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La commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) a frappé fort mardi dans l'affaire des matches présumés truqués de Ligue 2 en ordonnant la rétrogradation d'une division à l'issue de cette saison du Nîmes Olympique, au centre de l'accusation.
Le club gardois, qui a dans la foulée fait appel (suspensif) de la sanction, concentre à lui seul l'essentiel des décisions prononcées.
Outre la descente du club, actuellement huitième de L2, cinq personnes ont également payé le prix fort. En premier lieu, les dirigeants nîmois au moment des faits (la saison 2013-14), Serge Kasparian (alors actionnaire principal) et Jean-Marc Conrad (alors président), qui ont respectivement écopé de dix ans d'interdiction de licence et de sept ans d'interdiction de fonction officielle.
Franck Toutoundjian et Michel Moulin, soupçonnés d'avoir servi d'intermédiaires, sont eux interdits de toute fonction officielle et de licence pour deux et un an.
Mohamed Regragui (coach mental de Nîmes à l'époque des faits) a de son côté été sanctionné d'un an d'interdiction de toute fonction officielle, dont six mois avec sursis.
La Commission de discipline n'a en revanche retenu aucune charge à l'égard du président de Caen Jean-François Fortin. Le match Caen-Nîmes du 13 mai 2014 concentrait pourtant l'essentiel des accusations mais M. Deneux a expliqué que M. Fortin "avait été simplement informé par l'un des salariés du club qu'un contact avait été pris par le Nîmes Olympique" et qu'il avait "mis un terme à la discussion et décidé qu'il était inenvisageable de donner la moindre suite à cette affaire".
- Nîmes va 'se battre jusqu'au bout' -
A l'issue de deux jours d'auditions d'une cinquantaine de personnes, la commission a pu constater que quatre matches "ont fait l'objet d'approches, de contacts, qui peuvent être qualifiés de tentatives d'arrangement": CA Bastia-Nîmes, Dijon-Nîmes, Caen-Nîmes, Créteil-Nîmes.
Elle a estimé qu'"en raison du refus de donner la moindre suite à des appels et à ces approches, aucun de ces quatre matches ne peut être considéré comme avoir été arrangé ou truqué".
Cependant, ces faits constituent une "violation caractérisée et gravissime à la morale et à l'équité sportive", a ajouté M. Deneux, justifiant ainsi les sanctions de Jean-Marc Conrad et Serge Kasparian.
L'intention elle-même étant répréhensible, la responsabilité est jugée collective pour le club nîmois, d'où la rétrogradation prononcée à l'encontre des Crocodiles.
Tout de suite après l'annonce de la Ligue, Nîmes a fait part de sa colère.
"Je suis abasourdi. C'est anormal. C'est une grande tristesse. Il va falloir retrouver les forces pour combattre ce coup du sort injuste, mais on va se battre jusqu'au bout et faire appel de cette décision", a lâché le président actuel Christian Perdrier au cours d'une conférence de presse, annonçant son intention de faire appel.
- Mises en examen -
Cette affaire, qui réveille le spectre du scandale VA-OM en 1993 conclue aussi par la rétrogradation de Marseille en L2, a été révélée par Le Canard enchaîné et remonte à la fin de la saison dernière. Le club de Nîmes, qui luttait pour son maintien en L2, est suspecté d'avoir fait pression et/ou proposé des arrangements à d'autres clubs.
Des écoutes téléphoniques, confirmées à l'AFP de source policière et dont Le Canard Enchaîné avait publié des retranscriptions, nourrissent les soupçons des enquêteurs.
Selon Le Canard, après le match Caen-Nîmes, le président gardois avait "fait déposer à la porte du vestiaire 24 cartons de 12 bouteilles de vin".
Six personnes restent mises en examen pour corruption dans cette affaire parmi lesquelles, Jean-Marc Conrad, Serge Kasparian et Jean-François Fortin.
"On peut imaginer que si à l'occasion de la procédure pénale il était révélé que d'autres matches que ceux examinés par la commission ont fait l'objet de mêmes tentatives d'approche et d'arrangement, une procédure disciplinaire pourrait également être ouverte. Mais a priori, la commission n'a pas à juger une seconde fois les dossiers qu'elle vient de juger", a précisé le président de la commission de discipline de la LFP.