemains de match.
Et il reçoit un hommage touchant du gardien argentin, Sergio Romero, qui avait été son joueur à l'AZ Alkmaar (champion surprise des Pays-Bas en 2009). "En dehors du terrain, il avait été très important pour moi. Je lui serai éternellement reconnaissant pour cela", souligne le portier, qui arrête en demi-finale deux tirs au but... néerlandais.
Derrière son image de Père Fouettard, Van Gaal est aussi l'homme qui a fait confiance à des jeunes pleins d'avenir, à l'Ajax (Kluivert, Davids, Seedorf), au Barça (Puyol, Xavi, Iniesta), au Bayern (Kroos, Müller, Alaba)...
Et c'est aussi l'une des figures tutélaires des superstars Pep Guardiola et José Mourinho. Lors de son expérience barcelonaise, il avait fait du timide milieu son capitaine et du jeune traducteur son adjoint.