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Le directeur d'Europol Rob Wainwright (au centre) lors d'une conférence de presse à La Haye aux Pays-Bas, le 4 février 2013
Les révélations d'Europol selon lesquelles un cartel criminel impliqué dans un vaste trafic de matches de football truqués était basé à Singapour mettent à mal la réputation de la cité-Etat, classée parmi les pays les moins corrompus au monde.
Dévoilée lundi, l'enquête d'Europol, "d'une ampleur sans précédent", a mis au jour l'existence de plusieurs centaines de matches truqués à travers le monde, dont des rencontres de Ligue des champions.
A la tête de ces opérations de trucages répertoriées à partir de 2008 et liées à des paris sportifs, un cartel criminel basé à Singapour, qui a réalisé plus de 8 millions d'euros de bénéfices, selon l'agence communautaire.
"Cette affaire pourrait endommager gravement la réputation mondiale de Singapour, de place financière de l'Asie sûre et intègre", estime Jonathan Galaviz, directeur du cabinet de consultants américain Galaviz & Co, qui suit l'industrie des paris sportifs en Asie.
"Les responsables politiques de Singapour doivent se demander s'ils ont dédié suffisamment de ressources à la surveillance et à la mise en oeuvre des lois réprimant les paris illégaux et la corruption dans le sport", ajoute-t-il auprès de l'AFP.
Selon l'enquête d'Europol, quelque 380 matches truqués ont été identifiés, principalement en Europe, dans lesquels environ 425 arbitres, dirigeants de clubs et joueurs, notamment, sont impliqués.
© AFP/Fabrice Coffrini
Le trophée de la Ligue des champions au siège de l'UEFA à Nyon, en Suisse, le 20 décembre 2012
Quatorze suspects ont déjà été condamnés, pour un total de 39 ans de prison, mais une centaine d'autres doivent encore comparaître.
En 2011, la justice finlandaise avait condamné à deux ans de prison un Singapourien, Wilson Raj Perumal, pour avoir piloté un réseau de truquage de matches de foot à travers le monde, en achetant des joueurs notamment.
Pour Jonathan Galaviz, avec l'enquête d'Europol, "on va se demander ce que les autorités de Singapour savaient, depuis quand, et pourquoi ce réseau basé à Singapour n'a pas été démantelé avant".
"Ce qui est particulier dans ce cas, c'est que le statut de place financière de Singapour semble avoir été utilisé à des fins frauduleuses, et ça risque d'être très gênant pour pas mal de gens", souligne-t-il.
Neil Humphreys, auteur et journaliste sportif britannique qui vit à Singapour depuis 1996, note la tiédeur de la presse de la cité-Etat à rapporter mardi la conférence de presse tenue la veille par Europol.
"Le sujet n'a pas reçu le même traitement ici que dans d'autres pays où le football est populaire, alors que Singapour serait la base même du réseau de trafiquants présumés", s'étonne-t-il.
L'affaire n'est évoquée qu'en page 3 du Straits Times, le grand quotidien anglophone du pays.
La police n'avait pas officiellement réagi mardi après-midi aux découvertes d'Europol et indiquait réfléchir à la réponse à apporter.
Dans un communiqué, la Fédération singapourienne de football (FAS) indique "étudier avec sérieux les accusations de trucage de matches et de corruption dans le football" et affirme "mettre tout en oeuvre" pour sanctionner ces pratiques. "Le problème des matches truqués n'est pas confiné à l'Asie", se défend-elle aussi.
Singapour, surnommé la Suisse de l'Asie, est classé parmi les pays les moins corrompus au monde par les organisations internationales, telles que Transparency International ou Political and Economic Risk Consultancy.