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© AFP/Fabrice Coffrini
Des membres de l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) et du syndicat Unia brandissent des cartons rouges contre le Qatar, devant le siège de la Fifa, le 3 octobre 2013 à Zürich
Les fantômes de dizaines d'ouvriers morts sur le chantier du Mondial-2022 au Qatar planaient jeudi sur la Fédération internationale de football (Fifa), pressée par ONG et syndicats de ne pas être complice de l'exploitation des travailleurs dans l'émirat.
"Cartons rouges pour la Fifa", ont scandé une quarantaine de militants du syndicat suisse Unia, devant le portail d'entrée du siège de l'instance dirigeante du ballon rond, sur les hauteurs de Zurich, alors qu'arrivaient les membres de son comité exécutif pour 24 heures de réunion.
Le comité exécutif doit discuter de la question vendredi matin. Mais la Fédération internationale, par la voix de son directeur de communication Walter de Gregorio, a réitéré sa préoccupation, une semaine après l'enquête publiée par le quotidien britannique The Guardian recensant 44 décès cet été parmi les Népalais engagés sur un chantier phare au Qatar.
"Même si ces morts ne sont pas reliés aux stades de la Fifa, parce que nous n'avons pas commencé à travailler sur les stades, chaque mort est un mort de trop. C'est quelque chose qui nous inquiète mais je suis sûr qu'avec l'implication de tout le monde, on parviendra à changer une situation qui n'est pas acceptable", a estimé le porte-parole.
Le Qatar engage des avocats
"Humainement, on doit réagir. Mais ce n'est pas aujourd'hui seulement qu'on commence à parler avec les syndicats", a insisté Walter de Gregorio, selon qui la Fifa est depuis deux ans, en contact notamment avec Human Rights Watch: "On essaie de faire pression sur le Qatar" mais "ce n'est pas la Fifa contre le Qatar, le Qatar est très ouvert aux discussions".
De son côté, Amnesty International publiera en novembre un rapport complet sur la situation des travailleurs dans le Golfe, et au Qatar en particulier.
© AFP/Karim Jaafar
Des ouvriers sur un chantier à Doha au Qatar, le 3 octobre 2013
"Dans le secteur de la construction, malheureusement, nos recherches font apparaître que l'exploitation est une pratique banalisée", a déclaré à l'AFP jeudi l'un des enquêteurs de l'organisation, James Lynch. Et "dans certains cas où des formes d'exploitation sont combinées, cela s'apparente à du travail forcé".
Pour tenter de répondre à ces accusations, le gouvernement du Qatar a mandaté un cabinet d'avocats d'affaires international.
"Le ministère du Travail, agissant au nom du gouvernement qatari, a chargé le cabinet d'avocats DLA Piper d'examiner toutes les allégations d'une manière indépendante et de lui faire un rapport sur leur véracité", a déclaré le conseiller du ministère pour les Affaires internationales, Ali Ahmed Al Kholeifi.
A la lumière de ce rapport, "le ministère prendra toutes les mesures appropriées pour répondre à ces allégations", a ajouté le conseiller, cité par l'agence officielle QNA.
"Une fantastique Coupe du monde"
Une délégation internationale de défense des travailleurs doit arriver lundi au Qatar pour "constater les conditions de travail des migrants".
Mais déjà, la Confédération internationale des syndicats (CSI-ITUC) estime que "la frénésie de construction en vue de la Coupe du monde de football risque de coûter la vie à au moins 4.000 travailleurs au cours des sept prochaines années si des dispositions ne sont pas prises pour garantir des droits aux travailleurs migrants".
Au-delà de ce dossier, le Mondial-2022 avait déjà une bonne place au menu du comité exécutif de la Fifa, et ce avant tout pour régler une autre polémique: le choix ou non de déplacer en hiver cette compétition disputée généralement en juin ou juillet, afin d'éviter aux joueurs et visiteurs les chaleurs accablantes de l'été dans le Golfe.
Mercredi, le comité d'organisation s'est dit prêt à accueillir l'événement sportif le plus populaire de la planète "que ce soit en été ou à n'importe quelle autre période de l'année" si la communauté internationale du football trouve un consensus.
"Nous avançons bien selon nos plans pour livrer une fantastique Coupe du monde au Qatar au 2022", a affirmé Hassan Al Thawadi, son secrétaire général, joint par l'AFP par téléphone.
Comme d'accoutumée à la Fifa, rien ne devait filtrer des débats avant la conférence de presse prévue vendredi en début d'après-midi par son président, le Suisse Sepp Blatter, et son secrétaire général, Jérôme Valcke.
Les autres membres du comité exécutif devraient repartir comme ils sont arrivés. Sans piper mot, à bord d'une berline noire haut de gamme.