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© AFP/Christophe Simon
Le secrétaire général de la Fifa Jérome Valcke (à gauche) lors d'un entretien avec Philippe Grélard de l'AFP le 5 décembre 2013 à Costa do Sauipe
Devant la flambée des prix en vue du Mondial-2014, la Fifa en discute avec le gouvernement brésilien, qui "a le pouvoir d'appeler au bon sens", a expliqué jeudi Jérôme Valcke, secrétaire général de l'instance mondiale du football, dans un entretien exclusif à l'AFP.
Q: Il y a un an, vous aviez parlé de +Fifa-Samba, plus souple+, et aujourd'hui que diriez-vous ?
R: "On ne peut pas nous accuser de ne pas faire preuve de flexibilité face à un certain nombre de stades qui ne sont pas prêts dans les délais annoncés. C'est peut être une image un peu stupide, mais quand on vous donne un verre à moitié rempli, vous faites avec ce que vous avez dans le verre pour vous assurer que ça fonctionne. Ca ne met pas en risque l'organisation de la Coupe du monde. Ca rend parfois notre travail un peu plus compliqué. Vous n'avez pas 100% de sentiment de sécurité. J'ai lu que le ministre des Sports Aldo Rebelo avait dit, +c'est comme quand la mariée arrive en retard, mais que le mariage a toujours lieu+. Je vais reprendre ses propos."
Q: Est-ce que vous avez senti ces dernières semaines que les retards allaient s'accumuler ?
R: "Le fait que ce ne soit pas prêt le 31 décembre mais le 15 janvier, ce n'est pas fondamentalement un problème, c'était plus un principe. Mais que ce ne soit pas le 15 janvier mais le 15 mars, c'est plus un problème. Ca vous laisse moins de temps pour assurer que ça fonctionne. On a senti que ça serait un peu repoussé."
Q: Sao Paulo, le stade d'ouverture prêt mi-avril, c'est un coup dur ?
R: "Par rapport à ce qu'a dit le président (de la Fifa) Joseph Blatter, pour être précis, le rapport que nous avons est très préliminaire. Mi-avril ou fin avril, c'est une date pour organiser un premier évènement test avec 33% de la capacité du stade. Si c'est le cas, ça fonctionne, on organisera le match d'ouverture à Sao Paulo. Mais on arrive à la limite. C'est comme si votre voiture n'a pas passé les 50 km de test du constructeur, il vous manque cette partie là."
Q: Avec le recul, comment avez vous vécu le mouvement de protestation de l'été dernier
R: "On a tous vécu ce mouvement comme une grande surprise, mais pas que nous la Fifa, mais aussi les autorités, le gouvernement. A la Fifa, on l'a vécu comme une situation compliquée, qui pouvait mettre en risque l'organisation de la Coupe des Confédérations. Manifester, c'est un droit. En France, la manifestation ce n'est pas une fois par an, si ce n'est quotidien c'est plusieurs fois semaine. J'ai d'ailleurs lu que les polices françaises ont été appelées pour entraîner les forces de police brésiliennes. On sait qu'il peut y en avoir encore. Mais deux groupes ont vécu ensemble. Un était dans la rue, l'autre prenait le temps d'aller au match. Les deux ne se sont pas agressés, se sont laissés vivre. Pour la Coupe du monde, dans un pays de foot, le Brésil, qui pour la seconde fois après 64 ans a l'opportunité d'être champion du monde à domicile, j'imagine qu'il y aura un soutien national. Ca ne signifiera pas qu'il n'y aura pas de mouvement (de protestation), mais qu'il y aura un soutien. Je ne parle pas de soutien à la Fifa, mais à l'organisation de la Coupe du monde."
Q: Avez-vous peur d'une flambée des prix et quelles sont vos marges de manoeuvre pour en discuter avec le gouvernement ?
R: "Il y a une flambée des prix, on le voit, partout, comme ce fut le cas en Afrique du Sud pour le Mondial-2010. Le gouvernement a un pouvoir pour les entreprises publiques mais pas réellement pour les entreprises privées. Il a le pouvoir d'appeler au bon sens, à la raison et éviter que le pays soit critiqué. C'est une discussion que nous avons avec le gouvernement. Oui, les prix peuvent être un peu plus élevés mais dans une mesure raisonnable. Il y a des prix de vols intérieurs qui dépassent l'entendement. Le gouvernement a le même souci que nous. On doit assurer que le pays offrira à tous les moyens de se déplacer, à tous les moyens de se loger. Ma plus grande préoccupation est d'assurer que le fan de foot, qui est le plus important pour nous, puisse arriver au Brésil dans les meilleures conditions, se déplacer dans un pays de la taille d'un continent et suivre son équipe. Qu'il suive une Coupe du monde normale, pas une Coupe du monde qui serait réservée à une minorité par la faute d'entreprises pratiquant des prix trop élevés."