Les Thaïlandais pourront voir tous les matches du Mondial-2014 gratuitement malgré l'octroi des droits à une télévision payante, après l'intervention de la junte qui ajoute ainsi le football à sa campagne pour "rendre le bonheur au peuple".

La société RS, spécialisée dans le divertissement, détient en Thaïlande les droits pour diffuser en direct les 64 matches de la coupe du monde de football qui commence jeudi soir au Brésil.

Elle a mis en place une chaîne payante avec décodeur, tout en acceptant de partager les droits de diffusion pour 22 matches avec des chaînes gratuites.

Avec le décalage horaire, la plupart des rencontres du Mondial auront lieu pendant le couvre-feu de minuit à 04h00, encore en place dans la majeure partie du pays trois semaines après le coup d'Etat, forçant les Thaïlandais, fans de football, à regarder les rencontres chez eux.

Alors, après une décision de justice mercredi donnant raison à RS, qui refusait de laisser des chaînes gratuites diffuser toutes les rencontres, la junte a contacté la Commission nationale de la diffusion et des télécommunications (NBTC) pour qu'elle trouve une solution.

"Nous sommes inquiets, nous voulons que tous les Thaïlandais puissent regarder le football", a expliqué jeudi le porte-parole de l'armée Winthai Suvaree. "Nous ne forçons pas, mais nous demandons simplement de la coopération", a-t-il ajouté.

- 'Rendre le bonheur au peuple' -

Après des discussions jeudi, la NBTC a finalement annoncé que les 64 rencontres seraient diffusées gratuitement, partagées entre trois chaînes.

Elle a précisé qu'elle paierait jusqu'à 427 millions de bahts (9,6 millions d'euros) pour cela, alors que RS réclamait au départ 766 millions de bahts (17,2 millions d'euros).

"Nous apportons le bonheur à tous les Thaïlandais, en accord avec la politique" de la junte, s'est réjoui lors d'une conférence de presse le général Chatudom Titthasiri, directeur de Channel 5, chaîne de l'armée qui diffusera 38 matches.

Depuis le coup d'Etat du 22 mai, l'armée a suspendu la Constitution, largement restreint les libertés civiles, et exclu des élections avant au moins un an.

Plus de 300 hommes politiques, militants et journalistes ont également été convoqués par le régime.

La plupart d'entre eux ont été libérés après plusieurs jours passés dans des lieux tenus secrets et forcés de s'engager à mettre un terme à toute activité politique.

Confrontée aux critiques de la communauté internationale et à des opposants au putsch --en nombre certes limité mais très médiatisés--, elle a également lancé une campagne pour "rendre le bonheur au peuple", organisant notamment à Bangkok des concerts, des repas gratuits et autres activités ludiques. Une opération décrite comme de la pure propagande par des experts.

Le chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha a, lui, écrit les paroles d'une ballade appelée "Rendre le bonheur à la Thaïlande", écoutée plus de 200.000 fois sur YouTube en quelques jours.