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© AFP/Fabrice Coffrini
Le footballeur italien Gennaro Gattuso
lors d'un match amical entre le FC Sion et l'Olympique de Marseille, le 8 juillet 2012 à Sion
Quatre arrestations, une trentaine de matches de première division italienne concernés et un grand nom entendu dans l'enquête, Gennaro Gattuso : l'affaire des matches truqués du "Calcioscommesse" a connu un nouveau rebond spectaculaire mardi.
La police italienne a arrêté quatre personnes et perquisitionné plusieurs domiciles, notamment celui de "Rino" Gattuso, champion du monde 2006 à la retraite depuis cette saison.
Le joueur doit être interrogé pour ses relations avec une des quatre personnes arrêtées mardi, Francesco Bazzani.
"Pour 30 matches de Serie A (1re div. italienne) il y a eu des contacts entre +Civ+ (le surnom de Bazzani) et des joueurs ou dirigeants", a expliqué le procureur de Crémone, Roberto Di Martino, lors d'une conférence de presse.
Le Parquet de Crémone est à l'origine du premier coup de filet du Calcioscommesse, le 9 juin 2011, qui empoisonne depuis deux ans et demi le football italien.
Ce nouveau volet de l'enquête étudie également de nombreux matches suspects dans les divisions inférieures italiennes, pour des contacts joueurs-parieurs avant les rencontres.
Quatre personnes interpelées
Les quatre personnes interpellées mardi matin, Salvatore Spadaro, Francesco Bazzani, Cosimo Rinci et Fabio Quadri, auraient servi de lien entre le monde des paris clandestins et les footballeurs, selon les enquêteurs.
Spadaro serait lié au groupe dit "des Bolognais", en relation avec l'ex-international "Beppe" Signori, arrêté en 2010 lors du premier coup de filet du Calcioscommesse.
Bazzani, dit "Civ", serait également lié à Signori mais aussi à Almir Gegic, un des chefs d'un autre groupe organisateur de matches truqués, celui dit "des gitans". Gegic, ex-joueur serbe à passeports turc et slovaque, s'est rendu l'an dernier à la police italienne après un an de fuite.
Rinci, président du club de foot de Riccione, est lié à Spadaro, et Quadri est considéré comme le factotum du même Spadaro.
Gattuso, champion du monde 2006 avec l'Italie, est quant à lui soupçonné d'"association de malfaiteurs à des fins de fraude sportive". Entraîneur de Palerme (2e div. italienne) depuis l'été, l'ex-joueur de l'AC Milan a été remercié après quelques matches.
Le procureur Di Martino cite notamment le match Chievo Vérone-Milan du 20 février 2011, où l'étude des téléphones portables fait état de contacts entre Gattuso et Bazzani-Civ.
Gattuso "énervé et offensé"
"Je suis énervé et offensé", a répondu Gattuso. Je vais tout éclaircir, je ne veux pas de tache sur ma carrière. Je n'ai jamais parié de ma vie".
"+Rino+ tombe des nues, avait dit plus tôt son agent, Andrea D'Amico. Il attend de comprendre. Les avocats sont en contacts avec le Parquet."
D'autres joueurs font également l'objet d'une enquête depuis mardi, dont l'ex-joueur de la Lazio Cristian Brocchi.
Son agent, Davide Lippi, affirme que "Cristian est serein. Sous enquête ne signifie pas coupable ni condamné, nous sommes prêts à défendre son image, en attendant que la justice fasse son travail. J'invite tout le monde à ne pas juger trop hâtivement, pour le moment il n'y a rien de grave, juste des demandes de billets (pour les matches) de la part de certaines personnes".
Cette nouvelle opération "s'insère dans un contexte plus large de nouvelles enquêtes", a expliqué le directeur du service central d'opérations de la police, Raffaele Grassi.
C'est la troisième intervention du Parquet de Crémone, dans le cadre des opérations baptisées "Last bet 1" (dernier pari) et "Last bet 2" "qui ont déjà permis d'arrêter 54 personnes et de placer plus de 120 personnes sous enquête", a ajouté M. Grassi.
"Je ne suis pas opinioniste, a conclu le procureur Di Martino, je ne peux pas me mettre à pontifier, mais c'est un état de fait que malgré les arrestations et les enquêtes, une bonne partie de ces personnages continuent à faire ce qu'ils faisaient (truquer des matches pour parier dessus, ndlr). Il n'y a certes pas eu de grandes réactions en Italie vu que tout continue comme avant".