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Quatre ans après le fiasco de Knysna, l'équipe de France de Didier Deschamps va embarquer pour le Mondial au Brésil avec des ambitions mesurées mais avec la ferme intention de reconquérir les coeurs tout en posant des jalons pour l'Euro-2016.
Nommé en 2012, l'ancien capitaine des Bleus champions du monde et d'Europe a réussi un parcours quasi sans faute, pacifiant une sélection encore marquée au fer rouge par les polémiques incessantes de l'ère Domenech (2004-2010) et le mandat mitigé de Laurent Blanc (2010-2012).
Rien n'a été simple pourtant pour "DD" et sa bande, reversés dans un groupe de qualification comprenant les champions du monde et d'Europe espagnols et obligés d'en passer par des barrages incertains pour obtenir leur billet pour la Coupe du monde.
L'angoisse a gagné l'ensemble du football français après la défaite concédée à l'aller en Ukraine (2-0 le 15 novembre) mais les Bleus sont parvenus à renverser la vapeur quatre jours plus tard au Stade de France (3-0 avec un doublé de Sakho), renforçant la légende de Deschamps, le dépositaire de la fameuse "culture de la gagne" qui a porté la France au sommet en 1998 et 2000.
Michel Platini a beau répéter que la "chance" ne cesse d'accompagner Deschamps tout au long de sa carrière, il faut tout de même reconnaître au sélectionneur une gestion des hommes sans faille et un sens tactique peu commun, qui ont permis aux Tricolores de longtemps talonner l'Espagne dans leur groupe et d'éviter surtout la multiplication des "affaires", même si l'année 2013 a été très poussive (5 victoires, 2 nuls, 5 défaites).
Le barrage homérique face aux Ukrainiens est peut-être ce match fondateur que les Bleus attendaient depuis des années, eux qui n'ont plus remporté la moindre rencontre dans une phase finale de Coupe du monde depuis la demi-finale de 2006 contre le Portugal (1-0) et n'en ont gagné qu'une au 1er tour, Mondial et Euro confondus, en 8 ans.
- Reconquête -
Le chemin vers la reconquête sera tout de même très long pour une équipe qui mêle quelques joueurs expérimentés à un bataillon de jeunes pousses. Le classement Fifa reste à cet égard édifiant, la France, malgré une légère amélioration, étant encore à distance respectable des grandes nations (16e).
Hormis Franck Ribéry (Bayern Munich) et Karim Benzema (Real Madrid), les joueurs de classe mondiale ne sont pas légion chez les Bleus. Deschamps a d'ailleurs pour le moment limité son objectif à une victoire face au Honduras au 1er match, le 15 juin à Porto Alegre, avant de croiser dans le groupe E la Suisse (20 juin à Salvador) et l'Equateur (25 juin au Maracana de Rio de Janeiro).
Mais le sélectionneur, assuré de diriger l'équipe de France jusqu'au CHAMPIONNAT D'EUROPE organisé au pays, est aussi là pour préparer l'avenir. D'où cette ouverture en direction de la "génération 93", championne du monde des moins de 20 ans, avec l'incorporation dans les 23 de Pogba, Varane (non présent au Mondial en Turquie) et Digne ainsi que des Sakho, Griezmann, Mangala et Grenier.
Lacazette, Schneiderlin et Cabella ont aussi pris date pour 2016 en étant convoqués en tant que réservistes.
"On ne peut pas galvauder une Coupe du monde", a cependant déclaré Deschamps au soir de la qualification mais la réalité et cette échéance capitale pour le football français ont fini par le rattraper.
"On va aller faire la meilleure Coupe du monde possible, mais le fait d'être là après m'oblige à penser à ce qui peut arriver en 2016", a-t-il concédé en avril.
Pour se prémunir d'un nouvel épisode fâcheux et effacer ainsi définitivement l'image désastreuse laissée par la grève de l'entraînement de 2010, le sélectionneur a mis de côté les "brebis galeuses" telles que Samir Nasri . La communication de sa liste pour le Brésil, avec une séparation nette entre les 23 et les réservistes, a également été habile, tranchant avec les non-dits de ses prédécesseurs.
"Je ne suis pas là pour préparer ce Mondial en pensant au passé", a expliqué Deschamps. La rupture est manifeste. Les résultats seront-ils à la hauteur?