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Le comité exécutif de la Fédération internationale de football s'est ouvert jeudi au Maroc dans un contexte à nouveau explosif autour de l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022, au lendemain de la décision du principal enquêteur de la Fifa de claquer la porte avec fracas.
Dans un parfait sens du timing, l'ancien procureur fédéral américain Michael J. Garcia, qui enquêtait depuis plus de deux ans sur les conditions d'attribution de ces éditions à la Russie et au Qatar, a annoncé mercredi sa démission de l'instance suprême du foot mondial.
Tout au long d'un texte d'une grande dureté, cet homme de 53 ans, qui doit son image "d'incorruptible" à sa longue carrière dans l'antiterrorisme et dans la lutte contre la criminalité financière, dénonce un profond manque de transparence et d'envie de faire la lumière sur un dossier qui n'en finit décidément pas de faire polémique depuis quatre ans.
Mardi, la commission de recours de la Fifa lui avait, il est vrai, infligé un camouflet en rejetant une procédure introduite par ses soins en appel.
Auteur d'un rapport de 400 pages, au terme d'un travail de fourmi, Michael Garcia fulmine depuis des semaines contre la synthèse de son enquête, publiée par le président de la chambre de jugement de la commission d'éthique de la Fifa, l'Allemand Hans-Joachim Eckert.
Alors que ce dernier ne voit aucune raison de remettre en cause le processus de désignation de la Russie et du Qatar, Garcia, en désaccord, a fustigé l'"omission de pièces" et réclamé la publication intégrale de son travail, remis début septembre.
Une requête vaine, qui a manifestement incité l'ancien procureur fédéral américain à vider son sac.
Le rapport intégral, élaboré par une équipe de cinq enquêteurs, identifie au contraire "des problèmes, sérieux et de grande envergure, dans le processus de candidature et de sélection" des deux Coupes du monde, s'est insurgé Garcia.
"Aucune commission de gouvernance indépendante, aucun enquêteur (...) ne peut changer la culture d'une organisation" comme la Fifa, a-t-il ensuite asséné.
Et voilà donc la Fifa à nouveau en crise, tandis que son comité exécutif se réunit en marge du Mondial des clubs, à l'ombre des palmiers de Marrakech (sud).
- Epée de Damoclès -
Commentant ce rebondissement, le président de l'UEFA Michel Platini a ainsi évoqué "un nouvel échec pour la Fifa". Il constitue "un pas en arrière", a taclé le Français Jérôme Champagne, adversaire de Sepp Blatter pour la présidence de l'instance en mai prochain.
"Déplorable", a renchéri Mark Pieth, professeur de droit à l'université de Bâle, qui avait présidé une commission indépendante sur la gouvernance de la Fifa.
Apparu tout sourire mardi soir dans les tribunes au côté de Platini, lors de la demi-finale du Real Madrid, Blatter s'est dit, dans un communiqué, "surpris" par le coup d'éclat de Michael Garcia.
Président en exercice depuis 1998, le Suisse, qui briguera un 5e mandat à la tête de la Fifa, pensait-il vraiment en avoir fini avec ce dossier aux allures d'épée de Damoclès?
Récemment, le patron du foot mondial avait estimé l'enquête "close", prise de position qui avait déjà vivement indisposé l'enquêteur américain.
Selon le programme du comité exécutif de Marrakech, le sujet des Mondiaux 2018 et 2022 ne doit être abordé qu'au 2e jour des discussions, vendredi.
Il sera "au centre des discussions du comité exécutif de la Fifa dans les deux prochains jours", a toutefois affirmé Joseph Blatter mercredi.
Jeudi après-midi, des membres du comité exécutif ainsi que M. Blatter ont fait la navette entre deux célèbres hôtels de la ville ocre, avant et après leur réunion, sans faire la moindre déclaration, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une conférence de presse est en revanche prévue vendredi après-midi.
D'ores et déjà, Michael Garcia, lui, n'y croit plus. La position de l'Allemand Eckert constitue "le point final" sur le dossier des deux prochaines Coupes du monde, a avancé l'Américain, jugeant inutile un recours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).