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Le milieu vedette du Real Madrid Luka Modric
monte vers la salle d'audience pour le procès du controversé Zdravko Mamic, le 13 juin 2017 à Osijek
Luka Modric , visiblement moins à son aise à la barre qu'en chef d'orchestre du milieu du Real Madrid, a témoigné mardi dans un procès pour corruption qui ébranle le football croate.
Sans cacher sa gêne, Luka Modric , âgé de 31 ans, a déposé devant le tribunal d'Osijek (est) au procès de Zdravko Mamic, 57 ans, considéré comme l'homme qui dans l'ombre tire les ficelles du football croate.
L'ancien patron du Dinamo Zagreb est soupçonné d'avoir détourné avec ses complices présumés 15,6 millions d'euros, notamment lors de transferts frauduleux. Tout en flouant le fisc d'1,6 million d'euros.
Si un inspecteur des impôts et un dirigent de la Fédération (HNS), Damir Vrbanovic, sont également jugés, les gros bénéficiaires de ces détournements seraient Zdravko et son frère entraîneur Zoran, à hauteur de 12 millions d'euros.
Luka Modric s'est dirigé, sans faire de commentaire, ni échanger le moindre regard avec les accusés, vers à la barre des témoins pour évoquer son transfert du Dinamo au club londonien de Tottenham, en 2008. Il avait quitté l'Angleterre pour le Real Madrid en 2012.
"Je suis allé à Tottenham pour environ 21 millions d'euros et j'ai reçu une partie de l'argent de ce transfert", en vertu d'un accord avec le Dinamo prévoyant le partage moitié-moitié des gains, a dit Modric aux juges.
"Lorsque de l'argent de Tottenham arrivait sur le compte du Dinamo, j'en recevais la moitié", a-t-il poursuivi. Par la suite, Modric prélevait cet argent et en donnait, à son tour, la moitié environ à Zdravko Mamic en vertu, a-t-il affirmé, d'un accord individuel entre lui et son ancien patron.
Apparaissant nerveux tout au long de son témoignage, Luka Modric a précisé qu'il n'avait pas donné l'argent personnellement à Zdravko Mamic, mais au fils et frère de ce dernier.
Selon les médias croates, dans son témoignage durant l'enquête, Modric avait expliqué avoir ainsi reversé à la famille Mamic quelque 7 millions d'euros sur les neuf arrivés sur son compte à l'occasion de son transfert.
- Lovren témoigne aussi -
Mercredi, une autre star du football croate, le défenseur de Liverpool Dejan Lovren, 27 ans, doit lui succéder. Cette fois, c'est son transfert du Dinamo à l'Olympique lyonnais en 2010 qui intéresse le juge.
Zdravko Mamic est un personnage redouté et haï dans le football croate. De nombreux supporteurs croates l'accusent d'avoir mis en coupe la Fédération, dont le président, l'ex-attaquant international Davor Suker , ne serait que sa marionnette.
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L'ex-président du Dinamo Zagreb Zdravko Mamic, jugé pour détournement de fonds au palais de justice d'Osijek, le 13 juin 2017
Et à en croire les médias locaux, c'est pour s'assurer de la neutralité des juges que le procès aurait été délocalisé à Osijek, dans l'est: les liens de Zdravko Mamic avec certains magistrats de la capitale seraient trop étroits.
Les audiences qui se tiennent depuis avril du procès sous haute sécurité policière, n'ont pas entamé la superbe de Zdravko Mamic, qui comparaît libre.
Après avoir qualifié le réquisitoire du parquet de "mensonge dégoûtant et répugnant", il a expliqué se sentir comme "une star de Hollywood", les habitants d'Osijek se pressant pour lui serrer la main ou le saluer.
- "Pas toujours parfait" -
Cet homme, qui a reconnu par le passé avoir financé une campagne électorale de la présidente du pays, Kolinda Grabar-Kitarovic, et dénonce un procès "politique", ne mâche pas ses mots, transformant la cour en salle de spectacle.
A l'en croire, les procureurs anti-corruption sont des "menteurs et des manipulateurs". L'un de ces magistrats, Sven Miskovic, a obtenu un renforcement de sa protection après avoir été pris à partie par Zdravko Mamic. "Je ne peux pas être toujours parfait", a commenté l'intéressé.
Mais il affirme n'être "pas un criminel", se décrivant en "créateur d'un Dinamo moderne": "C'est avec mon arrivée au club en 2000 que la lutte contre la corruption a commencé."
Régulièrement présent sur le banc des prévenus à l'inverse des autres accusés, il se fait un plaisir de tapoter des témoins sur l'épaule, en leur expliquant qu'il "les aime comme personne au monde".
Le joueur est immensément populaire en Croatie, autant pour ses talents de footballeur que pour son image d'ancien enfant réfugié de Zadar, dont le talent a éclos sous les bombes pendant la guerre, devenu un homme réservé et sans histoire.
Le football croate est riche de nombreux talents qui en font désormais une sélection redoutée. Mais il est malade d'infrastructures délabrées, de la corruption et de la violence de ses hooligans, comme lors de l'Euro-2016 en France.