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Rapides, agressifs pendant plus d'un mois, des footballeurs super-entraînés vont se battre pour remporter la Coupe du monde au Brésil, mais derrière leurs exceptionnelles performances se cache le risque toujours présent des blessures.
"Nous savons que dans les meilleures équipes, il y a toujours entre 20 et 30% de joueurs blessés. C'est un gros problème", souligne Ewald Hennig, professeur de biomécanique à l'Université de Duisburg-Essen en Allemagne.
Combinant vitesse accélérée, rotation corporelle et impact, le football est l'un des sports les plus concernés par les blessures: elles touchent principalement les jambes des joueurs - contusions musculaires, entorses au niveau des articulations, claquages, ruptures de ligaments -, mais aussi plus rarement la tête.
Pour les spécialistes, les blessures sont favorisées par des saisons trop longues, les exigences du public et certains équipements utilisés lors de l'entraînement.
Selon une récente étude faite sur d'anciens joueurs professionnels âgés de 30 à 49 ans, entre 40 et 80% d'entre eux souffraient d?arthrose du genou, contre 15 à 25% dans la population générale.
Selon Hennig, l'entraînement pourrait être partiellement responsable des blessures car il a tendance à accélérer le jeu, "ce qui le rend beaucoup plus dangereux".
La préparation musculaire a également évolué au fil des années.
Auparavant on demandait aux joueurs de s'entraîner à courir en montant et redescendre en marchant. Ils sont désormais invités à courir dans les descentes, y compris sur des escaliers.
Empruntée à l'athlétisme, la technique vise à agir sur le système nerveux pour réagir plus rapidement et renforcer la coordination musculaire.
Mais en exerçant une pression plus forte sur les articulations et les os, elle augmente le risque d'accidents.
Les chaussures sont également en cause. Alors qu'autrefois elles étaient censées protéger la cheville et que leur robustesse (elles pouvaient peser jusqu'à un kilo) permettait d'absorber une partie des coups portés par les joueurs de l'équipe adverse, elles ne pèsent aujourd'hui plus que 100 grammes.
La fatigue physique et psychique risque également de se faire sentir dans la mesure où plusieurs championnats nationaux se terminent quelques semaines à peine avant la Coupe du monde.
"En France, nous considérons qu'il faut un mois entre la fin du championnat et la Coupe du monde" relève Jean-François Toussaint, directeur de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (Irmes) à Paris.
Mais il ajoute que la durée de la récupération varie d'un joueur à l'autre et que "si l'on n'en tient pas compte, il y a un risque de surcroît de blessures".
- Des outils high tech -
Même si elle ne peut pas éliminer les blessures, la science peut aider les joueurs à mieux se protéger.
L'un des outils existants permet aux entraîneurs d'évaluer le moment le plus risqué du match, généralement le dernier quart d'heure de la partie.
Autre moment dangereux: lorsque le joueur vient de recevoir un carton jaune ou qu'il a marqué un but, ou encore quand son équipe domine, selon l'Académie suédoise Sahlgrenska, qui étudie les données des trois dernières Coupes du monde.
Côté musculaire, de nombreuses équipes ont désormais recours à la cryothérapie, une technique consistant à immerger les joueurs dans des baignoires d'eau glacée ou des chambres à azote.
Mais cette technique, selon M. Toussaint, "n'a pas encore montré d'effet sur la performance finale" même si des études montrent qu'elle pourrait avoir des effets sur le métabolisme du sucre.
Elle est pour l'instant surtout utilisée pour enrayer les réactions inflammatoires et faciliter la régénération musculaire.
Au delà des efforts faits pour améliorer la nutrition des joueurs, les dirigeants des équipes nationales ont de plus en plus recours à des psychologues pour leur assurer un bon équilibre mental.
Mais les risques d'accidents ne devraient pas disparaître pour autant.
"Le public veut un jeu passionnant, rapide et agressif et les footballeurs veulent gagner", résume Hennig.