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A neuf mois de l'Euro-2016 de football, une armée de participants potentiels jouent leurs propres "qualifs" : novices ou vétérans, passionnés ou curieux, ils sont les milliers de candidats aux missions de "Volontaires Euro", en cours de sélection à travers la France.
Depuis juin et jusqu'en décembre, les entretiens de recrutement se succèdent dans les dix villes sites pour plus de 10.000 candidats aux rôles de précieux figurants (6.500 au total), qui seront chargés d'une myriade de missions autour de l'Euro: accueil des VIP, accréditations, aide aux médias, logistique, transports, services aux spectateurs, etc...
Au Bouscat (près de Bordeaux), siège de la Ligue d'Aquitaine de football, 600 sont déjà passés face aux recruteurs -- volontaires, eux aussi -- sur plus d'un millier de candidatures, reçues via une inscription en ligne qui sert également de premier auto-filtre.
Les Euro-Volontaires ont mille visages: du retraité dynamique à l'étudiante chinoise en France, de l'expatrié néerlandais au chômeur "en transition", qui verrait bien cette ligne sur son CV, mais aura peut-être retrouvé un job d'ici l'Euro (10 juin-10 juillet 2016).
- Les 'pros du bénévolat' -
"Il y a le frais bachelier de 18 ans, qui arrive un peu stressé, sans savoir trop ce qu'il pourrait faire, mais qui déborde de bonne volonté et est prêt à tout pour vivre près du foot pendant quelques jours", explique Mathieu Chantrel, étudiant en Master, et recruteur.
On trouve aussi nombre de "vétérans" du volontariat : des "bénévoles professionnels" en quelque sorte. Qui ont déjà "servi" lors du Mondial-1998 de football ou à la Coupe du monde de rugby 2007, parlent "de ces expériences, de ces aventures humaines, avec des étoiles dans les yeux", et en redemandent, relève Claude Macquin, retraité des ressources humaines. Il s'est piqué lui aussi d'une mission bénévole de recruteur avec... son voisin de stade à Chaban-Delmas.
On vient parfois de loin pour postuler à l'acte gratuit. Ainsi Frédéric, 324 km depuis Saint-George-de-Montaigu (Vendée) pour 40 minutes d'entretien. Une forme d'évidence pour cet éducateur sportif de 34 ans, footballeur du dimanche : "Je vis dans une zone rurale et on aide. Quand on est bénévole dans une association, on vient aider, ça peut être le bar, la mise de table, n'importe quoi. Là, ce sera autre chose, mais j'ai tout le temps été éduqué pour aider les gens."
De fait, les vraies erreurs de casting ou d'aiguillage sont rares, tel celui qui pensait avoir trouvé la combine pour voir l'Euro et ses stars de près, et à l'oeil. "C'est vraiment marginal. Une dizaine, peut-être, sur les 600 qu'on a vus ici, s'étaient trompés d'adresse", explique Claire Guibert, coordinatrice -- et l'une des deux salariés -- du Programme à Bordeaux.
- Venus 'pour donner' -
6.500 tâches gratuites : de l'extérieur peut inévitablement percer la critique de travail dissimulé, conçoivent les recruteurs. Mais avec les candidats, la rémunération n'est jamais un sujet. "Ils parlent de prestige, de l'aventure, de participer à la fête... Pas d'argent", assure Mathieu Chantrel. "Ce qui me frappe chez eux, appuie Claude Macquin, c'est cet élan pour aider, accueillir, pour donner. Pas pour +prendre+". Même s'ils pourront conserver la tenue Volontaire Euro-2016 en souvenir...
Sans surprise, "organisation de matches" ou "services aux VIP" sont les tâches les plus demandées. Elles seront peut-être l'occasion, pour les chanceux, de donner un coup de main (préparer du matériel, guider des équipes, des officiels) autour d'entraînements, voire de matches. Moins courues, plus pointues : les missions de services techniques (électricité, sonorisation, etc.), d'assistance informatique, d'aide aux diffuseurs télé, etc.
A mi-parcours de la sélection, un profil de candidat se dégage : masculin (68%), jeune (43%), pratiquant le football (45%). Mais la palette reste large : plus d'un volontaire sur cinq a plus de 45 ans et pas moins de 135 nationalités sont représentées.
Et si "parler français et de "bonnes connaissances en anglais" sont conditions de base, nulle obligation de "parler football". A l'instar d'Elodie, 34 ans, une employée des Impôts à l'anglais fort décent et au solide vécu de volontariat autour d?événements sportifs. Mais bien incapable en entretien de citer quelques noms de footballeurs.