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La Fifa a reconnu vendredi "une part de responsabilité" dans le sort des travailleurs immigrés sur le gigantesque chantier du Mondial-2022 au Qatar, mais est restée muette sur les allégations de corruption concernant l'attribution de l'événement au riche émirat du Golfe fin 2010.
Depuis que syndicats et ONG ont invité à adresser un carton rouge à la Fédération internationale de football en dénonçant les sombres conditions des ouvriers, originaires surtout du sud-est asiatique, qui ont afflué dans ce minuscule Etat du désert pour construire les infrastructures, l'instance dirigeante du ballon rond a changé de discours.
Si son président Sepp Blatter balayait encore l'automne dernier toute responsabilité de son organisation - entreprise qui ne connaît pas la crise avec 72 millions de dollars de bénéfice net dégagé en 2013 -, il reconnaît désormais que ce n'est pas vraiment le cas.
"Nous avons une part de responsabilité mais nous ne pouvons faire preuve d'ingérence dans les droits des travailleurs", a souligné le Suisse lors d'une conférence de presse après la réunion de son comité exécutif où le sujet était au menu.
"Nous insistons pour dire que les responsabilités incombent premièrement à l'état du Qatar, et deuxièmement aux entreprises qui emploient les travailleurs", a fait valoir Sepp Blatter, pour qui la Fifa "peut aider à travers le football à résoudre ce problème".
Le patron de la Fifa, qui s'était rendu au Qatar en novembre, y retournera à nouveau avant le Congrès de la Fifa en prélude au Mondial-2014 au Brésil.
La Fédération avait missionné l'Allemand Theo Zwanziger, l'un des membres de son comité exécutif, pour tenter de voir comment améliorer la situation des travailleurs avec le comité responsable de l'organisation du Mondial-2022, mais aussi avec des organisations de défense des droits humains, des syndicats et le Parlement européen.
© AFP/Karim Jaafar
Un travailleur étranger sur un chantier à Doha au Qatar, le 3 octobre 2013
"Toutes les parties prenantes doivent travailler ensemble pour que la situation s'améliore", a fait valoir Theo Zwanziger. Mais "nous devons avoir une image claire et précise de la situation", selon lui.
Car si le Qatar a bien voulu reconnaître quelques problèmes, mais nié à maintes reprises qu'il y ait eu des morts sur les chantiers, syndicats et ONG chiffrent en centaines les victimes d'un système qu'ils apparentent à de l'esclavagisme des temps modernes.
- Achat de voix -
Avec ce Mondial-2022, la Fifa s'expose aussi à un autre scandale. Le Daily Telegraph est venu relancer cette semaine la thèse selon laquelle le Qatar avait réussi à obtenir l'événement, à la barbe des Etats-Unis, en achetant les voix de certains votants.
"Je ne peux et je ne veux faire aucun commentaire", a répété Sepp Blatter, relancé à plusieurs reprises par un journaliste du quotidien britannique.
La Fifa s'est retranchée derrière le fait qu'une enquête sur l'attribution de ce Mondial était menée par le président de la chambre d'investigation de son nouveau comité d'éthique, Michael Garcia, ancien procureur new-yorkais.
"Je suis heureux que nous ayons désormais un comité d'éthique indépendant", a fait valoir Sepp Blatter. "Tant que le dossier sera ouvert, je ne ferai aucun commentaire".
Selon le Daily Telegraph, des documents montrent que Jack Warner, qui était vice-président de la Fifa à l'époque du vote, ainsi que des membres de sa famille auraient reçu environ 1,43 million d'euros d'une entreprise détenue par le Qatari Mohamed Bin Hammam, président alors de la Confédération asiatique de football. Deux hommes qui furent déjà accusés d'avoir tenté d'acheter des voix pour la bataille à la présidence de la Fifa en mai 2011 et qui ne sont plus à la Fédération.