Happy Birthday : |
© AFP/DANIEL ROLAND
L'entraîneur des Bleuets Ludovic Batelli donne des instructions lors du match face à l'Italie en finale de l'Euro des -19 ans à Sinsheim (Allemagne), le 24 juillet 2016
Autorité et confiance, enthousiasme et sérieux: motiver l'équipe de France des moins de vingt ans est un travail d'équilibriste, surtout quand on s'apprête à jouer un "petit" match, comme celui contre la Nouvelle-Zélande dimanche (8 heures françaises) au Mondial U20 en Corée du Sud.
Y a-t-il un management propre aux équipes de jeunes? Oui, à en croire un ancien sélectionneur, Pierre Mankowski, à la tête des U20 en 2013 lors du sacre mondial de la génération Pogba. "Les jeunes peuvent être plus friables, plus irréguliers", expose le technicien, interrogé par l'AFP.
"Il faut trouver le juste équilibre entre la confiance qu'il faut leur apporter en leur disant +vous êtes vraiment très forts+, et en même temps ne pas leur donner ce sentiment qu'ils vont y arriver sans faire d'efforts", souligne-t-il.
De la poigne, son successeur Ludovic Batelli en possède indéniablement. Il suffisait de voir sa réaction jeudi après la large victoire contre le Vietnam (4-0), synonyme de qualification en 8e de finale de Coupe du Monde. Pas de sourire, ni d'effusion. Presque le contraire.
Face à une modeste sélection vietnamienne qui disputait le premier Mondial de son histoire, Batelli attendait davantage de son effectif, champion d'Europe l'été dernier chez les U19.
- 'Très très exigeant' -
"Sur le plan technique, on a manqué de justesse, de liant. Je suis toujours très, très exigeant. Je n'aime pas les choses approximatives. Je n'aime pas le contenu moyen. Si on peut en mettre huit, il faut le faire", a-t-il ainsi martelé en conférence de presse, le visage fermé.
Comme s'il se méfiait par avance de l'éventuel relâchement face aux Néo-Zélandais, dans une rencontre qui n'aura d'autre enjeu que d'assurer la première place du groupe et poursuivre la dynamique engagée lors des faciles succès contre le Honduras (3-0) et le Vietnam.
Mais s'il n'hésite pas à taper du poing sur la table, Batelli, 54 ans, ne veut pas être cantonné à la caricature du meneur d'hommes au caractère bien trempé.
"Il ne faut pas confondre autorité et autoritarisme", prévient-il, tout en ironisant sur son allure un peu militaire, avec son crâne chauve et ses coups de menton.
"Il y a l'image de l'extérieur qui est ce qu'elle est. Je suis comme ça, je ne vais pas me refaire sauf à faire une chirurgie esthétique. Le staff et les joueurs, de l'intérieur, ils ont une image différente", assure-t-il.
A y regarder de plus près, son management est d'ailleurs très individualisé. Il est par exemple particulièrement protecteur à l'égard de son buteur Jean-Kévin Augustin, qu'il sait affecté par sa saison sans jouer au PSG. Il joue en revanche davantage le rôle d'aiguillon envers son milieu offensif Amine Harit, l'un de ses leaders techniques, à qui il reproche parfois de trop garder le ballon et de se compliquer la tâche.
- 'Pas un flic' -
Batelli passe aussi pour un grand adepte de la vidéo qu'il utilise dans les rendez-vous individuels organisés régulièrement avec les joueurs. Et il ne tient pas tout à fait le même discours que Mankowski quant à la spécificité d'un groupe de jeunes d'une vingtaine d'années.
"Ils sont déjà pour la plupart en L1 et en L2. Ils côtoient des grands joueurs et sont habitués à un certain type de management", explique l'ancien entraîneur d'Amiens. "Je ne les considère pas comme des jeunes joueurs, ce sont des adultes, des professionnels".
"J'aime bien que les joueurs soient en autonomie dans un cadre précis. Une gestion du groupe par le groupe. J'ai quatre ou cinq cadres qui savent comment le coach veut que ça fonctionne. A partir de là, je ne suis pas flic, je ne suis pas gendarme, je suis entraîneur", insiste-t-il.
Les cadres en question s'appellent notamment Lucas Tousart (Lyon) au milieu, Issa Diop (Toulouse) en défense ou Jean-Kevin Augustin (PSG) en attaque.
Après plusieurs alertes au genou gauche, Augustin va être ménagé dimanche. Et il ne devrait pas être le seul. Comme la qualification est acquise, Batelli a prévu un "gros turn-over" à six à sept postes pour faire "jouer la concurrence" et motiver l'ensemble de ses troupes...