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Son image, ses finances et sa sécurité juridique ont poussé l'OM à mettre fin à un système controversé: le club a repris la main sur les abonnements dans les virages du Vélodrome après en avoir délégué pendant 25 ans la commercialisation aux supporteurs.
"Accord historique": l'expression barrait le site de l'OM mardi soir. La commercialisation des abonnements par les associations de supporteurs remontait à 1990, du temps de la première présidence de Bernard Tapie, qui avait acheté la paix sociale au Vélodrome par ce biais.
Les groupes revendaient les abonnements avec une marge, destinée à payer les animations, les célèbres "tifos" (spectacles colorés construit en milliers de feuilles de papier), banderoles, subventions pour les déplacements etc.
Après l'accord de mardi, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a même parlé de "révolution". Il avait appelé l'OM à "reprendre le contrôle de ses virages" après les incidents lors du match Marseille-Lyon, le 20 septembre en L1.
- OM-OL, le catalyseur -
C'est ce match qui a scellé la fin de ce système controversé. Avec ses jets de bouteilles en verre, son ambiance détestable et son interruption de vingt minutes, il a fonctionné comme "un accélérateur, explique à l'AFP le préfet de police Laurent Nunez. Il y a eu une prise de conscience que certains dérapages pouvaient mener très loin".
Ce système était cependant dans le viseur des pouvoirs publics depuis un moment. "Cette technique de commercialisation est surréaliste. Elle n'est pas légale", ajoute le préfet.
Un rapport des ministères de l'Intérieur et des Sports en 2013, que s'est procuré le quotidien La Provence, pointait "des mécanismes d'une parfaite opacité" et le fait que les "associations gèrent un espace des virages dont elles considèrent avoir sinon toute la propriété, du moins une part de l'usufruit."
Le rapport insistait également sur le fait que cette manne circulait en-dehors du droit fiscal et commercial: cet argent "devrait donner lieu à impôt sur les sociétés. Aucune convention écrite ne peut être consultée sur le sujet, et les paiements en liquide sont bienvenus".
Autant d'arguments qui ont poussé le président de l'OM, Vincent Labrune, a en finir avec cette coutume. Les retombées financières immédiates pèsent peu: le tribunal de Marseille a évalué le manque à gagner à quelque 900.000 à un million d'euros, une peccadille dans un budget de 125 millions.
Mais cette décision peut aussi être vue comme un investissement pour l'avenir: elle permettrait à un éventuel candidat au rachat du club de gagner plus d'argent sur la billetterie. La propriétaire, Margarita Louis-Dreyfus, héritière de l'empire de feu son mari Robert, a en effet déjà évoqué la possibilité de vendre le club un jour.
- Les Ultras rendent les armes -
Plus encore que financier, l'OM courait un risque juridique. L'enquête dans l'affaire des transferts suspects, qui a déjà conduit à la mise en examen des anciens dirigeants Jean-Claude Dassier et Antoine Veyrat, a notamment pointé du doigt "les libéralités de l'OM aux associations de supporteurs".
La direction veut également lisser l'image de club à problèmes, après une recrudescence d'incidents au stade depuis avril, qui ont entraîné des fermetures partielles de tribunes.
Enfin, à l'horizon, se dessine la sécurité de l'Euro-2016, que la France organise et dont plusieurs matches se tiendront au Vélodrome, dont une demi-finale.
Si la volonté de l'OM d'en finir avec ce système semble logique, comment expliquer que les ultras aient rendu les armes, alors qu'ils tenaient à cet arrangement?
Certains disent en avoir assez d'être pointés du doigt lors d'incidents qui, assurent-ils, ne sont pas forcément le fait de supporteurs encartés.
"A cause de quelques abrutis que tout le monde condamne, c'est tous les supporteurs qui sont (...) montrés du doigt", ont déploré les Yankee Nord, un des groupes de supporteurs, dans un communiqué après l'accord.
"Qui vous dit que c'est un Ultra qui a lancé une bouteille?" lors d'OM-OL, renchérit un des responsables de l'historique Commando Ultra 84, le premier des groupes structurés.
Plus prosaïquement, des connaisseurs des arcanes de l'OM estiment que le club et les groupes planchent en secret sur la façon dont les supporteurs pourraient être "subventionnés" pour leurs activités.