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Les Bleues ont découvert toute la cruauté des France-Allemagne. Au bout d'un match qu'elles ont pourtant longtemps maîtrisé et dominé, les joueuses de Philippe Bergeroo ont été éliminées par l'Allemagne en quart de finale de la Coupe du Monde, aux tirs au but, vendredi à Montréal (5-4 t.a.b; 1-1 a.p.).
Elles ont leur Séville. Elles étaient plus fortes et elles ont perdu. L'occasion ratée par Thiney seule face au but à la 116e minute vaut bien la frappe d'Amoros sur la barre de Schumacher, et Bouhaddi, sur un penalty où elle n'a pas plongé, a même eu des faux airs d'Ettori.
Le dernier tir au but de Lavogez a été arrêté par Angerer et l'image de la jeune néo-Lyonnaise mordillant le maillot de son équipière Jessica Houara avant de s'effondrer en larmes était terrible.
Ce quart de finale a été un match de très grande qualité, disputé dans une ambiance formidable à Montréal. Un spectacle qui ne peut que profiter au développement du foot féminin, en France et ailleurs. Mais il est évident qu'aujourd'hui les Françaises n'en ont rien à faire.
L'Allemagne n'a à peu près rien proposé, alors que la France a pratiquement tout maîtrisé, à l'exception de cette frappe de Maier touchée par le bras gauche de Majri dans un geste impossible à qualifier de délibéré.
Sasic a transformé le penalty (84e) et les Allemandes sont revenues dans un match dans lequel elles étaient à peine entrées, muselées comme rarement par des Françaises irréprochables.
L'erreur des Bleues, la seule peut-être, a été de reculer un peu après l'ouverture du score de Necib (64e). L'entrée de Marozsan à la place de l'invisible Mittag a aussi fait mal, comme la sortie de Thomis, visiblement touchée à la jambe et qui avait fait en première période des différences monumentales.
Dans le discours, les Bleues n'avaient fait aucun complexe cette semaine, réfutant l'idée d'un écart persistant entre les deux équipes et avançant même pour certaines que la France était meilleure.
Et sur le terrain, tout a été encore plus limpide: les Françaises n'avaient absolument pas peur des Allemandes, et l'ont prouvé avec une énorme première période.
- Rendez-vous au Brésil -
Impitoyables au pressing, activant leurs multiples options de jeu avec la vitesse de Thomis, les renversements de Henry ou le jeu court de Necib, elles ont asphyxié des Allemandes méconnaissables et au jeu d'une grande pauvreté.
Dès la première minute, un débordement de Thomis à droite a ainsi offert une énorme occasion à Necib, de celles qui, comme la frappe de Thiney, laissent d'énormes regrets.
Georges (4e), Henry (35e), Necib encore (38e) ou Delie (41e) ont ensuite menacé Angerer, mais pour une fois ce n'était pas une impression, les Bleues étaient bien face à la meilleure gardienne du monde.
Les joueuses de Bergeroo n'étaient alors pas très loin du match parfait, mais ce souci récurrent d'efficacité devant les buts colle aux maillots de ces filles comme un sparadrap.
Pendant ce temps-là, les Allemandes, sextuples championnes d'Europe en titre tout de même, n'existaient que sur coups de pied arrêtés, comme cette frappe superbe de Marozsan sortie par Bouhaddi (58e).
Mais comme Thomis continuait à montrer son numéro à la malheureuse Kemme, comme Henry continuait à planer sur le milieu de terrain comme elle le fait depuis le début du tournoi, et comme derrière la défense gérait tranquillement, les Bleues avaient très logiquement pris l'avantage.
Le but français a été signé Necib, qui ne s'est vraiment pas trompée souvent dans cette partie, mais qui, sur ce coup, a eu la chance de voir sa frappe détournée par Peter (64e).
Tout cela n'a pas suffi. Ce quart de finale aurait pu faire entrer les Bleues de plain-pied dans une autre dimension. Il faudra attendre. Une médaille d'or olympique dans un an au Brésil, l'autre pays du foot avec l'Allemagne, aurait aussi de l'allure.