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Paul Pogba ne se considère pas comme un titulaire de l'équipe de France, et encore moins comme une future star du Mondial, mais le milieu de terrain de 21 ans sera bien une des armes principales des Bleus qui entreront en lice dimanche contre le Honduras.
Arrivé à Ribeirao Preto lundi soir après une quinzaine d'heures de vol en provenance de Lille, Pogba n'a pas l'air marqué par le voyage ni le décalage horaire de cinq heures et son sourire en dit long sur son bonheur d'être là.
"Je commence à réaliser mon rêve, je suis content, fier de moi", jubile d'emblée le joueur de la Juventus, avant de vite raison garder: "bon, ce n'est pas fini, il faut maintenant bien jouer, gagner. Ce sera encore mieux. J'espère de tout coeur qu'on y parviendra."
Tel quel, aussi bien devant la presse que sur le terrain, tout Pogba semble se synthétiser dans cette phrase, avec cette spontanéité presque aussitôt maîtrisée qui se reflète aussi évidemment sur le terrain, où sa fougue et son talent l'emmènent tellement loin et haut qu'il doit parfois se forcer à se replacer.
"Il faudrait que je dose mieux mes montées, reconnaît-il d'ailleurs quand on l'interroge sur ce qui fait le sel et le piment de son style. Je dois attaquer, défendre, mais surtout faire attention à mon jeu. Je ne suis pas aussi libre qu'en club."
A la Juventus, où il forme un milieu à trois avec Vidal et Pirlo, l'entraîneur Antonio Conte l'encourage à se projeter vers l'avant pour créer du danger chez l'adversaire. "Ce n'est pas la même chose, avec la France, Blaise (Matuidi) et Yohan (Cabaye) peuvent aussi jouer haut. Il faut bien se relayer, je dois faire attention à ne pas trop monter, mais à ne pas trop défendre non plus quand il faut apporter du soutien devant."
- "Amoureux du foot" -
L'équilibre n'est en effet pas simple à trouver, mais Pogba s'en accommode avec facilité, lui dont la grande aisance technique est encore perçue comme de la largesse à la moindre erreur commise. "Je connais mon jeu, les gens pensent que je suis nonchalant, c'est comme ça depuis tout petit", dit-il un brin fataliste, mais pas plus perturbé que cela.
Car Pogba, malgré un début de carrière en flèche avec deux titres de champion d'Italie (2013, 2014) qui lui valent déjà là-bas le statut rare et envié de joueur hors classe, n'aime pas particulièrement s'attarder sur le passé.
Du sacre avec la France au Mondial des moins de 20 ans l'an passé, dont il fut l'un des plus grands artisans, il retient évidemment "une très belle expérience, une très belle chose". "Mais on ne peut pas comparer les U20 et les A".
Lancé en Bleu par Didier Deschamps en mars 2013, le longiligne Paul est devenu en seulement onze sélections (deux buts), mais à grands sauts de haies, une des pièces maîtresses de l'entre-jeu français. "Je ne me sens pas titulaire indiscutable. Je suis juste un joueur de l'équipe de France", assure-t-il pourtant, là encore dans un effort d'équilibriste.
Pourtant, Pogba est non seulement un élément-clé de la maison bleue, mais, à ce rythme, il est également voué à devenir une des grandes vedettes du ballon rond. "Je ne serai pas une star, se défend-il encore. Je suis amoureux du foot, je donne ma vie pour le foot, c'est mon travail maintenant, alors si je peux donner du plaisir..."
Rien d'incompatible au fond. Mais celui que les Brésiliens apprécient déjà à sa juste valeur et appellent affectueusement "Poguiba" s'évertue à "vouloir garder la tête sur les épaules" à quelques heures d'une première Coupe du monde dont il pourrait être une des grandes révélations. Que cela lui plaise ou non.