Happy Birthday : |
Le football allemand s'est enfoncé mardi au plus haut niveau dans la crise avec des perquisitions du siège de la Fédération (DFB) et des domiciles de son patron et deux ex-responsables, dont les explications sur un scandale présumé autour du Mondial-2006 peinent à convaincre.
Ces perquisitions conduites par une cinquantaine d'agents du fisc et du parquet visent à établir s'il y a eu fraude fiscale. Elles ne portent pas sur de possibles faits de corruption ou d'abus de bien social, comme initialement envisagé par la justice. Ces chefs-là sont en effet prescrits, a indiqué Nadja Niesen, porte-parole du Parquet de Francfort.
Au centre des questions, le versement controversé de 6,7 millions d'euros qui aurait transité entre le patron d'Adidas d'alors, Robert Louis-Dreyfus, des instances de la Fifa et la DFB.
Ce n'est cependant pas la DFB qui fait pas figure d'accusée mais "trois personnes physiques" qui ont vu aussi débarquer les enquêteurs chez eux: "le président de la Fédération, l'un de ses anciens présidents et un ancien secrétaire général", a dit Mme Niesen dans une déclaration à la presse à la mi-journée.
Le parquet n'a pas donné leurs noms pour des raisons légales, mais les trois hommes au coeur du scandale sont bien le président de la DFB, Wolfgang Niersbach, son prédécesseur Theo Zwanziger et l'ex-secrétaire général de la Fédération Horst Schmidt.
- Fraude fiscale? -
Ils sont soupçonnés de "fraude fiscale aggravée" pour avoir "soumis dans leurs responsabilités antérieures des déclarations d'impôts inexactes", selon Mme Niesen, des faits passibles de "six mois à dix ans de détention".
A en croire Wolfgang Niersbach, les 6,7 millions d'euros qui intéressent le parquet ont été versés à la Fifa en 2002, par l'intermédiaire du désormais défunt Robert Louis-Dreyfus, pour s'assurer d'une subvention pour l'organisation du Mondial 2006.
Par la suite, selon la presse allemande, Louis-Dreyfus aurait été remboursé en 2005 de manière détournée par la DFB au titre d'une contribution à un programme "culturel" de la Fifa.
C'est ce dernier versement qui intéresse le parquet allemand pour qui les fonds ont été "effectivement utilisés à d'autres fins" et n'étaient pas "déductible" des impôts.
Le parquet a jugé la DFB "coopérative" et la fédération a dit dans un communiqué soutenir "totalement les investigations".
L'affaire avait été révélée mi-octobre par le magazine allemand Der Spiegel, qui évoque des soupçons de caisse noire pour acheter des voix lors de la décision, prise en 2000, d'attribuer le Mondial-2006 à l'Allemagne.
Pour M. Niersbach, l'organisation de la compétition n'a pas été achetée. En revanche, les fonds ont été versés, via le patron d'Adidas, à la commission financière de la Fifa pour obtenir la subvention.
- La Fifa rejette la version Niersbach -
Mais les déclarations embrouillées de l'ex-membre du comité d'organisation n'ont convaincu personne, d'autant que la Fifa a rejeté en bloc ces affirmations.
Il a par ailleurs entraîné dans l'affaire le patron de la Fifa Joseph Blatter et la légende du foot allemand, Franz Beckenbauer, révélant qu'ils avaient eu un "entretien en tête-à-tête" en janvier 2002 sur la question de la subvention de 170 millions d'euros (250 millions de francs suisses).
Franz Beckenbauer a reconnu du bout des lèvres avoir commis une "erreur" pour obtenir la subvention, sans pour autant revenir sur les faits qui entachent le "conte d'été" de cette Coupe du monde 2006, comme on la surnomme en Allemagne où elle a laissé un souvenir très positif et encore vivace.
Enfin, l'ancien président de la DFB Theo Zwanziger, visé dans les poursuites et qui traite M. Niersbach de menteur, a mis en avant une autre version.
Il affirme tenir de Horst Schmidt que les 6,7 millions d'euros ont été versés à un membre du comité exécutif de la Fifa, Mohammed Bin Hammam. Ancien président de la Confédération asiatique (AFC), ce dernier est aujourd'hui radié à vie pour une affaire de corruption.
M. Zwanziger , qui a en grande partie nourri les accusation du Spiegel, a salué mardi les perquisitions: "Je suis content que cela se passe ainsi, c'est mieux que si c'était une commission d'enquête ou des gens liés à la DFB", a-t-il dit au SID, filiale d'information sportive de l'AFP.
"Je ne suis pas inquiet (...) je sais que j'ai dit la vérité", a-t-il ajouté.